Chap. 1
Essoufflée et légèrement tremblante, je sors de la salle et respire un bon coup. Puis, je prends la bouteille d’eau qui est dans mon sac et bois lentement une gorgée bien fraiche. Après un tel effort, je mérite au moins ça. C’est alors qu’une jeune fille se jette sur moi et me renverse presque.
- Alors comment ça s’est passé ? me brusque-t-elle.
Je détaille cette grande blonde aux yeux verts, d’une beauté incroyable qui est ma meilleure amie.
- Bien, je dirais, lui réponds-je.
- Ouais, je suis sûre que tu les as épatées et que tu vas être prise pour le rôle.
- On verra, Alice, on verra, fais-je.
- Oh, arrête ! Tu es la meilleure danseuse de la compagnie, me réprimande-t-elle.
- Caroline s’est aussi beaucoup entrainée pour ce rôle, je lui rappelle.
- Oui, mais ce ballet signifie beaucoup pour toi.
- Oui, en effet, je murmure.
- Et puis, il y aura le beau Noah Hemingway qui jouera le rôle du prince, dit Alice d’un air rêveur.
- Ne t’imagine pas des choses, toi. On ne le connait pas.
- Mais les peoples le connaissent.
- Ne croit pas tous ce qu’ils disent, la préviens-je.
- Oui, bah les photos ne mentent pas et il est CANON, fait-elle en articulant bien le dernier mot.
- Et toi alors ? Comment ça s’est passé ? je lui demande à mon tour.
- Bien, j’ai hâte de savoir quel rôle on m’a attribuée, fait-elle toute excitée.
Moi aussi, si elle savait. J’ai travaillé toute ma vie pour un jour faire ce ballet. Casse-noisette. Il représente tant de chose pour moi. Un rêve. Un souvenir. Un être cher. Et j’aimerais tellement être Clara. Mais tous ce que je peux faire maintenant, c’est espéré…
Chap. 2
- Allez, viens Nina, les résultats sont affichés ! me crie presque Alice en m’entrainant dans le couloir jusqu’au tableau d’affichage.
Autour de nous, les gens se pressent près du tableau en cherchant leurs noms, formant ainsi une grosse foule. Nous avons donc du mal à voir, mais au bout d’un moment et d’un travail de coude acharné d’Alice, nous arrivons enfin face à l’affiche. Impatiente, je cherche mon nom et je le trouve rapidement.
Nina Mount : Clara, la fée dragée
Quand je le lis, j’ai tout d’abord l’impression d’être dans un rêve, que ce ne peut être la réalité. Cependant, lorsque les danseurs me félicitent et qu’Alice se met à crier que je suis la nouvelle Clara, mon cœur s’emballe de joie. J’ai atteint mon rêve. Enfin, après toutes ces années. Il suffit juste que je ne le gâche pas.
Revenant peu à peu à moi et me remettant de mes émotions, je cherche le nom de ma meilleure amie.
Alice Reyes : femme arabe
- Oh, c’est merveilleux, tu vas faire la danse arabe, je lui dis en nous éloignant un peu. Qui est ton partenaire ?
- Oui, je ne m’attendais pas à avoir un rôle si important. C’est Josh Evans, me répond-elle.
- Oh, ça va, c’est un très bon danseur et il ne fait pas de chichi, je rigole.
- Oui, il est parfait, mais pas comme ton prince.
- Mon prince ? Oh, arrête s’il te plait ! réplique-je.
- Bah quoi ? Tu vas pouvoir danser avec le meilleur danseur du monde. La compagnie l’a fait venir de Russie pour qu’il fasse ce ballet. Et puis, tu vas pouvoir admirer ses abdos.
- De Russie ? Et puis, comment tu sais ça toi ? fais-je, intriguée
- Parce que, contrairement à toi, je m’intéresse à autre chose qu’à ce ballet, me répond-elle avec un petit sourire narquois. Dis, tu me le présenteras quand même ?
- Pfff, tu es incorrigible ! je lui fais remarquer.
