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Fiction - Life Is Worth Living Partie 1


Prologue.


Que savez-vous de la dépression ? Peut-être que vous ne vous rappelez pas ce que ça veut dire ou alors vous vous en souvenez très bien et vous en avez fait les frais comme moi. Mais certains croient que cela ne touche que quelques personnes alors que ça peut arriver à chacun d'entre nous de se sentir tellement seul que nous voulons juste en finir une bonne fois pour toute. Cependant, je vais vous dire une chose : vous avez tout faux. La dépression est une maladie, un trouble mental qui peut se soigner. Car si vous avez assez de foi pour voir que la vie vaut la peine d'être vécue, alors vous êtes sauvés.

Avant, je croyais dur comme fer que ma vie était minable et tellement ennuyante que je passais mes journées soit à lire, soit à regarder la télé. Je me suis désintéressée du monde qui m'entourait, de ma famille, de mes amis... Tout ce que je voulais, c'était qu'on me fiche la paix. Et au bout d'un moment, cela n'a plus suffit. Alors, j'ai ouvert une boîte de Doliprane et j'ai avalé tous les comprimés jusqu'au dernier. Et me voilà dans un hôpital, plongée dans un profond coma.



*****



Chapitre Un.


"Amber", entendis-je au loin. "Amber, réveille-toi" répéta la voix avec douceur. Mes lourdes paupières commencèrent à se lever petit à petit, se fragilisant un instant à cause de la luminosité. Je me sentais endolorie par le sommeil comme si tous mes muscles étaient en coton. Puis, m’adaptant à la lumière, je distinguai des silhouettes familières autour de moi.

- Amber, ça va ma chérie ? demanda ma mère, une pointe d’inquiétude perçant dans ses paroles.

- Oui, oui, ça va, répondis-je avec amertume.

Je me redressai sur un lit particulièrement inconfortable pour faire face à ma famille, remettant en place mes boucles châtains qui me gênaient. Mon petit frère, Tony, avait les larmes aux yeux, les retenant de justesse. Il se tenait près de ma mère, Natalie, une femme élégante dans sa tenue impeccable qui s’ajustait à la perfection avec les courbes de son corps magnifique.

Un homme s’avança soudain et prit la parole. Ecoutant à moitié, je le détaillai avec attention. Je ne le connaissais pas, mais sa blouse blanche et son ton rêche me permirent de saisir sa fonction.

- Amber, tu écoutes, s’il te plait ? lança ma mère d’un air réprobateur. Le médecin te parle de… de ta maladie.

- Mais je ne suis pas malade ! criai-je. Maman, j’ai un problème. Quand vas-tu t’en rendre compte ?

Un silence gênant s’installa dans la pièce d’une couleur blafarde, interrompu par les bips incessants des machines alentours.

- Votre problème, Mademoiselle, comme je viens de le dire à votre mère, est peut-être dû à la relation que vous entretenez avec elle et plus globalement avec vos proches, déclara le docteur après un long moment. Cependant, nous sommes là pour vous aider et pendant votre sommeil, votre mère a décidé de vous placer dans la section de l’hôpital qui traite de ce genre de problèmes. Bien entendu, vous rencontrerez des personnes avec d’autres pathologies que vous mais…

- Attendez ! Elle a fait quoi ? m’écriai-je.

- Amber, tu as besoin d’aller mieux, j’ai besoin que tu ailles mieux, commença ma mère. Ça te fera du bien, tu verras.

- Non, tu n’as pas le droit de décider de ma vie, répliquai-je férocement. A ton avis, pourquoi j’ai pris ces pilules ? Ce n’est…

- Amber, m’interrompit soudain Tony, s’il te plaît, pour une fois, accepte notre aide. J’en ai marre de te voir dans cet état.

Regardant mon frère comme si c’était la première fois que je m’apercevais réellement de sa présence dans cette salle, je remarquai alors son regard empli de tristesse et compris que j’avais agi comme une égoïste. Je lui souris et tendis la main vers lui. Il l’accepta gentiment et joignit la sienne à cette étreinte.

- Ne t’en fais pas pour moi, dis-je en m’adressant à lui, je vais accepter et je te promets que je vais essayer…

Ma voix s’éteignit brusquement sans que je puisse la contrôler. Reprenant mes esprits, je me tournai vers le médecin et repris la parole.

- J’aurais le droit de revoir ma famille quand même ?

- Bien sûr, répondit-il. Ils auront le droit de vous voir pendant les week-ends seulement mais, une fois par mois, vous aurez le plaisir de faire une activité hors de l’établissement avec vos nouveaux amis d’ici.

