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Fiction - Life Is Worth Living Partie 4


Chapitre Trente et un.


Le lendemain, alors que j’attendais pour un rendez-vous avec l’infirmière, j’aperçus Ben qui passait par là. J’y vis une chance de lui parler pour éclaircir ce petit mal entendu que j’avais perçu malgré moi.

- Ben, l'interpellai-je.

Il se retourna vers moi avec un air légèrement surpris. Puis, il s'approcha nonchalamment et se posta devant moi.

- Oui ? fit celui-ci.

- Est-ce que je peux te parler cinq minutes ? demandai-je avec des trémolos dans la voix.

- Vu que je suis là, vas-y.

Ce n'était pas vraiment la réaction que j'avais attendue mais je m'en contentai. Je comprenais qu'il soit un peu dur avec moi, qu'il ne m'apprécie pas, surtout si j'étais la raison de sa souffrance. J'avais l'impression que je rendais les gens malheureux. Je faisais tout de travers. Normal que personne ne m'aime. Après tout, j'avais tout fait pour l'être.

- Euh, je voulais savoir un truc, commençai-je timidement. Je sais que tu ne m'aimes pas mais dit-moi si j'ai fait quelque chose qui te rend malheureux.

- Quoi ? Pourquoi tu me demandes ça Amber ?

- Oh, j'ai peut-être, sans faire exprès je t'assure, entendu une conversation entre Logan, Cody et toi.

- Tu as quoi ?!

- Vous parliez de moi alors j'ai écouté. Mais sache que je ne veux pas te poser problème.

- Tu n'avais pas le droit, c'était une conversation privée, s'énerva-t-il.

- Je sais, je suis désolée.

- J'en ai rien à faire !

- S'il te plaît Ben, explique-moi si j'ai fait quelque chose de mal ?!

- Mais tu n'as rien fait !

- Hein ? Je comprends plus rien !

- Ce n'est pas que je t'aimes pas, Amber, dit le jeune homme en se calmant, mais tu m'as enlevé tous mes amis. Logan est tout le temps fourré avec toi et même avant, il parlait de toi non-stop. Tu crois peut être que tu es la seule à souffrir d'un manque d'attention. Surtout, que maintenant que tu es avec Logan, tu ne dois plus te sentir comme ça. Il t'observe 24h/24.

- Ce n'est pas si simple, répliquai-je, déconcertée qu'il m'ait cernée aussi vite.

- Ah oui ? Ta famille vient de voir tous les week-end, Logan te donne toute son attention et Ellie t'écoute et est genre ta meilleure amie, alors dis-moi ce qui ne va pas, hein ? Moi je n'ai rien car tu m'as tout pris. Plus de Logan, plus de Cody parce qu'il est avec Ellie quand Logan est avec toi, ma famille n'est jamais là, les gens de ce centre s'en foutent de moi...

- Ce n'est pas vrai, l'interrompis-je. Ils s'occupent de toi, ils veuillent que tu ailles mieux.

- Et si je n'en avais pas envie ? demanda-t-il.

- Quoi ?

- Je n'ai pas envie d'aller mieux, Amber, c'est tout alors arrête de me casser les oreilles avec tes pleurnicheries et commence à vivre ta vie et à faire attention aux autres, déclara-t-il en commençant à partir.

- Attends ! fis-je en lui prenant le bras pour l'arrêter.

- Quoi encore ? souffla Ben.

- Qu'est-ce que tu veux dire par là ?

- Tu oses me poser la question. Mais regarde autour de toi. Tu es égoïste Amber. Tu manques peut être d'attention mais en donnes-tu aux autres ? À ta famille et à tes amis ? Et ben si tu ne le sais pas, la réponse est non. Et...

Ben chancela, toutefois il se rattrapa in extremis au mur. Je m'approchai rapidement et passai un bras sous son épaule pour qu'il garde l'équilibre.

- Ça va Ben ? demandai-je, inquiète.

- Je n'ai pas besoin de ton aide, rétorqua-t-il d'une voix faible.

- Tu ne vas pas bien, insistai-je.

Puis, il s'écroula sur le sol, m'emportant avec lui. Je me redressai mais vis que Ben restait inerte. Alors mes jambes me lâchèrent et j'entrepris de secouer le jeune homme pour le réveiller. Bien entendu, cela ne marcha pas. Et la panique s'empara de moi. Je criai de toutes mes forces à l'aide, des larmes dévalant mon visage. Je hurlai encore et encore jusqu’à ce qu’on m’entende, me sentant impuissante devant cette situation. Un sentiment d’anxiété m’envahit et une boule apparut au creux de ma gorge et au milieu de mon estomac. Puis, des infirmières arrivèrent enfin et emmènent Ben dans l’aile des urgences, me laissant seule dans ce couloir de misère.



*****



Chapitre Trente-deux.


Nous étions tous réunit dans la salle d’attente des urgences, guettant l’arrivée des infirmières et des docteurs pour en connaitre plus sur l’état de Ben. Même sa famille était là, se rongeant le sang pour le jeune homme. Je ne m’étais moi-même pas remise de la frayeur qu’il m'avait faite lorsqu’il s’était évanoui devant moi.

- Que s'est-il passé au juste ? me demanda Logan, brisant enfin le lourd silence de la pièce.

- On était en train de parler lorsqu'il s'est évanoui, comme ça au beau milieu du couloir, expliquai-je pour ce qu'il me semblait la millionième fois.

- Vous parliez de quoi ? fis le jeune homme, un tantinet curieux.

- Euh... de choses et d'autres, mentis-je.

Je n’avais pas vraiment menti, disons que j’avais plutôt détourné la vérité. J’avais peur qu’ils apprennent les propos de cette discussion. J’avais honte et à vrai dire, je culpabilisais par rapport à Ben. Je me sentais responsable de son état.

Le silence revint, plus pesant et oppressant que jamais. Je faisais les cent pas pour essayer de me détendre mais cela ne fit qu’augmenter mon anxiété et celui des autres. Je ne pouvais pas m’assoir, je ne restais pas en place alors je me calais contre le mur et touchais sa texture froide, ce qui me fit du bien.

Au bout d’une heure environ, une infirmière vient nous voir. Nous nous levâmes tous en même temps, nos yeux remplis d’espoir.

- Ben se repose en ce moment, commença-t-elle. Mais j'ai de mauvaises nouvelles. Sa situation empire et nous devrons sûrement procéder à une opération. Nous avons, de plus, trouver des résidus de drogues dans son organisme, ce qui a aggravé son foie.

- Qu'est-ce que cela veut dire ? demanda la mère de Ben d'une douce voix.

- Nous allons changer le foie de votre fils. Nous avons... un foie en notre possession. Mais j'ai peur qu'avec la drogue dans son organisme, il réagisse mal à l'opération.

- Pouvons-nous le voir ? dit son père.

- J'ai bien peur que non. Il a été mis dans un coma artificiel afin d'éliminer au plus vite la drogue. Je suis désolée.

- Que pouvons-nous faire alors ? la questionna Ellie.

- Rentrez chez vous et reposez-vous, c'est le seul conseil que j'ai pour vous, fit l'infirmière avant de repartir.

Nous la regardâmes entrer dans un long couloir au mur blanc, jusqu’à ce que les portes à doubles battants se referment sur elle. Le calme s'empara de nous et j'entendis mon pouls battre rapidement.

- Allez-y, nous dit soudain Mme Meyers, nous restons ici au cas où il y aurait du nouveau.

- Nous vous préviendrons, ajouta son mari avec un léger sourire pour nous convaincre.

Puis, nous partîmes, leur laissant un peu d'intimité dans cette souffrance. J'avais l'impression qu'un plomb était coincé dans mon cœur, le rendant lourd de culpabilité. Je m'en voulais de voir la douleur dans les yeux des parents de Ben et tout était de ma faute. Cette faute me rongeait de l'intérieur et m'empêchait de respirer normalement. Et je me demandais si ce sentiment s'en irait un jour.



*****



Chapitre Trente-trois.


Tandis que je me dirigeais dans ma chambre, retenant les larmes dans mes yeux, je sentis une main se poser sur mon bras. Un picotement familier remonta le long de mon membre. Et sans surprise, je me retournai et découvris Logan, ses pupilles d'un ambre intense rivées aux miennes.

- Amber ? Tu pleures ? Tout va bien ? demanda-t-il, inquiet.

Et cela me brisa le cœur de voir à quel point il tenait à moi.

- Oui, tout va bien. Je suis juste sous le choc, mentis-je.

- Arrête de me mentir Amber, s'écria le jeune homme. Comme toute à l'heure quand on t'a demandé de nous raconter la conversation que tu avais eue avec Ben. Je ne sais pas à quoi tu joues mais, je t'en prie, raconte-moi ce qui tu tracasses. Je suis là pour toi !

- Justement, c'est bien ça le problème !

- Depuis quand c'est un problème ?

- Depuis que j'ai compris certaine chose. Depuis que Ben est sur ce lit, entre la vie et la mort, à cause de moi, assenai-je.

- Quoi ? Mais qu'est-ce que tu racontes ? fit Logan, stupéfait.

- Je suis coupable de son malheur. Je lui ai tous pris, ces amis, son plaisir et même toi.

- Quoi ? répéta-t-il. Mais c'est ridicule. Si quelqu'un devrait se sentir coupable, c'est bien moi.

- Et pourquoi ça ? l'interrogeai-je, sèchement.

- Parce que c'est mon ami et que je l'ai abandonné. Parce que je n'ai pas assez fait attention à lui.

- Parce que toute ton attention était focalisée sur moi, continuai-je pour lui.

- Oui, murmura-t-il.

- Alors quoi ? On se sépare ?

- Quoi ? Non, je n'ai jamais dit ça, rétorqua Logan.

- Mais tu l'as sous-entendu, répliquai-je.

- Je n'ai jamais voulu ça.

- Tu voulais avoir cette discussion, alors assumes-en les conséquences, ajoutai-je furieuse de la tournure que prenait celle-ci.

- Non, c'est faux ! s'exclama le jeune homme avec un air indigné.

- Pourquoi me prendre le bras, dans ce cas ?

- Euh… Je sais pas moi. Oui, j'avais envie de te parler, mais pas d'en arriver là.

- Oui, bah c'est trop tard pour revenir en arrière !

- Ne dis pas ça, je t'en prie, supplia-t-il.

Un silence s'installa. Nous n'entendions que les martèlements de nos cœurs qui battaient aussi vite que si nous avions couru mille kilomètres.

- Je n'en peux plus Logan, avouai-je au bout d'un moment. Rien ne va plus dans ma vie et je n'ai pas envie que tu me voies comme ça, faible et lâche. Je suis désolée.

- Tu peux m'expliquer là, parce que je suis perdu, lança Logan, un tantinet énervé.

- Je suis désolée, répétai-je, mais je ne peux plus continuer comme ça et j'ai bien peur que nous deux… J'ai besoin d'un peu de temps et d'espace, j'espère que tu comprendras.

Et je partis en courant me réfugier dans ma chambre, laissant enfin libre court à mes larmes.



*****



Chapitre Trente-quatre.


Terrée sous ma couverture, bien au chaud, j'essayais d'oublier les derniers événements, en vain. Ils revenaient me hanter, et le sentiment d'oppression que j'avais ressenti un peu plus tôt, réapparut. Je fermai alors les yeux et plongeai dans l'obscurité. Puis, j'entendis un bruit et je sursautai, repoussant les draps qui m’entravaient les membres.

- Désolée, fit Ellie d'une petite voix, voyant que j'étais surprise par son arrivée. Je ne voulais pas te faire peur.

- C'est pas grave ! Je suis juste à fleur de peau en ce moment.

- Comme tout le monde, ajouta-t-elle.

- Oui, soufflai-je.

- Comment vas-tu ? me demanda celle-ci.

- Je ne sais pas, à vrai dire, et toi ?

- Pareil !

- Tout va bien avec Cody ? la questionnai-je, à la fois curieuse et désireuse de changer de sujet.

- Oui, tout va parfaitement bien entre nous. Il est un peu triste, ça peut se comprendre d'ailleurs et ça m'inquiète mais je crois qu'il a juste besoin de mon soutien, me répondit la jeune fille aux cheveux noirs de jais.

- Il a de la chance de t'avoir.

- C'est moi qui est de la chance, soupira-t-elle. Je regrette même ce temps où l'on est resté à l'écart l'un de l'autre. Mais et toi ?

- Moi ?

- Avec Logan ? Désolée de te demander ça mais j'ai besoin d'assouvir ma curiosité.

- T'inquiète. En fait, je n'ai pas vraiment compris ce qu'il s'est passé. On s'est disputé et j'ai pété un câble, en gros.

- Pourquoi ? fit-elle inquiète.

À ce moment, j'appréciais la sincérité de ces mots et le ton de sa voix. Elle s'inquiétait vraiment pour moi. Et j'en avais besoin. Je ressentais ce besoin que l'on prenne soin de moi, que l'on m'écoute et que l'on me rassure un petit peu car non seulement mes pensées étaient en vrac mais mon cœur aussi était brisé. C'est alors que les larmes apparurent au coin de mes paupières et glissèrent le long de mon visage. Toutefois, je ne pus les retenir malgré tous mes efforts pour rester forte. Je n'en pouvais plus. Il fallait que je me lâche et que j'enlève le poids qui pesait sur mes épaules. Alors je lui racontai tous : mon sentiment de culpabilité envers Ben, mes remords par rapport à ma dispute avec Logan, mon envie de revoir mon petit frère et de m'entendre mieux avec ma mère même si une barrière invisible m'en empêcher, mon souhait d'être guérie de cette maladie infernale qui me collait à la peau. Je me confiais comme jamais je ne l'avais fait auparavant de peur d'être jugée ou d'être prise pour une folle. Néanmoins, je faisais confiance à Ellie et je savais qu'elle ne ferait jamais toutes ces choses que j'avais énoncées parce qu'elle me comprenait.

Une fois que je lui eus tout dit, je ressentis une immense liberté en moi et une certaine sérénité. J'inspirais profondément en savourant ces nouvelles sensations qui me rendaient un peu heureuse malgré les événements qui étaient survenus plus tôt dans la semaine. Toutefois, je me sentais toujours un peu coupable envers Ben et son évanouissement me pesait toujours énormément. Cela ne faisait que deux jours qu'il était dans le coma et j'étais consciente que ça m’affecterait encore longtemps. Cependant je savais dorénavant que je pouvais compter sur mes amis et mon entourage ici au centre.

- Hello, tout le monde, fit Cody en entrant dans la pièce et en coupant court à mes pensées.

- Salut, lui répondis-je d'une voix monocorde.

- Tout va bien ? demanda-t-il soucieux.

- On vient de parler de choses sérieuses, expliqua Ellie à ma place, alors disons qu'elle est un peu chamboulée. Mais ce n'est rien de grave.

- Okay. On y va ? dit-il.

- Oui ! fit-elle avec enthousiasme. Tu veux venir avec nous, Amber ?

- Non, j'ai des choses à régler. Allez-y et amusez-vous bien !

- Oui. Bye. Appelle-moi si besoin !

Puis, ils sortirent, me laissant seule avec mes pensées.



*****



Chapitre Trente-cinq.


Assise à mon bureau, plongée dans un livre merveilleux, Everything Everything de Nicola Yoon, je n'entendis pas ma mère entrer dans la pièce. Elle me prit par surprise en posant ses mains sur mes épaules, me faisant sursauter et faisant bondir mon cœur dans ma poitrine. Je mis ma paume sur celle-ci et dit d'une voix légèrement contrariée :

- Maman ! Tu m'as fait une de ces frayeurs ! Que fais-tu ici ?

- Eh ben, quel accueil ! répliqua-t-elle. Je suis venue te rendre visite, voilà tout !

- Désolée, maman. Je suis un peu à cran ces derniers temps.

- Oui. J'ai appris pour ton ami.

Un silence s'installa, inconfortable. Ma mère le brisa tout à coup tandis qu'elle m'observait attentivement.

- Chérie, tout va bien ? Tu as de sacrés cernes !

- Oui, ça va, fis-je en repoussant sa main de mon visage.

- Tu es sûre ? Tu es toute pâle !

- Oui, je suis sûre, répliquai-je d'un ton dur.

Puis, je l'observai à mon tour et comprit qu'elle se dérobait. Elle avait peur d'une chose mais je ne comprenais pas de quoi. Avait-elle peur de moi ? Étais-je allée un peu trop fort avec elle ? Ce n'était pas mon intention, cependant je ne pouvais m'empêcher de penser que je l'avais blessée.

- Maman, dit moi ce qui ne va pas, la suppliai-je.

C'est alors qu'elle fondit en larmes, me prenant au dépourvu. Ma mère ne pleurait jamais. En tout cas, je ne l'avais jamais vu faire. C'était la personne la plus forte que je connaissais et la voir dans cet état, me mettais à la fois mal à l'aise et me rendais triste, et je ne pus me retenir de pleurer aussi.

- Non, ma chérie, ne pleure pas. Je suis désolée et j'aurais dû te le dire plus tôt. Mais je ne pensais pas que tu étais malade à cause de ça. Je suis désolée.

- Maman, de quoi tu parles ? dis-je soudain inquiète.

- Je ne te l'ai jamais dit car j'ai honte de ce moment. Mais depuis que tes infirmiers m'ont dit que tu te sentais responsable du départ de ton père, ça me ronge.

- Je ne comprends pas, déclarai-je d'une toute petite voix, redoutant ce qu'elle avait à me dire.

- Je ne voulais pas te le dire car je ne veux pas que tu me détestes mais si ça permet de te guérir, je vais tout avouer, continua-t-elle. Tu dois savoir que j'aimais ton père et qu'il m'aimait aussi. Mais parfois l'amour ne suffit pas. Et un jour, j'ai surpris des messages sur le téléphone de ton père qui m'ont inquiétés et m'ont menés à découvrir que, en fait, il me trompait. Je pensais que c'était à cause de moi, que je n'étais pas assez impliquée dans notre relation alors j'ai laissé passer. Mais malgré tous les changements que j'ai effectués, il continuait. J'étais dans le déni et je ne voulais pas regarder la réalité en face. Jusqu'au jour où je l'ai vu en ville avec cette femme et à ce moment, j'ai tout simplement pété un câble. Je me suis mise à crier dans le restaurant où ils étaient, et lui ai dit de partir d'ici et de ne plus jamais revenir. J'ai essayé de comprendre pourquoi il avait fait ça à notre famille, sans résultat. Je suis désolée ma chérie. Tu dois penser que c'est ma faute s’il est partit.

Elle me racontait tout cela, les larmes dévalant ses joues et sa voix enrouée et emplie d'émotions.

- Oh maman, fis-je en me jetant dans ses bras. Je ne t'en veux absolument pas. Je t'en suis plutôt reconnaissante.

- Vraiment ? me demanda-t-elle, de l'espoir dans ses pupilles.

- Oui, j'ai toujours voulu savoir pourquoi papa nous avait quitté et je pensais que c'était parce que je n'étais pas assez bien, qu'il ne m'aimait plus...

- Oh non, chérie, tu es très bien. Tu n'as rien à te reprocher. Ton père t'aime et moi aussi je t'aime. Et tu es la fille la plus adorable et jolie que je connaisse.

- Tu es obligée de dire ça, maman. C'est pas vraiment objectif.

- Mais je le pense sincèrement. Et je m'en veux pour toutes ces années où je me suis renfermée sur moi-même, me concentrant plus sur mon travail, que sur vous avec Tony. Mais je vais changer. Je te le promets.

- Je ne t'en veux pas maman, tu dois me croire. Qu'est-il arrivé à papa, après tout ça ?

- Oh, il est parti dans le nord où il a trouvé du travail. Au début, il voulait vous parler mais j'ai refusé dans un premier temps. Il m'a laissé son adresse et son numéro de téléphone pour vous au cas où vous auriez envie de lui parler. Puis tu es tombée malade et Tony est un peu trop jeune pour comprendre alors je ne vous les ai pas donnés. Mais je suis prête à le faire maintenant. Après toutes ces années, je suis enfin prête à lui pardonner. Tout comme toi.

- Mais maman, il t'a blessé ! rétorquai-je.

- Oui, mais les blessures guérissent au fur et à mesure, avec le temps. Et si j'arrive à lui pardonner, tu le peux aussi. Donne lui au moins une chance de s'expliquer.

- Je vais y réfléchir, mais je ne te promets rien.

- J'espère que ça va t'aider, lança soudain ma mère.

- Merci maman, pour tout.



*****



Chapitre Trente-six.


Le lendemain matin, à 11h, je me dirigeais vers ma session de psychologie individuelle avec Mme Morse. Lorsque j'arrivai, elle était en train de discuter avec le docteur Parish. Un sourire apparut sur mes lèvres. Ces deux-là étaient tellement mignons tous les deux. Ils formaient un couple adorable, fait l'un pour l'autre. Une pointe de nostalgie s'empara de moi et je repensais à Logan et moi.

- Amber, entre, ne reste pas sur le seuil ! dit-elle de sa voix douce, me sortant de mes pensées.

- On se voit plus tard, fit le docteur en l'embrassant. Bonjour Amber !

- Bonjour !

- Comment vas-tu ? J'ai entendu que ta mère t'avait rendue visite ce week-end !

- Oui, elle est passée et je vais bien, merci.

- Bon, à plus tard alors ! déclara-t-il en partant.

- Tu peux t'asseoir, on va commencer, fit ma psychologue.

Je m'installai confortablement sur le fauteuil en face du sien, où se trouvait le docteur Parish un peu plus tôt. Puis, la séance démarra.

- Tu veux me raconter la visite de ta mère ? commença-t-elle.

- Oh, à vrai dire, elle m'a avoué une chose et maintenant on s'entend mieux, elle et moi.

- Que t'a-t-elle révélée ?

- La raison pour laquelle mon père est parti.

- Et ça t'a aidé à y voir plus clair ?

- Oui, beaucoup. Je m'en suis voulu toutes ces années, pensant que j'avais ma part dans cette histoire mais en fait, non et je me sens ... disons libérée.

- Comme un poids en moins à porter ?

- Oui, exactement. Et ça fait énormément de bien.

- Et tu penses que ça va t'aider à aller mieux ?

- Vous voulez dire, que cette révélation peut m'aider à guérir ?

- Oui.

- Je pense que ça peut m'aider. Mais ce n'est pas le seul facteur de ma dépression.

- Explique moi ces autres facteurs. Selon toi, qu’est-ce qui est en cause ?

- Avant tout, je pense à ma non confiance en moi. J'y arrivais avec Logan. Il me rendait heureuse et je prenais enfin confiance en moi, en tout cas mieux que maintenant. Je me sentais bien avec lui et je souriais tout le temps.

- Oui, je vois ce que tu veux dire. L'amour est une belle chose, hein ?

- Oui, mais ça peut blesser aussi, murmurai-je avec tristesse car j'avais blessé Logan.

- Que s'est-il passé avec Logan ?

- On s'est disputé.

- Ça arrive à tous les couples, ne t'inquiète pas.

- Non, ce n'est pas ça. Tout est de ma faute. Depuis que Ben est dans le coma, j'angoisse et je culpabilise.

- Pourquoi ?

- Parce que c'est à cause de moi qu'il s'est éloigné de Logan ! m'écriai-je, laissant sortir mon désarroi. J'ai accaparé l'attention de Logan et Ben s'est renfermé sur lui-même et n'a trouvé de réconfort que dans la drogue.

- C'était son choix, il connaissait les risques. Ce n'est pas de ta faute.

- Si ! répliquai-je en criant.

- Non, fit Mme Morse d'une voix douce et apaisante. Le coma de Ben n'est en rien ta faute. Il a trop consommé de drogue et ça a abîmé son foie déjà fragile. Ça ne peut donc être ta faute. Ne t'en veux pas pour ça.

J'appréciais son réconfort et la remerciais intérieurement, ayant la bouche trop sèche pour parler. Je m'accrochais à sa main qu'elle m'avait tendue en signe de consolation et de soutien. Je voulais la croire mais les mots que Ben m'avait dit un jour me hantaient encore et encore. Surtout une phrase. "Moi je n'ai rien car tu m'as tout pris."

- Va te reposer, me conseilla Mme Morse. Ne pense plus à ça et va te détendre.

- Mais la séance n'est pas fini ! rétorquai-je, en retrouvant la voix.

- Je suis la maîtresse en ce lieu, je peux la lever comme bon me semble. Allez, vas-y ! Et ne te pose pas trop de questions ! fit-elle tandis que je m'en allais, essayant d'appliquer ses conseils, sans succès.



*****



Chapitre Trente-sept.


Il était 11h 54 lorsque j'appris la nouvelle, trois jours après avoir eu ma session de psychologie avec Mme Morse. J'étais en cours, perdue dans mes sombres pensées. Puis, une dame que je ne connaissais pas était intervenue en classe, venant nous chercher en vitesse avec Ellie et Cody. Elle n'avait pas voulu nous en dire plus, nous laissant dans le flou tout le long du trajet jusqu'à la partie des urgences du centre.

Une fois arrivée, j'eus un mauvais pressentiment qui s'accentua lorsque je vis le visage de Logan. Cela me brisa le cœur. Les larmes dévalaient son visage et faisaient rougir ses beaux yeux bleus.

- Que se passe-t-il, à la fin ? s'exclama Cody, laissant transparaître son inquiétude.

- C'est... c'est Ben, bégaya Logan d'une minuscule voix.

- Quoi Ben ? cria le jeune homme brun aux yeux d'amande.

- Il...

Logan ne put achever sa phrase. Mais j'avais compris l'essentiel. Le monde autour de moi devint flou. Je fus prise d'un immense malaise.

- Je ne comprends pas, entendis-je dire Cody à travers mon vertige.

Les battements de mon cœur s'accentuèrent et brouillèrent mon ouïe. Ils résonnaient si puissamment que je ne pouvais entendre ce que mes amis disaient. Au fur et à mesure, mon souffle se fit plus rare et j'eus de plus en plus de mal à respirer. L'écho des dernières paroles de Ben avant son coma se répétait en boucle dans ma tête. Ma culpabilité devint plus forte à force d'entendre ses mots encore et encore. Je sentis une main me secouait mais j'étais incapable de réagir. Ma crise de panique avait pris tellement d'ampleur que je ne ressentais rien dans le monde réel et étais profondément plongée dans mon monde de souffrance.

C'est alors que je fus prise de tremblements incontrôlables qui ne s'arrêtèrent que quelques secondes après. Je revins peu à peu à moi, avec une douleur atroce dans l'épaule droite. Je regardais autour de moi avec étonnement et pris conscience de plusieurs choses. Tout d'abord, tous les visages qui se trouvaient dans la salle d'attente des urgences étaient tournés vers moi avec un sentiment d'inquiétude sur ceux de mes amis. Puis, je remarquais l'infirmière qui se tenait agenouiller à côté de moi, une seringue à la main. Enfin, je découvris que j'étais assise à même le sol glacial de l'hôpital et compris que j'étais tombée. Je devais être complètement perdue pour ne pas avoir remarqué ou même senti que je tombais.

- Amber, tout va bien ? me demanda Ellie, brisant le silence inconfortable qui s'était installé.

- Je crois, oui, mais je ne me rappelle pas de grand-chose, répondis-je en tenant ma tête qui pesait dix tonnes.

- Tu es en état de choc, me dit l'infirmière. Je vais devoir t'examiner, voir si tu ne t'es pas blessée en tombant.

- Non, je veux rester ici et soutenir mes amis. J'ai déjà laissé tomber Ben, je ne veux pas faire pareil avec eux.

- Tu pourras les voir après, c'est pour ton propre bien, me répondit-elle avec douceur.

- Amber, me dit gentiment Cody, tu dois y aller. Ça ne nous gêne pas. Soigne toi et s’il y a du nouveau, on viendra t'avertir.

- Ok, répondis-je après un certain temps de réflexion. Mais je reviens dès que c'est terminé.

- Absolument ! m'accorda l'infirmière tandis que je la suivais.



*****



Chapitre Trente-huit.


Je n'en revenais toujours pas. Ben était mort depuis une semaine déjà et je ne cessais de pleurer tous les jours, en m'enfermant dans ma chambre. Mes amis étaient tout aussi tristes que moi et c'était de ma faute. J'avais tué Ben en les éloignant de lui. Je m'en voulais tellement. Je ne trouvais du réconfort que dans mes draps bien chauds pendant que mes larmes se perdaient dans mon coussin moelleux. Mais ce n'était pas important pour moi. Ni mes pleurs, ni mon état qui devait faire peur aux résidants du centre. Et je faisais tout pour paraître forte devant les autres avant de me relâcher et d'arrêter la comédie lorsque j'étais seule. La solitude était la seule chose qui pouvait m'aider. Même si cela blessait mes amis. Ils seraient mieux sans moi de toute façon.

C'est alors que quelqu'un toqua à la porte. J'essuyais mes larmes avec ma main et allais ouvrir malgré mes yeux rouges. Ellie se tenait devant la porte, encore plus mince que d'habitude. C'est alors que je me rendais compte que je n'étais pas la seule à avoir replongé. Et cela me terrifiait. Car même si je ne me souciais pas de moi, je me souciais de mes amis et en particulier d'Ellie. Et de Logan, malgré notre rupture. Comment allait-il depuis la mort de Ben ? Est-ce qu'il avait touché à la drogue pour oublier cette situation ? Et Cody ? Comment prenait-il tout ça ?

- Hey ! s'exclama Ellie en me coupant dans mes réflexion.

- Hey ! dis-je, un tantinet gênée.

- Tu viens, on doit aller à notre session en groupe !

- Oui, j'arrive. Le temps de prendre deux trois trucs et je te rejoins dans le couloir.

Dix minutes plus tard, nous arrivâmes et nous installâmes à nos places, côte à côte. Je refusais de lever les yeux et voir les ravages de la mort de Ben sur le visage de mes amis. Rien que de voir ce que ça avait fait à Ellie, ça me rendait malade. Je sais, je me voilais la face mais comment voulez-vous que je réagisse à tout ça ? Je ne suis pas quelqu'un de fort, au contraire, je suis faible et malheureusement pour moi, je le resterais toute ma vie.

- Commençons, fit Mme Morse dès qu'elle arriva dans la salle.

Je fus surprise de la voir ici. Elle ne s'occupait que des sessions individuelles normalement. Cela me mit mal à l'aise. Elle connaissait trop de détails sur ma vie, des détails que personne d'autre qu'elle n'avait conscience. Cela me rendait vulnérable, encore plus que je ne l'étais déjà.

- J'ai remplacé Mr. Dirk pour cette séance car nous avons jugé utile pour vous d'avoir quelqu'un qui vous connaît près de vous, nous expliqua-t-elle de sa douce voix. Qui veut commencer ?

Personne ne répondit et un silence pesant s'installa. Je gardais la tête baissée, espérant qu'elle ne me choisirait pas en premier. Car c'était la règle ici. Si personne ne voulait se lancer, la personne en charge désignait quelqu'un. Et c'était un moment très pénible et gênant pour la personne choisit. Il paraît que cela permet aux autres de se lancer après coup. Mais ça n'avait jamais vraiment marché avec moi.

- Amber, c'est à toi !

Je ne fus guère étonnée, croyez-moi. Avec la chance que j'avais, c'était sûr qu'elle me choisisse à 200%. Je levais lentement la tête pour voir que tous les regards se tournaient vers moi. L'horreur. Mon angoisse s'accentua et je me mis à tripoter mes doigts de façon plutôt énergique, priant pour que ce moment passe vite.

- Euh… à vrai dire, je me sens dépasser par les événements, admis-je d'une voix tremblante.

- Comme nous tous, me répondit-elle.

- Non, pas vraiment dans ce sens, lui expliquai-je en focalisant mon regard sur elle afin d'éviter celui des autres.

- Comment ça ? m'incita-t-elle à parler.

- Je… je me sens coupable de sa mort, dis-je d'une petite voix.

- Non, pourquoi dis-tu ça ?

- Parce que je l'ai enlevé à ses amis et sa famille ! m'écriai-je. Je l'ai éloigné des gens qu'il aimait parce que je suis égoïste et du coup, il s'est tourné vers la drogue. Tout ça est de ma faute !

Pendant ma tirade, je ne pus empêcher mes larmes de couler le long de mon visage. Je voyais les airs surpris de mes amis et voulus partir en courant. Alors que je m'apprêtais à m'enfuir, une personne retint mon attention.

- Tu crois que c'est ta faute, s'exclama Logan. C'est pour ça que tu as rompu avec moi ? (Me dévisageant attentivement, il trouva la réponse par lui-même). Oui, tu es vraiment égoïste.

- Quoi ? dis-je d'une voix étranglée.

- Oui, tu ne vois donc pas ce qui t'entoure ? Tu te crois la seule responsable, mais je suis aussi fautif que toi, dans cette histoire, cria-t-il. C'est moi qui l'ai laissé tomber, c'est moi qui ne lui ai pas accordé de temps, c'est moi qui n'est pas pris soin de lui comme un ami aurait dû le faire. Alors arrête de jouer les victimes, parce que tu n'en es pas une.

Ces paroles me choquèrent et brisèrent mon cœur en mille morceaux. Mes larmes reprirent de plus belle et cette fois, je m'enfuis sans même prêter attention à ceux que je laissais derrière moi.



*****



Chapitre Trente-neuf.


Assise sur mon lit, la musique à fond, j'essayais de me détendre et de me vider la tête. Mais les mots que Logan m'avait dit cinq jours plus tôt refusaient de sortir de mes pensées. Ça me mettait dans une rage folle. Même la musique n'arrivait pas à me calmer. Je jetais mon casque et poussais un soupir de frustration. Pourquoi ne pouvait-il pas sortir de ma tête ?

Vers 12h 30, je décidais d'aller manger un bout. Je n'avais pas très faim mais je voulais quand même me nourrir un minimum. Cela me fit penser à Ellie. Une boule d'angoisse envahit mon ventre. Il fallait absolument que je fasse quelque chose pour elle. Le problème était que je n'avais aucune idée de ce que je pouvais faire. Je voulais l'aider à aller mieux. Si quelqu'un méritait d’être heureux, c'était bien elle.

Je partis donc, réfléchissant à un moyen d'aider Ellie lorsque je percutai une personne.

- Regarde où tu vas ! me cria une voix.

Cette voix me figea et je me retournais lentement vers l'individu.

- Amber ! Qu'est-ce que tu fais là ? fit Logan, en se calmant un peu.

- J'allais à la cafétéria, lui répondis-je.

C'est alors que je remarquai ce qu'il avait entre les doigts. Il essaya de le cacher mais je l'avais déjà vu. Cela me mit en colère et je lâchai ma fureur sur lui.

- Tu me fais la morale, mais tu es pire. Tu crois que ça va t'aider de fumer de la drogue. Tout ce que tu vas faire, c'est finir comme Ben. C'est ce que tu veux ?

- Tu ne comprends rien. Tu ne vois que ce que tu veux voir et après tu me cries dessus. Tu ne m'as jamais compris et ne me comprendras jamais. Ben était mon meilleur ami, tu piges. Tout ce que tu vois toi, c'est ta petite personne et ce que tu as fait à Ben. Mais ce n'est rien en comparaison de ce que je lui ai fait. Alors arrête de te comporter…

- Comme si j'étais la victime, finis-je à sa place. Oui, j'ai compris. J'avais compris la première fois, criai-je en délaissant toute ma fureur sur lui. De toute façon, on ne peut pas parler avec toi, surtout lorsque tu fumes ça. Je croyais que tu avais arrêté mais je me suis trompée lourdement. Je croyais que tu ne voulais plus y toucher car tu en avais finis avec ton addiction. Je croyais que tu me connaissais mieux que quiconque, qu'on se faisait confiance et que je te connaissais. Je croyais que tu m'aimais mais tu m'as brisée le cœur tellement de fois. Alors oui, Logan, je joue les victimes. Mais j'en ai besoin. Parce qu'en ce moment, je me voile la face mais ça me permet de ne pas trop sombrer dans la dépression.

Je respirais enfin, choquée par ce que je venais de dire. Je venais de révéler mes plus sombres pensées, ce que je ressentais en ce moment. Cela faisait un bien fou. Puis, je regardais Logan, qui était aussi surpris que moi. J'attendais qu'il dise quelque chose, n'importe quoi cependant il ne fit rien. Alors je tournai sur moi-même, et me dirigeai vers la cafétéria sans même un regard en arrière. C'était un truc que je faisais souvent, me surpris-je à penser, toutefois je ne pouvais pas rester là où on n'avait pas besoin de moi. Alors si partir était la solution, je le faisais sans me poser de questions.



*****



Chapitre Quarante.


Je me tenais devant la porte de la chambre d'Ellie, un tantinet stressée par ce que je m'apprêtais à faire. Respirant un bon coup et prenant sur moi-même, je toquai à sa porte et attendis sagement qu'elle ouvre.

- Hey Amber, viens ! fit-elle en m'invitant à entrer.

J'entrais et m'installais confortablement, tandis que mille pensées me traversaient l'esprit.

- Écoute Ellie, j'ai un truc important à te dire.

- Tu me fais un peu peur à me dire ça. Tout va bien ? À part tu sais…

- Oh non, ça va à peu près, disons mieux que l'autre jour. Mais bref, je ne suis pas venue te parler de ça.

- De quoi alors ?

- De toi.

- De moi ? Il n'y a rien à dire sur moi, fit-elle un tantinet perplexe.

- Bien sûr que si, Ellie. Tu deviens de plus en plus mince et je veux t'aider à aller mieux.

- C'est normal ! se défendit-elle. Toi aussi, tu as minci. C'est à cause des évènements qui nous sont tombés dessus.

- Mais regarde toi enfin ! m'exclamai-je tout à coup. Tu ne peux pas continuer comme ça. Et je veux t'aider.

- Tu ne peux pas, me dit-elle sur un ton catégorique.

- Si, fis-je d'une voix déterminée, car je suis ton amie et que je tiens à toi. Tu n'as pas confiance en moi ?

- Tu ne peux rien faire pour moi, d'accord, commença-t-elle à s'énerver. Tu crois que ça marche comme ça, tout simplement parce que tu veux m'aider ? Le problème c'est ça, justement. Tout le monde veut m'aider ici, et ça me rend malade. Je veux manger mais le truc c'est que je n'y arrive pas. J'ai perdu l'habitude. Et je veux le faire par moi-même.

- Mais Ellie, les gens qui sont là veulent t'aider car ils tiennent à toi et veuillent que tu ailles bien. Car on t'aime telle que tu es. Et je sais que malgré ce que tu viens de dire, le plus gros problème est que tu ne t'aimes pas, que tu n'aimes pas ta silhouette. Mais regarde toi bien Ellie, car tu es magnifique et tu le seras toujours même si tu prends un peu de poids. Oublie les jugements, car Cody, Logan ou moi, on ne te jugera jamais. C'est ça, la vraie amitié.

- Pourquoi tu me dis ça à moi ? me demanda-t-elle.

- Si je suis tombée dans la dépression, c'est parce que je ne m'aimais pas, et je ne m'aime toujours pas. Néanmoins, quand j'étais avec Logan, je commençais à m'apprécier un peu plus chaque jour et bien sûr, j'ai tout ruiné. Puis Ben est mort et je me suis laissée entraîner dans mon chagrin sans faire attention à vous tous, Cody, Logan et toi. C'était une grosse erreur ! Genre la plus grosse erreur de toute ma vie. Et je ne veux pas que tu deviennes comme moi. Je suis l'ombre de ma propre personne. J'essaie de revenir à la lumière et peut-être que maintenant je vais pouvoir y parvenir, mais j'ai besoin d'aide moi aussi et je viens juste de m'en rendre compte. Alors peut-être que l'on peut s'entraider et se sortir de cette spirale infernale.

- Oula ! Depuis quand es-tu devenue cette grande poétesse ? fit-elle en rigolant.

- Depuis maintenant !

Puis, nous nous mîmes à rigoler, enlevant ainsi toute la tension qui s'était accumulée entre nous.

- Ne me déteste pas mais j'ai prévu un truc, murmurai-je pour minimiser la chose.

- Vas-y, dis-moi ton plan !

- J'ai, disons, demandé à Mr. Paolini si on pouvait venir en cuisine faire des pizzas.

- Amber, tu sais combien fait une pizza en calories ! Je ne peux pas manger ça !

- Ellie, tu n'es pas obligée de tout manger. Et puis c'est toi qui vas la préparer, tu vas pouvoir mettre toutes les calories que tu veux. Tu pourras garder le contrôle comme ça sur ta nourriture. Et je te promets que si tu ne la manges pas, je la mangerais à ta place.

- Quelle gourmande tu fais !

Et nous reprîmes notre fou rire, en nous dirigeant vers la cafétéria.

- Je ne peux rien te promettre, Amber. Je ne peux pas te promettre que je pourrais la manger.

- Je comprends, et je ne veux pas te forcer. Mais je ne veux pas te voir comme ça. Ok ?

- Ok !



*****


Crédit Photos : Pinterest


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