Chapitre 16
Naia
Je faisais les cent dans la grotte depuis que je m’étais éveillée. Je n’arrivais pas à me décider : partir ou rester. J’avais l’impression que c’était la décision la plus dure que j’avais jamais prise. Comment c’était possible ? J’avais été dans des situations pires que celle-ci.
Je savais bien que j’avais l’air d’une folle à me parler à voix haute, mais je ne pouvais faire autrement. J’avais ce besoin inexplicable de bien peser mes mots et cette décision. C’est comme si mon cœur savait que je ne pouvais pas partir comme ça. Arrrgh ! Que ça m’énervait !
- Tout va bien ? fit Dylan derrière moi avec une voix endormie.
Je sursautais. Il m’avait prise de court, en pleine réflexion.
- Oh oui, je réfléchissais, je répondis.
- A quoi ?
- Euh… à la prochaine étape de la quête, mentis-je.
Il était hors de question que je lui avoue mon dilemme. Surtout qu’il était en partie concerné.
- La dernière fois, on a trouvé une larme d’eau. Suivant cette logique, on devrait trouver un objet en rapport avec l’île, continuai-je tandis qu’il se redressait.
- Oui, mais bon à part le vent glacial, on n’a rien eu. La dernière fois, c’était en rapport avec l’eau.
- Hum, c’était la nuit.
- Et donc ?
- Il n’y avait pas de soleil, c’est peut-être pour ça, je répliquai.
- Et maintenant que le soleil s’est levé ?
- Il faut s’attendre à tout, je complétai.
Il hocha la tête, puis partit rassembler ses affaires. Une fois prêt, nous sortîmes de la grotte et fûmes attaqués par la chaleur du jour. Le soleil tapait fort contre notre peau, nous brûlant. Nous reculâmes d’un mouvement pour retrouver l’ombre de la cave.
- Un point pour toi, me dit Dylan.
- Comment va-t-on faire pour retrouver les autres ? Pour aller jusqu’au bateau ? commençai-je à paniquer.
Je n’aimais absolument pas cette situation. Je détestais me retrouver coincer quelque part. Toute ma vie, j’avais toujours eu une solution de repli pour aller là où je voulais et maintenant, je me retrouvais acculer. Je ne pouvais pas.
- Hé, hé, tout va bien aller. On va attendre que le soleil se couche et…
- Tu oublies que quand le soleil n’est plus là, il fait un froid infernal, je rétorquai.
- Et bien, il faut nous couvrir, répondit Dylan d’une voix calme, pour m’apaiser.
- Avec quoi, monsieur le détective ?
- On va bien trouver, il me répondit.
Et il commença à fouiller autour de lui. Lorsqu’il ne trouva rien, il se dirigea vers l’entrée de la grotte.
- Qu’est-ce que tu fais ? je m’écrai pour l’arrêter.
- Ne t’inquiète pas, j’ai une idée, me dit-il.
- Comment ça ?
- Tu me fais confiance ?
- Non.
- Pas grave, j’y vais quand même.
Puis, il sortit. Il se mit à courir et quelques secondes plus tard, je ne le distinguais plus. Tout ce que je pouvais faire, c’était attendre. Déjà que je n’en menais pas large d’être coincée dans cette grotte, ne pas le voir revenir m’angoisser de plus en plus. Et s’il était tombé ? Et si le soleil l’avait brûlé plus intensément ? Cela faisait longtemps qu’il était parti et je ne le voyais pas réapparaitre. Je détestais ce sentiment d’angoisse qui me prenait. Je devrais ne pas me soucier du sort de Dylan et pourtant… je ne pouvais m’en empêcher. Je ne voulais pas le retrouver mort.
Soudain, j’entendis des bruits de pas et mon cœur se remit à battre normalement. Je laissais échapper un soupir de soulagement dès que j’aperçus ses beaux yeux bleus. Je m’étais fait un sang d’encre. Puis, je vis ce qui n’allait pas. Sa peau était couverte de cloque, le soleil l’ayant brulé intensément.
- Oh mon dieu Dylan, m’écrai-je.
- Ce n’est rien, me répondit-il essoufflé.
Ce n’était pas rien. Il devait souffrir le martyre. Sa peau était rouge, du sang suintait de certaines plaies. Ce n’était pas beau à voir. Mais je ne dis rien. Qu’aurais-je pu dire qu’il ne savait déjà ?
- Tiens, j’ai réussi à trouver ça, me dit-il après un moment.
Et il me tendit un amas de feuilles, sûrement prise à un arbre non loin d’ici. D’un hochement de tête, je le remerciais. Il avait risqué sa vie pour nous ramener ça.
- Couvre bien ta tête et tes bras, comme ça, fit-il en m’aidant à mettre les feuilles sur mon corps.
Puis, je fis de même pour lui. Le feuillage était assez grand pour nous englober facilement. Espérons juste que cela nous protégerait suffisamment. Et nous sortîmes hors de la grotte, affrontant la chaleur et nos angoisses.
Chapitre 17
Dylan
Les feuilles que j’avais trouvé nous permettaient de sortir sans nous brûler, mais ne faisait rien pour contrer la chaleur. Je n’avais jamais ressenti une température aussi forte. Ce n’était pas humain, pas normal. Comme pour notre asphyxie à l’eau sur l’île des cygnes. Ce qui ne pouvait dire qu’une seule chose : nous étions prêts du but.
Pendant que nous avancions, j’essayais de comprendre Naia. Elle avait paniqué à l’idée d’être restée enfermer dans la grotte, à l’idée que je sorte dehors braver le danger. Une partie d’elle devait forcément tenir un tantinet à moi et à cette pensée, mon cœur se gonfla de joie. Ça faisait toujours plaisir de savoir qu’une jolie fille s’inquiétait pour moi. Mais j’avais tout de même du mal à la cerner. Je ne connaissais pas son histoire et j’avais l’intuition que son passé avait une importance dans qui elle était. Qu’elle avait vécu des choses qui avait forgé son caractère, ses barrières protectrices. Et que tout avait un rapport avec ce IL.
- Ah, l’entendis-je hurler devant moi.
Je me précipitais à sa rencontre, étant trop perdu dans mes pensées pour voir qu’elle avait bien avancé. Une fois à sa hauteur, je lui pris le bras et la tourna vers moi pour l’inspecter.
- Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ?
- Un truc m’a aveuglé, j’ai été surprise, c’est tout, fit-elle en posant sa main sur la mienne qui tenait son bras.
Je ressentis des picotements aux endroits où elle me touchait, mais je n’enlevai pas ma paume. Non, je voulais prolonger ce contact. Ne me demandez pas pourquoi, je ne saurais vous répondre. De toute façon, à chaque fois que Naia était près de moi, je réagissais bizarrement, comme si elle avait une quelconque emprise sur moi.
- Quel truc ? je lui demandais.
- Je ne sais pas, mais ça venait de là, m’indiqua-t-elle en montrant droit devant elle.
Puis, elle me lâcha et se précipita dans la direction indiquée. A bout de souffle, je la suivis près d’une falaise
- Là, regarde, s’écria-t-elle. Il y a quelque chose dans la roche.
En effet, un objet était encastré dans le rocher. Il scintillait de mille feux. Naia se pencha comme pour le prendre mais je l’arrêtai.
- Non, criai-je. Imagine que ça te brûle.
- Il vaut mieux que ce soit moi, tu es déjà entièrement brûlé, me répliqua-t-elle.
Elle avait raison, je le savais bien. Mais mon côté gentleman ne pouvait pas l’accepter.
- Justement, je conclus en approchant ma main de l’objet.
Étonnamment, ce fut simple à récupérer. Cela ne brûlait pas. Je l’attrapais et il se délogea de sa prison de roche en un temps record.
- Ça va ? me dit Naia.
Je hochai la tête pour lui signifier que tout allait pour le mieux.
- Alors rentrons, fit-elle.
Je ne pouvais être que d’accord avec elle. Je n’en pouvais plus de cette chaleur, qui collait mes habits à ma peau. Je voulais partir d’ici au plus vite, laisser tous ses souvenirs derrière moi. Au moins, nous avancions dans notre but ultime pour trouver le trésor des mers. Cela me boosta et m’aida à tenir le coup jusqu’à ce que nous atteignions le navire.
Chapitre 18
Naia
A bout de force et éreintés, nous parvînmes à rejoindre le navire et l’équipage. Tout le monde s’était réfugié dans les cales pour éviter la chaleur. Nous retrouvâmes Ondine et le reste de l’équipe qui nous avez accompagné à la vallée du soleil. Ils étaient couverts de blessure du au brulure, comme nous. Mais heureusement, nous n’avions aucun mort à déplorer. Kevin, le docteur de l’équipage ; enfin il n’était pas vraiment médecin, plutôt un guérisseur ; vint s’occuper de nous. Je poussais Dylan vers lui, afin que Kevin puisse traiter ses blessures. Le capitaine en avait plus besoin que moi. J’avais réussi à bien me protéger avec les feuilles et je n’avais des cloques que sur les jambes et les mains.
- Ondine, si c’est possible, j’aimerais mettre autant de distances possibles avec ici, dit le capitaine d’une voix fatiguée.
- Oui, capitaine. Rameurs, c’est à vous. Voile sur le Sud, répondit sa seconde.
Un groupe d’hommes se précipitèrent dans une autre salle afin d’appliquer l’ordre d’Ondine. La salle se vida peu à peu après ça, l’équipage reprenant leurs tâches quotidiennes. Ondine attendit quelques instants, que le bateau prenne de la distance, avant de retourner à son gouvernail. Puis, il ne resta plus que Kevin, le capitaine et moi-même.
Le médecin sortit un onguent et l’appliqua précautionneusement sur la peau de Dylan.
- Qu’est-ce que c’est ? je demandai au guérisseur.
- De l’aloe vera, cela permet de diminuer la douleur causée par les brulures et permet de mieux cicatriser.
- Oh wow !
- Capitaine, vous avez été bien amoché. Il faudra revenir me voir pour que je vous en réapplique, continua Kévin. En attendant, gardez ceci sur vous. Attendez un jour avant de pouvoir vous laver, le temps que l’aloe fasse effet.
Il lui mit des bandes enduites d’aloe vera autour de ses plaies. Cela ne devait pas être agréable, vu que Dylan n’arrêtait pas de serrer les dents. En même temps, tout son corps devait lui faire mal.
- A votre tour, madame, me dit Kevin dès qu’il eut terminé avec le capitaine.
Puis, il fit de même pour moi. Lorsqu’il m’enduit d’aloe vera, je sentis ma peau me picoter et réagir au produit. Ah oui, c’était douloureux. Puis, peu à peu, la souffrance s’arrêta. L’onguent était froid contre mes plaies. C’était plutôt plaisant et apaisant.
- Vous avez été moins touchée madame, mais vous devriez quand même revenir et en rappliquer dans quelques jours, déclara le docteur.
- Très bien. Et appelez-moi Naia, s’il vous plait.
Ce dernier hocha la tête.
- Et pensez à vous reposer aussi, c’est important pour la guérison, ajouta-t-il avant que l’on parte de l’infirmerie.
- Merci Kevin, lui répondis-je sincèrement.
Nous quittâmes Kevin et remontâmes vers nos cabines respectives. Avant d’entrer dans celle que je partageais avec Ondine, je me retournai vers Dylan.
- Merci, lui dis-je.
- Y a pas de quoi, fit-il.
Je ne le remerciais pas uniquement d’avoir risqué sa vie pour nous sauver mais aussi pour tout le reste, c’est-à-dire de m’avoir accueilli sur son bateau, d’avoir fait de moi un membre de l’équipage et surtout, de me protéger contre les dangers extérieurs. J’étais capable de me défendre toute seule, mais j’appréciais d’avoir une protection supplémentaire. Et puis, c’était dans sa nature de veiller sur tout le monde, moi y compris. Et je le remerciais pour ça aussi.
Puis, j’entrai dans la cabine et m’effondrai sur le lit, tombant instantanément dans les bras de Morphée.
Chapitre 19
Dylan
J’étais épuisé mais je n’arrivais pas à dormir. Tenant la pierre que nous avions récupéré à la vallée du soleil Naia et moi dans la main, j’admirais le plafond de ma cabine. J’avais étudié sous tous les angles l’objet et j’avais conclus deux choses. La première, elle ne scintillait qu’à la lumière du jour. La seconde, elle était magique tout comme la larme d’eau. Je pouvais sentir que c’était le même genre de magie, qu’elles étaient connectées même si je ne les avais pas encore mises côte à côte. Mais ça ne saurait tarder. Je voulais juste me reposer un peu avant et puis, il fallait aussi que je guérisse. J'arrivais à peine à marcher avec mes jambes brûlées.
Et puis, ce n'était pas tout. Je n'arrêtais pas de penser à Naia et ça m'énervait. Cependant, elle était un mystère et comme tout mystère, je voulais la percer à jour, découvrir qui elle était vraiment, ce qu’elle cachait. Car je savais au fond de moi que son ou ses secrets avaient une immense importance. Et j’allais résoudre cette énigme, tout comme j’allais trouver le trésor du triangle des Bermudes. Puis vivre pour le raconter, car c’était ma destinée. Ça l’avait toujours été. Même si mon père en avait douté.
Non, stop ! Je ne devais pas penser à lui. A chaque fois qu’il s’immisçait dans mes pensées, ça finissait mal. Il était mort. Il était parti de ma vie pour de bon, je n’avais pas à penser à lui.
Au contraire, je me remis à penser à Naia. Arrrgh ! C’était un cercle infernal.
Je posais la pierre sur ma table de chevet et me levai. J’avais mal mais au moins, ça me viderait la tête de marcher sur mon navire. C’était la seule chose que j’avais prise à mon père. Mais je l’avais gagné honnêtement. Oui, vous allez dire qu’un pirate n’était jamais honnête. Mais bon, sachez qu’on fait du mieux qu’on peut.
J’ouvris la porte de ma cabine et me dirigeait vers le gouvernail. Nicolas était à sa place, guidant le bateau comme il le fallait. Il nous remplaçait la nuit, afin que ma seconde et moi-même puissions dormir convenablement. Il me salua de la tête. Je lui répondis d’un même geste puis continua ma route vers le pont. J’adorais venir observer les étoiles depuis ce dernier. Prendre appuie sur mon navire, me pencher vers la mer et tendre la tête vers le ciel. C’était si apaisant, comme si j’étais bercé par les flots.
Je respirais profondément, sentant l'air marin se dégager. J'adorais cette senteur. C'était tout ce que j’avais toujours connu. Ça me rappelait qui j’étais et qui je voulais être. Et surtout qui je ne voulais ABSOLUMENT pas devenir.
Je décidai de continuer ma marche. Mes hommes travaillaient en silence, tirant les cordes, ramant dans les cales. Je n’avais jamais douté d’eux, de leur travail. J’avais une total confiance en eux, tout comme ils avaient confiance en moi. C’était mon équipage, ma famille. Je les saluais un par un dès que je les croisais. Puis, je m’arrêtais à la proue, juste au-dessus de l’ange qui protégeait notre navire. C’était une croyance répandue parmi les pirates. Nous aimions bien croire à des superstitions comme quoi une tierce personne nous protégeait des dangers de la mer.
J’aimais bien venir là, surtout pour me vider la tête. Et puis, j’étais le seul à connaître l’emplacement caché qui se trouvait près de l’ange. L’emplacement qui gardait précieusement le nom de ce navire. Même mes hommes ne le savaient pas, car je ne leur avais jamais dit qui était mon père. Une partie de moi voulait garder ça bien caché, car je savais qu’on aurait soit pitié de moi, soit qu’on serait envieux. Et ce n’était pas des sentiments que je voulais percevoir.
Je passais ma main près de la tête de l'ange et sentis les traits laissés aux couteaux par mon père. Ils formaient trois mots très connus dans le monde de la piraterie. Trois mots qui résonnaient au plus profond de moi : Queen Anne’s Revenge.
Chapitre 20
Naia
Je m'étais réveillée assez tard, le côté où Ondine dormait défait et vide. D'habitude, elle me réveillait pour prendre le petit déjeuner ensemble, puis elle commençait la matinée à m'expliquer deux-trois trucs concernant le bateau. Mais aujourd'hui, elle m'avait laissé dormir. Peut-être qu'elle avait essayé de me réveiller mais que j'étais trop fatiguée pour l'entendre. Ou alors, elle m'avait laissé me reposer afin que je récupère de mes blessures, qui allait beaucoup mieux d'ailleurs grâce à l'onguent de Kevin. C'était absolument miraculeux, en fait. Mes plaies n'avaient pas totalement guéri, toutefois, je n'avais plus mal. A part quand je les touchais, ce que j'allais éviter de faire, bien évidemment.
Je me levais et allais m'habiller. Il était temps que je commence à travailler. Ou sinon Dylan allait rouspéter. Je me dépêchais et courus vers le pont aussi vite que je pus. Une fois à mon poste, je ne vis le capitaine nul part. C'était bizarre ! Il était toujours là avant tout le monde, comme s'il se levait à l'aube. J'avais remarqué qu'il préférait tenir le gouvernail le matin et le laisser à Ondine l'après-midi tandis qu'il vaquait à d'autres occupations comme lire sa carte ou aider ses hommes. Cependant, ce matin, il n'était nulle part en vue. La jeune femme blonde tenait la barre à sa place.
Je n'étais pas inquiète non, mais je sentais que quelque chose n'allait pas. D'habitude mon don pour voir l'avenir ne marchait pas comme ça. Déjà, parce que je voyais le futur et non le présent, et surtout car il fallait que je touche quelque chose en rapport avec la vision que j'allais percevoir. C'était compliqué, je devais bien l'admettre. C'est peut-être pour ça que je n'en avais pas beaucoup.
Donc, suivant mon instinct, je me dirigeais vers la cabine du capitaine. Plus j'approchais de ma destination, plus ma nervosité augmentait. Pourquoi étais-je nerveuse ? Est-ce parce que je sentais que quelque chose n'allait pas ? Je me triturais les mains, mais rien n'y faisait. Arrivant devant la porte, je pris une longue respiration pour me calmer et toquai. Après que j'eus entendu un bruit de fond, j'entrai pour découvrir Dylan, moitié assoupi, moitié en train de se réveiller. Il était assez mignon, recroquevillé dans sa couette.
- Quelle heure est-il ? me demanda-t-il d'une voix rauque.
- Un peu plus de 11h, je lui répondis.
- Quoi ? Mais vous auriez dû me réveiller avant !
Il se leva d'un coup, comme s'il était pressé. Mais il l'avait fait trop vite et il retomba sur son lit, en se tenant la tête.
- Hé, on n'est pas pressé. Et puis, ne t'inquiète pas, Ondine gère sur le pont. Les hommes travaillent comme il le faut, donc détend-toi. Je te signale que tu avais besoin de repos, pour guérir toutes ces blessures. Il faut vraiment que tu apprennes à te ménager.
Il plongea son regard dans le mien et ce que j'y vis me coupa le souffle. Il me regardait intensément, comme s'il voulait tout connaitre de moi.
- Tu as raison, murmura-t-il si bas que je faillis ne pas entendre.
- Pardon ? Tu peux répéter ?
- Non, tu as très bien entendu. Et puis, si ce n’est pas le cas, t'en pis pour toi.
Je rigolais. Enfin j'avais retrouvé le vrai Dylan. Celui qui me provoquait à longueur de temps.
- Bon, passons aux choses sérieuses. Il faut que je m'habille et que j'aille travailler. Il faut bien qu'on arrive à décrypter cette carte, non ?
- Absolument ! répondis-je. Bon, bah, on se retrouve sur le pont alors ?
Je commençais à partir lorsque j'entendis sa voix m'appelait.
- Naia, fit-il d'une voix douce et un tantinet timide.
- Oui ? me retournai-je vers lui d'un coup.
- J'aurais besoin d'un petit service. Est-ce que tu peux me mettre de l'onguent dans le dos ? me demanda-t-il. Je n'arrive pas à atteindre cette zone.
- Oh oui, pas de problème.
Je m'avançais vers lui et pris place à ses côtés sur le lit. Son lit. Je fus soudain très consciente de sa proximité. Une certaine chaleur se dégageait de son corps et cela me donna des frissons. Je pris la pommade et en versa sur ma main. Une fois que je lui signifiai que j'étais prête, il enleva sa chemise et je pus voir son dos. Je retins un hoquet de surprise. Pas parce qu'il était musclé ou que son dos était beau, mais parce qu'il avait des cicatrices de partout, en plus de toutes les brûlures qu'il avait acquises. Je coupai court à mes pensées et appliquai l'onguent sur sa peau. Dès le premier contact, je ne pus oublier la sensation de son épiderme sur la mienne. Mon cœur se mit à battre plus vite. J'avais des picotements dans la main à chaque fois que j'étalais la pommade. Est-ce qu'il ressentait ça aussi ? Ou est-ce juste moi qui devenait bizarre ?
Je ne savais combien de temps s'était écoulé, mais au bout d'un moment, je retirai ma main. Son dos était empli d'onguent. Dès que j’enlevai ma paume, un froid glacial s'empara de moi. Pourtant, il faisait bon sur le navire.
- Merci, entendis-je la voix (chevrotante ?) de Dylan.
Je ne pouvais pas parler. Je ressentais tellement de choses à ce moment que je ne pus prononcer aucun mot. Alors je partis, ma tête pleine de pensées toutes plus farfelus les unes que les autres. Qu'est-ce qu'il venait de se passer ? Est-ce que j'avais vraiment envie de le savoir ? Je ne pus me calmer qu'une fois loin de la cabine, c'est-à-dire loin de Dylan. Qu'est-ce que cela voulait dire ?
Crédit Photos : Pinterest
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