Puis, je lui saisis sa main et l’entraine vers la cafétéria.
Chap. 3
Après mettre lever à l’aube, je me dirige vers la salle principale pour le début des répétitions. Lorsque j’ouvre la porte, je constate que je ne suis pas seule dans la pièce. En effet, un grand jeune homme s’entraine sur le plus merveilleux morceau de musique que j’ai jamais entendu : la variation entre le Prince et la fée Dragée de Casse-noisette, aussi connu sous le nom d’Intrada. Lorsqu’il s’aperçoit de ma présence, il s’arrête, un tantinet gêné.
- Oh, pardon, je ne pensais pas qu’il y aurait quelqu’un, fait-il d’une voix douce.
- Oh non, excuse-moi. Je ne voulais pas t’interrompre, dis-je aussitôt.
Lorsqu’il se tourne vers moi, je découvre des pommettes saillantes, éclairées par des yeux d’un bleu splendide, des cheveux dorés avec des reflets roux selon l’éclairage, et un corps si musclé que mon cœur se ramollit devant ses abdos. Cet homme n’est pas charmant, il est beaucoup plus que ça. Et je ne peux le décrire avec des mots. Toutefois, il me fait de l’effet.
- Tu dois être celle qui interprète Clara, ma partenaire ? me demande-t-il.
- Oui, je m’appelle Nina…
- Nina Mount, m’interrompt-il. Mme Bringers me l’a dit.
- Oh, je vois, fais-je en entendant le nom de la directrice.
- Au fait, je suis Noah Hemingway, se présente-t-il.
- Oui, j’avais deviné, fais-je en souriant.
Puis, la porte s’ouvre sur M. Feggin et Mme Larson, nos professeurs et chorégraphes du spectacle. Ce sont deux danseurs professionnels qui sont tellement passionnés par ce qu’ils font qu’ils éblouissent tous sur leur passage.
- Bien, vous avez fait connaissance, fait Mme Larson de sa voix claire. Passons aux choses sérieuses, maintenant.
- En effet, entre partenaires, la principale chose à retenir est la confiance, continue M. Feggin. Pour cela, vous devrez tout d’abord apprendre à vous connaître, bien sûr en dehors du cours, mais aussi pratiquer régulièrement entre vous. Nous allons donc commencer par des exercices simples basés sur la confiance, puis nous passerons à la pratique de la synchronisation.
C’est alors que nous commençons nos exercices, avec des sourires compatissants et néanmoins complices.
Chap. 4
Deux jours plus tard, après une importante session d’entrainement, Noah m’interpelle avant que je quitte la salle.
- Hey, ça te dirait d’aller boire un coup ? me demande-t-il, gentiment.
- Euh… oui, pourquoi pas, accepte-je devant son sourire à la fois charmeur et attendrissant.
- Cool ! Tu vas pouvoir me parler de toi, dans ce cas, fait-il.
- Je ne suis pas quelqu’un qui se livre facilement, à vrai dire, je lui confie.
- C’est pas grave, au pire je ferais des monologues si tu veux, rigole-t-il.
- Ok, je lui réponds.
Une fois attablée dans un petit restaurant chic, il nous commande deux cafés et prend en plus une salade de fruits.
- Alors, qui es-tu Nina Mount ? me demande-t-il en plongeant son regard éblouissant dans le mien.
- Juste une fille ordinaire, fais-je.
- Ça, je ne le crois pas, réplique-t-il. Sinon, on ne t’aurait pas choisi pour ce rôle.
- Peut-être…
- Oh mais j’en suis sûr ! dit-il. Qu’est ce qui t’a donné envie de faire ce ballet ?
- Tu te transformes en journaliste, maintenant ?
- Eh oui ! J’ai plusieurs atouts dans ma manche, plaisante-t-il.
- Bah, disons que c’est mon ballet préféré…
- Et ? me pousse-t-il.
- Et ça me permet d’avoir une connexion avec ma mère, murmure-je.
- Quel genre de connexion, si je puis me permettre ?
Un long silence s’installe, les mots refusant de sortir de ma bouche. Voyant ma peine, il pose sa main sur la mienne dans un geste rassurant.
- Tu n’es pas obligé de me le dire, tu sais, dit-il avec sa douce voix.
- Si, c’est juste un peu douloureux d’en parler, c’est tout. Et peu de gens sont au courant, j’ajoute précipitamment. Casse-noisette représente tellement pour moi. C’était le dernier ballet que ma mère a fait avant sa mort. Et elle a interprété Clara alors…
- Alors c’est pour ça que tu es si contente d’avoir obtenu ce rôle et que tu appliques les conseils de nos professeurs à la lettre, continue-t-il à ma place.
- Oui, j’aimerais être à la hauteur de ma mère. Elle est morte d’un cancer, fais-je en précédant sa question. C’était une danseuse vraiment talentueuse.
- Je n’en doute pas, fait-il sincèrement.
Il ne dit pas « Je suis désolé » ou « Oh ma pauvre, ça a dû être si dur », il ne montre ni pitié, ni chagrin à mon égard, et je lui en suis reconnaissante. Il n’est pas comme les autres car il sait l’évidence : oui, c’était dur, mais j’ai survécu et cela m’a rendu plus forte ; oui, je n’ai pas besoin de pitié car les gens ne peuvent comprendre ce que l’on ressent dans ces moments que si on l’a vécu. Et mon cœur fond rien qu’à cette constatation.
Chap. 5
Trois heures plus tard, je rentre à la compagnie et suis accueillie par une Alice impatiente de tous détails.
- Tu as intérêt à TOUS me raconter, s’écrie-t-elle.
C’est alors que je lui fais mon petit compte rendu : une conversation plus que charmante avec un homme séduisant qui s’est petit à petit transformée en un diner entre partenaires. Simple mais exquis.
- Alors comme ça, tu le trouves canon ? me demande-t-elle.
- Tu l’as vu, non ? Comment résister à un mec comme ça ?! je réplique.
- T’as pas tort ! acquiesce-t-elle. Et tu vas sortir avec lui ?
- Tu vois, la différence entre toi et moi, c’est que j’attends de connaître le gars avant de sortir avec lui, je déclare.
- Oui et après tu t’étonnes que tu rates ta vie ! rigole-t-elle.
- C’est pas vrai ! rétorque-je. Je suis juste plus prudente, c’est tout.
- Et plus timide, aussi, ajoute-t-elle.
- Ouais et alors ? Ça fait partie de mon charme, je concède. Mais c’est vrai que je l’aime bien. Et je n’avais pas ressenti ça depuis longtemps.
- Alors fonce ! C’est le seul conseil que je peux te donner, maintenant en tout cas, fait Alice avec un gentil sourire.
- Je préfère attendre de voir comment ça évolue, tu sais…
- L’amour est une chose à gérer avec prudence, oui je sais, m’interrompt Alice.
- Oui je suis vieux jeu parfois, et alors ?
Alice ne répond pas mais à la place éclate de rire. Il est tellement communicatif que je me joins à elle. Ça faisait longtemps que je n’avais pas ri comme ça. Et je dois dire que ça fait du bien.
Chap. 6
- Salut, fais-je en entrant dans la salle.
- Salut, me répond Noah avec un sourire éclatant.
- Toi, tu es de bonne humeur, devine-je.
- Oui, ma mère vient me voir de Russie, me raconte-t-il.
- De Russie ? fais-je, abasourdie.
- Oui, c’est son pays d’origine. Elle y est retournée après le divorce, m’explique-t-il.
- Oh, je ne savais pas que tes parents étaient divorcés.
- Ah bon ? C’est marqué partout dans les tabloïds. Et puis, ça ne fait que la troisième fois, dit-il sans être embarrassé le moins du monde.
- Oh, je ne regarde pas trop ce genre de chose, je lui confie.
- T’as bien raison, c’est empli de mensonges, me chuchote-t-il avec un air de conspirateur.
Puis, la porte s’ouvre sous une femme élégante et resplendissante avec sa longue chevelure blonde et sa robe faite sur-mesure.
- Maman, ça me fait plaisir de te voir ! s’exclame Noah en allant vers elle.
- здравствуйте, fais-je en russe pour lui dire bonjour.
- Oh, vous parlez russe, jeune fille, dit-elle.
- Juste les bases, madame, répondis-je.
- C’est très gentil de votre part de m’accueillir ainsi. Mais pardonnez mon impudence, je ne vous ai pas salué. Et appelez-moi Nathalie.
- Oh mais c’est un honneur, madame. Et puis, vous pouvez me tutoyer ou m’appeler Nina.
- Que si vous faite de même, Nina.
- Mes dames, soyons un peu sérieux, s’il vous plait, intervient Noah.
- Tu as une charmante partenaire, Noah, fait Nathalie.
- Je ne peux qu’être d’accord avec toi, maman, dit-il. Ma mère est là pour superviser le spectacle, elle va donc rester une semaine ici, à l’Opéra de Paris, afin de tout mettre en place et reviendra à la fin des préparatifs pour voir si tout se déroule comme il le faut, ajoute-t-il à mon intention.
- C’est génial ! Je suis ravie que vous soyez ici, Nathalie, fais-je ne pouvant m’empêcher de la vouvoyer.
- Bien commençons par voir la chorégraphie du final, dit-elle, s’installant contre le miroir.
Je rejoins Noah au milieu de la salle, puis quand la musique s’élève, nous commençons à danser. Une heure et demie plus tard, nous finissons enfin de travailler cette chorégraphie et je laisse Noah avec sa mère pour aller répéter la première partie avec d’autres danseurs.
Chap. 7
- Hey, je peux te parler une seconde, me fait Noah à la fin de notre répétition.
Il me rattrape par le bras alors que je commençais à sortir. Je me retourne vers lui et lui souris.
- Est-ce que ça te dirait de sortir un jour ? me demande-t-il. Comme aller dans un restaurant ?
- Euh… oui, pourquoi pas, je fais avec une petite voix.
Je suis tellement prise par surprise par cette demande. Je n’arrive pas à croire qu’il me demande ça.
- Parfait ! Ça te dit samedi soir ?
- Hum hum, j’acquiesce.
Puis, il part pendant que je reste scotcher à ma place tellement je suis étonnée. Puis, je sors mon téléphone et appelle Alice. Elle décroche à la troisième sonnerie.
- Alice, tu ne devineras jamais ce qui vient de m’arriver !
- Tu as marché sur le pied de Noah par inadvertance ? me répond celle-ci.
- Quoi ? Non. Il m’a donné rendez-vous, fais-je, en criant à moitié pour exprimer ma joie.
- Non !! Trop bien, je te rejoins tout de suite pour que tu me raconte tout.
Puis elle raccroche et cinq minutes plus tard, elle débarque dans ma salle.
- Comment tu savais que je serais là ? je lui demande.
- Parce que je sais tout, réplique-t-elle en rigolant. Vas-y, raconte.
Je lui raconte donc comment Noah m’a demandé de sortir avec lui et j’ajoute que c’est samedi soir.
- Attend mais c’est dans deux jours, me fait-elle.
- Et alors ?
- Alors faut te trouver une tenue, et faire tes cheveux et tes ongles, la totale quoi !
- Euh j’ai des habits qui feront l’affaire, tu sais.
- Tu veux l’impressionner ? Alors écoute moi.
- D’accord, je capitule.
- Parfait, parce qu’on va faire du shopping, ma belle !
Chap. 8
Portant la belle robe rouge qu’Alice m’a choisie, je me présente au restaurant que Noah a choisi. Il est déjà présent, assis à une table tous seul, portant un smoking qui lui va à ravir.
- Salut, je dis quand je m’approche.
- Sal… Whoa, tu es magnifique Nina, dit-il en me détaillant de la tête au pied.
- Merci, tu n’es pas mal toi aussi, je réponds.
Je m’assois et nous commençons à discuter. La conversation est si simple avec lui. Elle ne s’interrompt que pour commander et lorsque nous recevons nos plats.
J’apprends beaucoup de choses sur Noah, comme le fait qu’il a un grand frère, qui est parti étudier la médecine en Suisse.
- Mais tu ne dois pas le voir souvent, je fais.
- Non, mais on est proche. On s’appelle souvent. Et puis, il a fait sa vie. Je vais les voir, lui et sa femme, tous les étés.
- Et ton père ? je demande.
- Je ne le connais pas vraiment, il est mort quand j’avais cinq ans d’un cancer des poumons.
- Je ne sais pas si c’est pire de connaitre la personne ou non dans ces moments-là, je lui avoue.
- Je pense que c’est pire. J’ai fait mon deuil sur une image de mon père, pas sa vraie personne. Pas comme toi. Et toi, ton père ?
- C’est un vrai gentleman. On a eu un moment dure quand maman est morte, mais il essaie de la remplacer comme il le faut, et il m’a aidé à chasser mes rêves de danseuse.
- J’aimerais le rencontrer, me dit Noah, me prenant par surprise.
- Oh, il viendra à la représentation, je lance.
- Je n’en attendais pas moins de lui, dit-il en rigolant.
Puis, nous continuons la discussion jusqu’à la fin du repas et même au-delà, puisqu’il décide de me ramener. Une fois arrivée, je ne sais plus quoi dire.
- J’ai passé une bonne soirée, me dit Noah.
- Moi aussi et merci de m’avoir ramené.
- Pas de problème.
Puis le silence tombe. Je ne sais pas quoi faire : dois-je attendre ou dois-je rentrer chez moi ?
Heureusement que j’ai eu ce moment d’hésitation car Noah se penche, prend ma joue dans sa main et pose ses lèvres sur les miennes. Ce baiser me donne des frissons dans tout le corps. Puis, quelques secondes plus tard, Noah le rompt.
- Bonne nuit, me dit-il.
- Hum, hum, je fais, incapable de parler.
Et je le regarde partir tandis que je reste plantée sur le seuil de la porte, une main sur mes lèvres.
Chap. 9
- Je n’arrive toujours pas à y croire, me dit Alice.
- Il est hors de question que je te le répète encore, Alice, je t’ai tout raconté hier, deux fois, pendant 1h30, je réplique.
- Oui, mais c’est de Noah dont on parle, rétorque-t-elle.
- Tu es incorrigible !
- Et c’est pour ça que tu m’aimes.
Puis, comme nous étions arrivées dans la salle, nous commençons à nous échauffer par des petits exercices. C’est alors que Noah arrive, et je vois Alice sourire à pleine dent.
Le cours débute. Nous commençons par les échauffements à la barre, puis au milieu pour enfin faire une petite pause et finissons par répéter le ballet. Aujourd’hui nous travaillons le deuxième acte. A la fin de la journée, je suis épuisée.
- Nina, me fait Noah en m’attrapant à la porte, je me demandais si tu ne voulais pas ressortir un autre jour ?
- Oui, tu voudrais que ce soit quand ?
- Cela te convient juste avant la pause de Noel ?
La pause de Noel, c’est à dire, les trois jours de congé que nous avons juste avant le spectacle pour profiter de Noel avec notre famille.
- Oui, j’accepte. J’imagine que tu vas aller en Russie pour les fêtes.
- Oui et après je reviens avec ma mère.
- Tu viens Nina, me crie Alice de loin.
- Bon, je dois y aller.
- Oui, on se tient au courant.
Puis, je pars rejoindre Alice. Étant toutes les deux fatiguées, nous avions prévu de boire un chocolat chaud en regardant un film.
- Que voulais Mister Beau Gosse, me demande Alice dès que j’arrive près d’elle.
- M’inviter à sortir, je lui dis.
- Oh, quand ça ?
- Dans cinq jours, avant la pause de Noel.
- Trop romantique, lance Alice. Allez, viens, il fait froid et j’ai envie de mon chocolat chaud.
- On irait plus vite si tu arrêtais de poser des questions.
- Alors là tu rêves !
Chap. 10
Après des répétitions toujours plus intenses, nous sommes tous soulagés quand on nous annonce qu’on peut partir pour la pause de Noel. Cette semaine, nous avons commencé à répéter au théâtre, ce qui change beaucoup de choses. Le premier jour, nous avons commencé par nous concentrer sur les allées et venues des coulisses afin de ne pas nous gêner entre danseurs. Et les jours d’après, nous nous sommes concentrés sur le ressentit qu’on devait dégager pour les spectateurs et la mise en place des lumières. Pour Noah et moi, la lumière était assez simple, nous étions presque tout le temps sous la poursuite.
Je rentre donc chez moi, accompagnée d’Alice, qui vivait presque ici tellement elle passait de temps dans ma chambre, et commence à me préparer pour mon rendez-vous avec Noah.
Alice s’occupe de mon maquillage et de ma coiffure, tandis que je me détends et papote de tout et de rien avec elle.
Je me sens un peu nerveuse, même si je sais que je ne devrais pas. Mais après tout, Noah est tellement beau et je dois bien avouer qu’il fait chavirer mon cœur.
- Voilà, terminer, me dit Alice au bout d’une heure environ.
- J’adore, merci.
- On passe à la robe.
J’avais choisi une robe blanche en dentelle manche longue que j’avais déniché dans le placard où mon père et moi avions déposé les affaires de ma mère.
- Whaou, Nina, elle est magnifique, me dit Alice. Il va complètement craquer, j’en suis sure.
Une fois enfilée, je vais admirer le travail dans le miroir de ma chambre.
- Tu es splendide, Nina, me fait Alice.
- Je confirme, fait mon père qui est à l’entrebâillement de la porte. Comme tu ressembles tellement à ta mère dans cette robe.
- Merci papa, je fais en allant l’embrasser. Et merci à toi aussi, Alice.
- Une meilleure amie, c’est fait pour ça, me répond-elle.
- Bon, il vaudrait mieux qu’on la laisse y aller, nous dit mon père.
- Amuse-toi bien, me dit Alice.
- J’y compte bien, je lui réponds.
- Et je veux un compte rendu, dit-elle le plus sérieusement du monde.
- J’aurais été étonné du contraire, fais-je en partant.
Chap. 11
Quand j’arrive au point de rendez-vous, Noah est déjà là. Mais, quelques secondes plus tard, j’aperçois qu’il n’est pas seul. Une jeune femme est là avec lui. Ils sont en pleine conversation et je ne sais plus quoi faire. Dois-je leur laisser un peu d’intimité ou dois-je au contraire m’approcher et me présenter ?
J’attends un peu, étant en avance sur l’heure du rendez-vous, mais je ne peux m’empêcher de les observer.
La jeune fille est grande, avec de longs cheveux blonds, et élancée. Je dois bien reconnaitre qu’elle est très belle. Je la vois rigoler avec Noah et je sens un pincement au cœur quand je vois le lui répondre par un sourire. Ils ont l’air proche, plus proche que je ne le suis avec Noah. Je décide donc d’approcher mais quelque chose m’en empêche. Je me fige sur place quand je vois la fille embrasser Noah, dans un baiser qui a l’air passionné. Mon cœur se brise légèrement en voyant ça, et je retrouve ma motricité. Je pars du restaurant, les larmes aux yeux, me sentant vide.
Une fois que j’arrive chez moi, mes larmes ont séché et j’appelle Alice. Elle n’a pas besoin de savoir si je vais bien ou non, elle le détecte à ma voix. En attendant qu’elle arrive, je reçois des appels répétés de Noah auxquels je ne réponds pas. A la place, j’éteins mon téléphone et le range dans un tiroir de mon bureau.
Puis, Alice arrive et je lui déballe tout, les larmes dévalant encore une fois mes joues. Et nous nous endormons dans les bras l’une de l’autre, mes pensées toujours dirigées vers Noah.
Chap. 12
Je passe les trois jours suivants à éviter de penser à Noah en me concentrant à fêter Noël avec mon père. Il a invité sa sœur et ses enfants. Ce fut un Noël amusant, même si je n’avais pas le cœur à faire la fête et qu’il se déroulait huit jours avant le jour J. Nous avons mangé un délicieux repas préparé par mon père et avons reçu nos cadeaux à l’avance.
Un soir, alors que j’étais devant un film, mon père vient me voir.
- Comment ça va, ma chérie ?
- Bien et toi ? Merci pour les cadeaux.
- Je vois bien que tu ne vois pas bien, tu n’as pas besoin de mentir. Que se passe-t-il ? Est-ce que ça a un rapport avec le ballet ?
- Non, non, j’ai juste été déçu par quelqu’un mais ça va s’arranger papa, ne t’inquiète pas. Les préparations pour le ballet se déroule à merveille, j’ai hâte que tu viennes le voir.
- D’accord, me répond-il. J’ai hâte d’y être tu sais, fait-il pour changer de sujet, et je lui en suis reconnaissante, pour te voir au même rôle que ta mère. Je suis si fière de toi, Nina. J’ai toujours été fière de toi.
- Merci, papa, je dis en allant l’embrasser. Merci beaucoup.
- Tu devrais aller te reposer, les prochains jours vont être durs.
- Oui, je finis le film et j’y vais. C’est bientôt la fin.
- Bonne nuit alors.
- Bonne nuit.
Chap. 13
De retour aux répétitions, je fais mon possible pour éviter Noah, même si cette mission est presque impossible. Rectification, elle est impossible, étant donné que c’est mon partenaire de danse. Alice essaie autant qu’elle peut de rester avec moi dans ce moment difficile. C’est alors que je le vois et je me remémore le moment au restaurant. La tristesse revient et je lutte pour ne pas pleurer, surtout devant lui. Je ne veux pas qu’il sache qu’il m’a atteint.
- Nina, commence-t-il.
- Madame Larson, j’aimerais des précisions sur un pas, s’il vous plait, je le coupe en me dirigeant vers ma professeure de danse.
Malgré tout, cette diversion est de courte durée, car nous commençons à répéter. Heureusement, il n’a pas le temps de me parler, et je profite de la situation.
- Nina, fait-il à la fin de la journée en essayant de me rattraper, attends.
Mais je fais la sourd oreille et me dépêche de rejoindre Alice.
- Comment ça a été ? me demande-t-elle.
- Ça va, mais je pense pas que je vais pouvoir faire ça tous les jours jusqu’au spectacle, c’est trop dur.
- Oui, c’est normal.
Le lendemain pourtant, je fais la même chose. Mais cette fois-ci, les professeurs s’en rendent compte.
- Arrêtez, arrêtez ! nous dit M. Feggin. Ça ne va pas. Qu’est ce qui se passe entre vous ? Vous ne dansez plus comme avant. Vous n’avez plus cette complicité, cette confiance qui vous permet de danser ensemble. Maintenant, vous faites tout de travers, vous n’êtes pas en synchronisation. Réglez vos problèmes maintenant, ajoute-t-il avant de partir, suivie de Mme Larson.
- Nina, que se passe-t-il ? me demande Noah. Je ne comprends pas pourquoi tu m’évites. Tu ne veux pas me parler, ni me répondre au téléphone. Dis-moi ce qui ne vas pas, fait-il en s’approchant et en tendant sa main vers la mienne.
- Ne me touche pas, je réplique. Tu n’as pas le droit de me demander ça. Pas après ce que tu as fait avec cette fille.
Et je pars à mon tour, n’écoutant pas Noah, qui derrière moi, s’obstine à crier mon nom.
Chap. 14
Le lendemain, je n’ai pas autant de chance. Dès que j’arrive, après avoir passé la porte du théâtre, je sens une main se refermer sur mon bras et m’emporter dans une salle.
- Tu m’as vu avec Barbara, c’est pour ça que tu me réponds pas, fait-il un tantinet hors de lui.
- Si c’est bien son prénom, alors oui, je rétorque.
- Je ne vois pas en quoi voir une amie te dérange, réplique-t-il.
- Une amie ? Tu étais en train de l’embrasser, je m’écrie.
- Ah, tu as aussi vu ça, dit-il à la fois triste et gêné.
- Oui, j’ai aussi vu ça, je fais en lui souriant méchamment.
- Mais c’est rien, elle et moi c’est fini depuis longtemps, mais elle s’acharne à vouloir me récupérer, se justifie-t-il.
- Oui, c’est très convaincant !
- Je t’assure, je ne l’ai jamais vraiment aimé, elle et moi on s’est mis ensemble pour la publicité, c’était à une époque où je faisais n’importe quoi, mais j’ai changé, et je m’en fous d’elle.
- Oui, comme tu te fous de moi !
- Tu le crois vraiment ? Est-ce que je ferais tout ça si je me foutais de toi ?
Je vois la sincérité dans ses yeux, alors je décide de ne pas répondre. Ces révélations changent un peu la vision que j’avais des évènements. Mais je ne sais pas si je peux encore lui donner ma confiance.
- Écoute, je sais bien que ça t’a blessé, je le vois, dit-il quand il me remarque secouant la tête. Mais le truc, c’est que…
- C’est que quoi ? je demande quand je vois qu’il n’ose pas répondre.
- C’est que… j’ai jamais aimé quelqu’un autant que je t’aime, avoue-t-il.
A ce moment, je perds la parole. Je ne m’attendais pas à ça. Je ne pensais pas qu’il était du genre à tomber amoureux aussi vite et surtout de moi. Lui qui peut avoir toutes les filles du monde. Mais je vois à sa tête qu’il le pense vraiment. Qu’il dit la vérité, qu’il ne m’a jamais menti depuis qu’on se connait. Alors je ne doute pas de lui, et surtout pas de ses sentiments pour moi.
Pour lui répondre à ma manière, je m’approche de Noah et l’embrasse passionnément. Il réagit en mettant ses bras autour de ma taille et en me serrant contre lui, comme pour me montrer que je lui avais manqué. Et je sens tout son amour dans cette embrassade.
Nous sommes interrompus par Alice, qui arrive en trombe dans la salle.
- Euh, désolée de vous déranger, mais on vous cherche partout. La répétition a commencé, fait-elle en m’interrogeant du regard.
« Tout va bien » je lui transmets avec mes yeux. Et je le pense sincèrement.
Chap. 15
- Oh mon dieu, la salle est presque pleine, je dis à Noah en regardant par l’interstice du rideau.
- Détends-toi ! me rassure-t-il, en posant ses lèvres sur les miennes. Tout va bien se passer, on est ensemble.
- Oui, oui, je sais. Je devrais être habituée depuis le temps, je souffle.
- Mais aujourd’hui est un jour spécial pour toi, alors tu as le droit de l’être. Tu accomplis enfin ton rêve, c’est normal d’être stressée.
- J’ai peur, j’avoue.
- Tu ne devrais pas, tu es merveilleuse, tu danses admirablement. Et puis tu le connais par cœur ce ballet, me fait-il. Ne t’inquiète pas et respire.
Et je fais ce qu’il dit. Je respire et je me sens mieux tout à coup. Et le fait que je ne sois pas seul me soulage énormément.
Puis, quand la représentation commence, je ne fais que danser, pas après pas, écoutant la musique vibrant dans mon corps. Et je ne pense rien à d’autre. J’ai l’impression d’être Clara, d’être son personnage, de voir les choses de son point de vue. Je sens que ce moment est magique et qu’il restera dans mon cœur à jamais.
A la fin du spectacle, les danseurs et moi venons saluer l’auditoire. Noah et moi, étant les personnages principaux, recevons des fleurs. Nous nous regardons et nous sourions. Dans ce sourire, nous nous disons tout. Et pour le remercier, je dépose un baiser dans le coin de ses lèvres, un baiser empli d’amour et de la magie du moment.
Fin.
Crédit Photos : Pinterest
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