- Docteur, est ce que vous pouvez lui expliquer en quoi consiste ce programme ? demanda ma mère.

- A vrai dire, je n’en fais pas partie mais j’en sais suffisamment pour vous renseigner. En quelques mots, vous aurez des entrevues individuelles et collectives avec des professionnels qui vous aideront à comprendre vos tiraillements et vous irez aussi en cours avec des personnes du même âge afin que vous continuiez vos études.

Assimilant ces informations au fur et à mesure, je ne me rendis pas compte que j’allai être seule face à cette nouvelle épreuve. Lorsque la lumière se fit dans mon esprit, je fus parcouru d’un frisson et un nombre incalculable de questions se mit à se bousculer dans ma tête. Dans mes pensées, je n’entendis pas ce que le médecin me disait.

- Mademoiselle, vous avez des questions ?

- Pas pour l’instant, fis-je lasse, ne me sentant pas de faire un interrogatoire.

Je me rallongeai sur le matelas dur et me pelotonnai contre les couvertures. J’entendis des pas se diriger vers la porte, située derrière moi. Puis, je fermai les paupières et me laissai sombrer dans le sommeil.



*****



Chapitre Deux.


Le lendemain matin, je changeai de chambre pour une autre aux couleurs plus réjouissantes et avec un lit confortable. Ma nouvelle chambre. Cette pensée me redonna un peu de satisfaction. Ma mère y avait déjà déposé mes affaires. Après les avoir rangées, je pris du temps pour analyser les recoins de la pièce. Elle n’était pas très grande, toutefois cela me suffisait amplement. Elle était pourvue de meubles et d’armoires assez grands pour mes vêtements, d’un bureau en bois sublime et de deux canapés installés face à une télévision. Puis, je fus interrompue par un homme d’une trentaine d’année, habillé en combinaison bleu clair où était inscrit sur une épingle le nom Parish.

- Bonjour Amber, je suis le docteur Parish. Je serais ton médecin attitré. Alors n’hésite pas à me demander ce que tu veux : de l’aide, des conseils, bref n’importe quoi, d’accord ?

Je hochai la tête en signe d’acquiescement et il reprit son discours.

- Donc, pour m’appeler, tu auras besoin de ce bip, tu appuies une fois pour les urgences et deux fois pour les autres nécessitées.

Il me tendit un objet aussi gros qu’un jeton de poker. Je l’examinai avec attention et découvris au dos mon prénom inscrit en petit caractère à peine lisible.

- Et voici ton emploi du temps, continua-t-il en me remettant une feuille cartonnée.

Lisant celui-ci, je constatai avec émerveillement les heures de temps libre dont je disposais. Les week-ends étaient tous libres et je finissais chaque jour à 16h. C’était mieux que celui du lycée :


LUNDI MARDI MERCREDI JEUDI VENDREDI SAM-DIM

8h - Sport Cours - Cours -

9h Cours Sport Cours Cours Cours -

10h Cours - Travaux Cours Infirmerie -

11h Psychologie Cours Travaux Infirmerie - -

12h Déjeuner Déjeuner Déjeuner Déjeuner Déjeuner Déjeuner

13h - Collectif - Cours Psychologie -

14h Cours Cours - Cours Sport -

15h Cours Cours - Travaux Sport -

16h Travaux - - Médecin - -

17h - - - - - -


Seulement, je ne comprenais pas très bien les matières. “C’est quoi les cours d’Infirmerie ou ceux intitulés Médecin ?“ Je posai donc mes questions au docteur Parish.

- Oh, ne t’inquiète pas ! répondit-il avec enthousiasme. Celui de Médecin, c’est un temps pour parler avec moi et celui de l’Infirmerie, c’est quand tu parleras à des infirmières pour voir comment tu évolues ici. Tu verras, tout va bien se passer et j’espère que tu te plairas ici.

- J’ai d’autres questions pour vous, fis-je tout en réfléchissant.

- Vas-y ! m’encouragea-t-il.

- Le soir, je mange à l’heure que je veux, c’est ça ?

- Ton dîner sera apporté dans ta chambre donc oui, tu pourras manger quand tu voudras. Par contre, le midi, c’est à la cafétéria que tu iras.

- Ok. Et pour les salles de classes ? enchaînai-je.

- J’attendais que tu me la poses, déclara-t-il avec un sourire. Nous allons justement faire un tour pour que tu connaisses l’hôpital et toutes les salles où tu iras plus tard. Tu es prête ? Ou on peut le faire à un autre moment ?

- Je suis prête, c’est bon ! m’exclamai-je, comme je n’avais rien d’autre à faire.

Je le suivis dans le couloir et nous poursuivîmes notre chemin sur les cinq étages qui constituaient l’hôpital. Ce dernier était immense et le parcours dura plusieurs heures jusqu’à ce qu’il me laisse à la cafétéria un peu avant midi.



*****



Chapitre Trois.


Ayant choisi ma nourriture au buffet, je me dirigeai vers une table libre. J’avançai tranquillement lorsqu’une personne s’adressa à moi à travers la salle, me faisant sursauter.

- Hey, la nouvelle ! lança une voix masculine à une table.

Me tournant vers elle, je découvris un jeune homme blond dont les yeux couleurs d’ambre contrastaient avec le ciel sombre. Il était accompagné d’un groupe d’amis constitué de deux garçons et d’une fille assez mince.

- Hum ? fis-je, perplexe.

- Tu peux venir à notre table, si tu veux.

- Oh euh… Ok, merci ! fis-je en m’y installant, surprise par sa gentillesse.

- Je suis Logan, au fait, se présenta-t-il.

- Et moi Amber.

- Alors Amber, tu es ici pour quoi ? Je veux dire, quelle est ta maladie ?

- Euh…, murmurai-je.

- Oh, ce n’est pas grave ! Tu n’es pas obligé de t’expliquer. Beaucoup ne le font pas, tu sais.

- Non, c’est juste le fait de le dire à un parfait étranger, rétorquai-je en fronçant les sourcils.

- Tu ne fais pas confiance facilement, toi, constata le fameux Logan.

- C’est un problème ? Et toi, pourquoi es-tu là ?

- Et pourquoi je te le dirais ? répliqua-t-il.

- Parce que tu as l’air de ne pas en avoir honte.

- Tu marques un point ! Tu m’as bien cerné, on dirait. Bref, je suis un accro à la drogue, avoua-t-il comme si de rien n’était.

- Et moi, je suis en dépression, admis-je à mon tour.

- Alors, c’était si dur à confesser ?

- Oh, arrête, Logan ! s’exclama une fille aux cheveux d’un noir de jais, assise en face du jeune homme. Moi, c’est Ellie et eux, c’est Ben et Cody.

Ils m’adressèrent un signe de la main et retournèrent à leur repas. Je jugeai approprier de les suivre et entamai mon entrée. Mon plateau était composé d’une salade verte, d’un plat de poulet rôti qui sentait agréablement bon, accompagné d’haricots et d’une pomme en dessert. La nourriture était bien meilleure que celle du lycée et j’en profitai avec délectation. Lorsque je jetai un coup d’œil aux environs, je constatai qu’Ellie n’avait presque pas touché à ses aliments.

- Tu ne manges pas ? lui demandai-je, curieuse.

- Oh non, je n’ai pas faim, me répondit-elle d’une voix chevrotante.

- Ellie souffre d’anorexie, me prévint Ben dans un murmure.

- Oh, je ne savais pas, chuchotai-je doucement.

C’est alors que je pris conscience qu’il y avait des personnes avec des pathologies plus grave que les miennes et je compris les raisons qui avaient poussées ma mère à agir ainsi. Nous avons tous besoin d’un peu d’aide à un moment donné, que cela nous plaise ou non. Il suffit juste d’accepter le soutien que nous apportent volontiers nos proches. A cette pensée, mes lèvres s’étirèrent en un petit sourire de ravissement.



*****



Chapitre Quatre.


Finalement, je retire ce que j’ai dit plus tôt, à la cafétéria. Je ne veux plus de l’assistance de ma mère. Je n’en ai pas besoin. Je sais parfaitement me débrouiller toute seule. Et partir d’ici, serait la meilleure chose qui pourrait m’arriver. En effet, je me trouvais dans une salle sombre dépourvue de chaleur et de fenêtre. La psychologue, assise tranquillement dans son fauteuil, me toisait d’un air abject en attendant ma réponse. Néanmoins, je ne désirais pas prononcer un mot.

- Amber, il faudra bien, un jour où l’autre, que tu acceptes de parler de tous ce qui te fait te sentir mal dans ta peau, déclara-t-elle. Mais commençons plus doucement dans ce cas. Parle-moi de ta famille.

- Suis-je obligée ? demandai-je rudement.

- Si tu veux aller mieux, oui.

Je pris une profonde inspiration et me détendis légèrement. Après tout, elle avait fait un effort pour changer de questions, à mon tour, d’en accomplir un aussi.

- J’ai un frère de 10 ans qui s’appelle Tony. Il adore le basket et les figurines de super héros. Ma mère est avocate et donc, on ne la voit pas souvent à la maison. Elle travaille beaucoup, c’est pour ça.

- Je vois, lança la psychologue. Et ton père ?

- Mon père est parti après la naissance de Tony. Je ne l’ai plus revu depuis, ni d’ailleurs parlé ou quoi que ce soit d’autre.

- Tu dois te sentir délaissée et abandonnée, non ?

- Non, je dirais plutôt déçue, avouai-je.

- Et pourquoi ? insista-t-elle.

- Parce qu’il aurait au moins pu donner à Tony un peu de son amour au lieu de nous quitter du jour au lendemain comme il l’a fait. Il aurait pu nous écrire, qu’est-ce que ça lui coûte de le faire ? Rien ! expliquai-je.

Tout à coup, une montre sonna et la psychologue se redressa brusquement. Elle rassembla ses papiers et referma le dossier posé sur ses genoux.

- Oh, je n’avais pas vu l’heure, dit-elle calmement. La séance est finie. J’ai été ravie de faire ta connaissance, Amber. Nous nous reverrons donc Lundi à 11h, c’est ça ?

- Euh oui, fis-je en regardant mon emploi du temps.

- Bon et bien, bonne chance et bienvenue parmi nous, annonça-t-elle en me souriant. Si jamais tu as besoin de quoi que ce soit, viens me voir, je suis toujours dans cette salle, de toute façon.

- D’ailleurs, elle n’est pas très accueillante, admis-je.

- Oh oui, mais il n’y a pas d’autre pièce où je puisse m’installer, alors je n’ai pas vraiment le choix.

Elle ouvrit la porte et pendant un instant, je fus aveuglée par la lumière qui provenait du couloir.

- Tu as raison, il me faudrait un endroit avec des fenêtres, déclara-t-elle en clignant des yeux. Au revoir Amber et la prochaine fois, tu peux m’appeler Kate.

- Au revoir !

Je sortis et m’orientai vers le gymnase, en marchant un peu plus vite, de peur d’être en retard pour mon premier cours de sport. A vrai dire, cette femme n’était pas méchante, contrairement à ce que je pensais au début de la séance. Mon comportement avait été déplacé et je devais apprendre à connaître les personnes avant de les juger. Peut-être que mon trouble venait de moi et pas des autres ?



*****



Chapitre Cinq.


Epuisée par ces deux heures de sport, je dormis comme un bébé et lorsque je me réveillai, des courbatures s’étendaient sur tout mon corps. Heureusement que c’était le week-end et que j’allai pouvoir me reposer. Après un bon petit déjeuner, je m’assis paisiblement sur un des canapés et regardai la télé avec paresse. Au bout d’un quart d’heure, je fus interrompue par un raclement de gorge et je découvris le docteur Parish dans l’encadrement de la porte, restée entrouverte pour aérer la chambre.

- Je ne te dérange pas, j’espère ? demanda-t-il, inquiet.

- Oh non, je regardai juste une émission, répondis-je aussitôt.

- Je voulais savoir si tout se passait bien ici pour toi, si tu t’adaptais bien à l’environnement du centre ?

- Oh ça va, lui assurai-je. En plus, ma chambre me plait.

- Bien alors, fit-il en riant. Tu t’es fait des amis hier ?

- J’ai rencontré un groupe de personnes mais je ne suis pas vraiment amis avec eux pour l’instant, je ne les connais pas encore.

- Ça viendra, tu verras ! me certifia-t-il. Les gens du centre acceptent facilement les nouveaux venus, ils les comprennent assez bien car certains ont le même problème. Peut-être que tu trouveras quelqu’un comme ça, toi aussi.

- Comme vous l’avez dit : on verra, lançai-je d’un air désinvolte.

- Très bien, alors je vais te laisser. Profite bien de ta journée ! affirma-t-il.

- Merci, à vous aussi ! déclarai-je tandis qu’il s’éloignait dans le couloir.

Retournant à mes occupations, je ne vis pas le temps passer et bientôt, midi arriva. Je n’avais pas très faim mais je m’obligeai à prendre un petit repas afin de ne pas faire souffrir davantage mon corps. Prendre ces médicaments avaient endommagés considérablement mes membres, me rendant faible mais sur le moment, cela ne m’avait pas traversé l’esprit. Perdue dans mes pensées, je percutai quelqu’un qui me ramena brutalement à la réalité.

- Hey, ça va ? demanda un Logan, un tantinet inquiet.

- Oui, très bien. J’étais juste dans mes pensées, expliquai-je, posément. Je suis désolée de t’avoir bousculé.

- Ne t’inquiète pas, y a pas de mal, répondit-il.

Puis, je repartis en direction de ma chambre quand il m’arrêta en attrapant mon bras. Je me retournai avec un air inquisiteur.

- Euh, fit-il gêné, est ce que tu as fini de manger ?

- Oui, pourquoi ? demandai-je, intriguée.

- Tu veux faire un tour ? me proposa-t-il.

- Que tous les deux ?

Cette question était sortie de ma bouche sans que je puisse la retenir. Je fus surprise par l’audace dont j’avais fait preuve.

- Bah juste un bout de chemin, puis on retrouvera Ben, Ellie et Cody.

- Ah, bah je suis partante, acceptai-je.

Il me conduisit dans d’étranges passages dans lesquels nous ne croisâmes personne. Puis, nous passâmes par un côté de l’hôpital que je ne connaissais pas. Je commençai à m’inquiéter légèrement. Où m’emmenait-il ? Enfin, il s’arrêta devant une petite salle délabrée où des rires fusaient à travers la porte de fer. Lorsqu’il tourna la poignée, je distinguai les trois amis du jeune homme. Je les détaillai avec attention pour la première fois. Cody, un brun dont les yeux d’amande brillaient dans la lumière tamisée, était grand et devait avoir dans les 18 ans. Ben, le plus costaud du groupe, possédait la même couleur de cheveux que Cody en plus foncé et coloré grâce à ses prunelles d’un jade resplendissant. Dans la semi obscurité, je discernai mieux la maigreur d’Ellie qui la cachait avec sa longue crinière noire. Ses pupilles marron étaient encadrées de longs cils de la même teinte que sa chevelure. Quant à Logan, ses yeux d’ambre étaient tout simplement sublime et lorsqu’ils plongèrent dans les miens, bleu gris, je ne pus m’empêcher de rougir. Puis, il me sourit et entra dans la pièce, rejoignant ses copains.

- Fait comme chez toi, lança Cody dans un rire qui sonnait faux.

C’est alors que j’aperçus ce qu’il faisait. Un sachet de drogue trainait derrière le vieux canapé usé. Puis, Logan se servit et roula une cigarette d’un air décontracté sans s’apercevoir de mon visage outré.

- Je rêve où vous fumez tous un joint ? m’écriai-je, les sourcils froncés.

- Bah oui, on le fait tous le temps, répondit Ben.

- Mais vous vous rendez compte de ce que vous faites !

- Y a pas de mal, dit Logan en roulant des yeux.

- Et surtout toi, tu ne devrais pas faire ça si tu es un toxicodépendant ! criai-je, affligée.

- Oh c’est bon, tu te prends pour qui ? Pour ma mère, peut-être ? rétorqua-t-il. Tu crois que le fait d’avaler des pilules te met au-dessus des autres ?

Je restai bouche bée en entendant ses paroles. Comment il était au courant de la raison de ma présence dans ce centre ? Et non, je ne me croyais pas supérieure néanmoins, je savais le danger que la drogue représentait.

- Tu sais, ton trouble est le même que le mien. Prendre des médicaments et de la drogue c’est presque pareil, ajouta-t-il.

Mon cœur se serra et je me sentis compressée dans cet endroit miteux. Je tournai les talons et m’en allai sans jeter un moindre coup d’œil vers eux. Après tout, s’ils voulaient se faire du mal, c’était leur problème, pas le mien. Toutefois, ses mots revinrent me hanter et je constatai avec difficulté qu’il avait raison. Sa pathologie et la mienne se ressemblaient étroitement. Et je ne pus étouffer ce sentiment de malaise pendant cet interminable week-end.



*****



Chapitre Six.


Le lundi suivant, j'essayais d’éviter autant que possible de croiser Logan ou ses amis. Parfois, il me regardait et détournait aussitôt le regard quand je pivotais ma tête vers lui. Le sentiment de malaise qui m'oppressait s'accentuait quand il était dans les environs. Et cela ne s'arrangea pas le lendemain. Surtout lors de la réunion collective où chacun devait raconter sa pathologie aux autres. Ce fut Ben qui commença.

- Bonjour, je m'appelle Ben Meyer, j'ai 17 ans et j'ai un problème de foie.

- Explique nous comment c'est arrivé ? demanda le jeune médecin qui animait la séance.

- Je fais du foot depuis que j'ai 5 ans et l'an dernier, raconta-t-il, on m'a incité au dopage. Alors, idiot comme j'étais, j'en ai pris. Ça procure une telle sensation que j'en ai abusé. Jusqu'au jour où j'ai découvert que mon foie ne supportait pas les doses.

- Bien, à toi Cody, reprit le docteur.

- Bonjour, lança le jeune brun, je suis Cody Blake, j'ai 18 ans et j'ai une tumeur à l'œil gauche. C'est arrivé au beau milieu d'un contrôle, j'ai commencé à avoir mal à l'œil, puis ça s'est répandu dans ma tête. La douleur était insupportable et on m'a emmené aux urgences.

Le médecin fit passer deux autres personnes puis ce fut au tour de Logan.

- Bonjour, je m'appelle Logan Reyes, j'ai 17 ans et je suis un accro aux drogues. Voilà c'est tout !

- Tu n'es pas très bavard aujourd'hui, remarqua le docteur. Bref, à toi, Ellie !

- Bonjour, je m'appelle Ellie Jordan, j'ai 18 ans et je suis anorexique.

- Ok, on va passer à notre nouvelle recrue, dit-il en parlant de moi.

- Salut, je suis Amber Collins, j'ai 16 ans et je suis dépressive. J'ai tenté de me suicider quand j'ai vu ma vie devenir un énorme chaos et c'est pour ça que je suis ici, déclarai-je comme si j’étais un robot, sans émotion et comme si j’étais coupée de la réalité.

La session continua mais je n'y prêtai pas beaucoup d'attention. Mes sentiments se bousculaient dans mon corps avec frénésie, faisant vibrer mon cœur d'une manière anormale. Puis, je sursautai lorsque j'entendis la sonnerie retentir pour signaler la fin de la réunion. Je ressemblai mes affaires, pris mon sac et marchai vers la porte.

- Amber, fit Logan en me rattrapant à la sortie, je voulais m'excuser pour l'autre jour. Ce que j'ai dit était complètement dépassé. Alors voilà, excuse-moi !

- Tu sais, tu n'avais pas tort en disant que nous avons le même trouble. Je pense justement que c'est vrai.

- Non, non, objecta-t-il, j'ai dit ça sous l'influence de la drogue et de la colère...

- Mais tu avais raison, je n'avais pas le droit de vous juger comme je l'ai fait, l’interrompis-je. À moi de demander pardon.

- Tu sais quoi ? Et si on oublier tout ça ? suggéra Logan.

- Je suis absolument d'accord ! confirmai-je.

Et depuis ce jour, Logan et moi sommes devenus amis. À vrai dire, nous sommes tous devenus amis, avec Ben, Cody et Ellie. D’ailleurs, je m’étais considérablement rapprochée de la jeune fille, la trouvant très sympathique. Le week-end qui suivit, elle m’invita dans sa chambre, une salle identique à la mienne mais elle possédait des ornements artistiques somptueux.

- Tu es une artiste ? l’interrogeai-je, curieuse.

- Oh, je dessine de temps en temps, admit-elle d’un air indifférent.

- En tout cas, c’est magnifique ! m’exclamai-je, impressionnée par son travail.

Puis, nous nous assîmes et la conversation s’anima d’elle-même. J’appris qu’elle était dans le centre depuis moins d’un an, néanmoins nous ne nous attardâmes pas sur le sujet car elle n’aimait pas en parler. Je respectai sa décision et en fus toute aussi reconnaissante, ne voulant pas paraître plus vulnérable que je ne l’étais déjà. Puis, la porte toqua et nous aperçûmes Cody dans l’embrasure.

- Vous venez ? fit-il d’une voix paisible.

- D’accord, accepta Ellie en se levant.

- Pour aller où ? lançai-je.

- Un conseil, précisa la jeune fille aux longs cheveux noirs de jais, ne demande jamais où on va.

- Euh… ok, murmurai-je perplexe.

Et je les suivis pendant qu’ils me menaient dans un dédale de couloirs.



*****



Chapitre Sept.


De retour dans ma chambre, j’attendais patiemment l’arrivée de ma famille. Confortablement assise sur le canapé, je lisais un magazine lorsque quelqu’un toqua à la porte. Je me levai et marchai dans cette direction pour ouvrir le battant. Surprise de voir uniquement ma mère, je laissais échapper un hoquet aigu. Reprenant mes esprits, je demandais inquiète :

- Où est Tony ?

- Oh, il est à un match de basket, il n’a pas pu venir, répondit ma mère.

Un moment de silence gênant s’engouffra dans la pièce comme un souffle d’air froid.

- Alors, comment ça se passe ici ? m’interrogea-t-elle, anxieuse.

- Ça va, dis-je d’une voix monocorde.

Le silence revint, plus pesant qu’une minute plus tôt. Ma mère se triturait les mains dans un geste d’angoisse. Ma tête bourdonnait au rythme de mes interrogations. Que faisais-je dans cette sombre chambre ? Je voulais être avec mon frère, l’encourager et le supporter, mais au lieu de ça, j’étais coincée dans cet hôpital. Et s’il perdait parce que je n’étais pas là pour le soutenir ? Tout serait de ma faute ! Quel genre de sœur étais-je ? La réponse était simple : une atroce et égoïste sœur. Je ne pourrais pas lui en vouloir de me détester, moi-même je me haïssais. Soudain une voix prit la parole.

- Tu pourrais me parler un peu plus Amber ! me reprocha ma mère. On ne se voit pas souvent, désormais.

- Hum, hum, fis-je dans un haussement d’épaules.

- Amber ! s’écria-t-elle, une pointe de colère perçant dans son ton.

- Quoi ? rétorquai-je en tournant mon regard vers elle. Je n’ai rien à te dire.

- Ah, vraiment ? Après une semaine ?

- Ma vie est tellement passionnante, c’est vrai ! ironisai-je.

- Tu me parles sur un autre ton, s’il te plaît ! cria ma mère avec exaspération.

- Dans ce cas, je m’en vais ! m’exclamai-je avec dédain.

Tournant les talons, je dépassai ma mère qui me regardait d’un air étonné et m’élançai dans le couloir. Je courrai sans fin, plongée dans une horrible sensation de flou. Le monde autour de moi m’apparaissait morne et sans intérêt. Puis, je fus bousculée par un corps assez musclé qui me projeta au sol. Le choc me coupa le souffle et des larmes de fureur brouillaient ma vision.

- Amber ? fit une voix masculine avec stupeur. Tout va bien ? Je ne t’ai pas fait mal ?

Ravalant ma rage, je discernais un visage familier devant moi. Une jolie tête blonde du nom de Logan dont les yeux bleu couleur d’ambre resplendissaient à la lumière. Me tendant sa main, je la saisis machinalement afin de me mettre sur pied. Sa peau était chaude et douce, apaisant un peu mes tourments. Toutefois, je devais retourner dans la réalité. Retirant ma paume d’un geste brusque, je lançai froidement :

- Ça va très bien, merci !

Et je partis d’un pas décidé, allant là où me portaient mes jambes. Au bout d’un quart d’heure, je m’arrêtai et m’adossai contre un mur afin de reprendre mon souffle. Lorsque je jetai un coup d’œil autour de moi, je constatai qu’une porte était entrouverte. Stimulée par la curiosité, je m’approchai lentement. Une fois à l’intérieur, mon regard se posa sur les millions de cartons disposés sur des étagères. Des noms de médicaments étaient inscrits dessus. Poussée par une pulsion, je m’emparai d’une boîte de Dafalgan et avalai son contenu d’un coup sec. Mon corps se détendit soudain. Les douleurs qui m’assaillaient quelques secondes auparavant s’étaient dissipées. Mes paupières, de plus en plus lourdes, se fermèrent sans que je puisse les en empêcher. Puis, je sombrai dans un profond sommeil de mort.



*****



Chapitre Huit.


Mon réveil ne fut pas des plus agréables. Au contraire, quand j’ouvris mes pupilles, l’éclairage du plafond m’assaillit de toute part. mon corps était parsemé de courbatures que chaque mouvements étiraient avec souffrance. Puis, je sentis un effleurement près de ma main gauche qui me fit oublier la douleur.

- Hey Amber, tu te sens mieux ? dit Logan, serrant sa paume contre la mienne.

- Euh…, fis-je d’une voix rauque.

- Amber, m’interrompit le docteur Parish. Tu te rends compte de ce que tu t’es infligée ?

Les lèvres pincées, je m’obligeai à garder le silence. Je ne savais que trop bien l’erreur que j’avais commise. Malheureusement, je ne pouvais revenir en arrière.

- Amber, réfléchis bien aux conséquences de tes actes, la prochaine fois, continua-t-il voyant que je n’ouvrais pas la bouche.

- J’en suis consciente, répliquai-je. Mais que maintenant, à vrai dire !

Je fis la moue, déçue par mes propres agissements. Mon regard se voila de larmes que je refoulai à grande peine. Je devais garder la tête froide et me montrer forte même si je savais au fond de moi que c’était impossible.

- Ecoute Amber, je sais que c’est difficile pour toi en ce moment, déclara Parish. Tu n’es là que depuis peu et tu dois apprendre à t’adapter à un nouvel environnement. Mais on est là pour t’aider. Tu peux compter sur nous, pas vrai Logan ?

Le jeune homme semblait dans ses pensées. Il sursauta lorsque le docteur Parish s’adressa à lui.

- Euh oui… oui bien sûr, bredouilla-t-il en tenant fermement ma main.

Il se redressa sur sa chaise et enchaîna en plongeant ses sublimes yeux dans les miens :

- Steve a raison. Tes amis tiennent à toi, Amber. Je tiens à toi. Et je n’ai pas envie de te voir souffrir.

Ses paroles s’engouffrèrent à l’intérieur de moi avec un sentiment de bonheur. Logan tenait à moi ? J’en fus stupéfaite. Il ne me connaissait pratiquement pas. Néanmoins, un détail heurta mes réflexions.

- Euh… qui est Steve ? demandai-je.

- C’est moi, fit le docteur Parish en s’avançant d’un pas. Mon est nom est Steve Parish.

- Oh …, dis-je perplexe.

Puis, abandonnant mes interrogations, je me tournai vers Logan, fixant ses prunelles d’ambre.

- Tu… tu tiens à moi ? bégayai-je.

- Euh… oui, lança-t-il, gêné. Tu es une fille super sympa, intelligente et pleine de ressources ! Ça t’étonne ? me demanda le jeune homme lorsque je haussai les sourcils.

- Bon, je crois que je vais vous laisser, murmura le docteur Parish, en se dirigeant vers la porte.

Ne prêtant aucune attention à l’adulte, Logan reprit d’une voix plus assurée :

- C’est vrai, Amber ! Je t’ai observée pendant les cours et même si tu fais ta timide, je sais que tu t’intéresses beaucoup à ce que disent les professeurs.

- Peut-être…, avouai-je pensive.

- Amber, fit-il doucement, arrête de voir que le mauvais côté des choses. Le monde est rempli de merveilles. Je peux te les montrer, si tu veux ?

Je pris un instant pour réfléchir à ses paroles. Il venait de retranscrire à la perfection ce que je ressentais. A croire qu’il me connaissait mieux que moi. Peut-être devrais-je lui laisser une chance, afin de découvrir cet univers ?

- Et, ajouta Logan, j’ai décidé d’arrêter de fumer, pour de bon cette fois.

Je fus surprise par cette révélation. Bouche bée, je ne savais quoi lui dire. Heureusement, le jeune homme parla à ma place :

- J’ai demandé aux autres d’arrêter aussi…

- Mais pourquoi ? l’interrompis-je soudain, les lèvres sèches.

- Parce que tu avais raison, l’autre jour. On se fait autant de mal que toi quand tu as pris ce médicament.

Je baissais la tête, mes traits se teintant de tristesse. La pression sur ma main s’accentua dans un geste affectueux.

- Je… je suis désolé, déclara-t-il, embarrassé.

- Ce n’est pas grave, objectai-je.

Il lâcha ma main et me prit le visage pour que je plonge mon regard dans le sien. Son contact me procura une étrange sensation de bien-être. Malheureusement, cela ne dura que quelques minutes. Il retira délicatement ses paumes et se pencha au-dessus de son siège.

- Alors ? m’interrogea-t-il. Tu t’es décidée ?

- Oh oui, pardon ! m’exclamai-je. Je serais ravie de connaître ce monde !

Un sourire illumina subitement ses fossettes. Un éclat de béatitude y transparaissait, faisant apparaître, chez le jeune homme, un charme irrésistible. Que se passait-il ? Etais-je en train de tomber amoureuse de lui ?



*****



Chapitre Neuf.


Je me retrouvais allongée sur l’herbe, d’une douceur moelleuse comme un nuage, tandis que les oiseaux chantaient leur belle mélodie. La brise matinale rafraichissait mon visage. Me redressant, je constatai que mon frère jouait et riait à côté de moi. Ce son me remplissait d’une joie sans égale. Un peu plus loin, ma mère nous regardait avec un immense sourire et parlait avec animation avec une silhouette que je ne parvenais pas à distinguer. Toutefois, je ne m’en préoccupai pas, trop concentrée sur l’environnement resplendissant dans cette journée ensoleillée. Je vins rejoindre mon frère sur les balançoires, situées au milieu du jardin, et m’assis sur l’une d’elles.

- