Je me réveillais au bord d’une route sombre et terne. Je ne sentais ni le chaud, ni le froid, à croire que mon corps ne pouvait plus rien ressentir. A l’intérieur de moi, c’était la même chose. Un vide immense s’emparait de mon cœur et m’embrouillait l’esprit tandis que j’essayais, en vain, de me souvenir de ce qu’il m’était arrivé.
Je me levais avec difficulté dans l’obscurité de la nuit pendant que la lune brillait de mille feux. Je tanguais sur le chemin goudronné jusqu’à ce qu’un bruit fracassant retentisse dans mes oreilles sensibles. Je m’arrêtais net et découvrais enfin le mystère de ce vacarme. J’avais marché sur un miroir, que j’avais fracassé en plusieurs morceaux. Je me penchais pour ramasser un fragment et me regardais dedans. Ce que j’y aperçus me surprit. Mon visage était d’une blancheur maladive, mes yeux étaient devenus fades et avaient perdu leur éclat bleuté, et ma peau avait une pâleur inhabituelle.
Je continuais lentement ma marche après avoir reposé le bout de glace et constatais une chose. Où que j’aille, la solitude et les ténèbres me suivaient. Quand j’atteignais la première maisonnée du quartier dans lequel je me trouvais, l’espoir eut raison de moi. Je me ressentais vivre, mais cela ne dura que quelques secondes. En effet, personne ne se trouvait dans les parages alors je ne m’arrêtais pas. Je ne savais pas d’où me venait ce sentiment qui me poussait à rencontrer absolument un être vivant cependant j’étais trop fatigué pour y penser, ne serait-ce qu’une seule minute.
De la musique me parvenait et je reconnaissais le son d’une fête. Mon cœur recommençait à battre dans ma poitrine alors que je sentais la vie qui m’entourait. Impatient, je me ruais, à une vitesse incroyable, vers la direction de la mélodie. Je passais devant un nombre incalculable d’adolescents qui ne se doutaient pas de ma présence parmi eux. En un sens, cela était à mon avantage. Je baissais la tête vers le sol et me dénichais un coin tranquille.
Tandis que je m’asseyais sur un tronc d’arbre, quelqu’un s’approcha de moi. C’était une jeune fille timide qui ne devait pas apprécier la foule dansante. Je fus alors pris d’une faim implacable. Mes yeux allaient du visage de l’inconnue à son sublime cou, faisant des allers-retours incessants, sans que je puisse me contrôler.
« Tout va bien ? » me demanda-t-elle.
Je hochais la tête pour acquiescer et n’y tenant plus, je me jetais sur sa nuque. Je posais mes lèvres sur sa délicieuse peau et me délectais de sa chaleur qui m’envahit au plus profond de mon être. Une fois rassasié, je m’écartais et je démasquais enfin ce qu’il m’arrivait. La belle adolescente était étendue par terre et peinait à respirer. Je fus secoué de frissons lorsque la vérité se révéla à moi et je m’en allai en courant.
J’étais devenu un vampire. Et je venais de tuer cette pauvre innocente.
FIN.
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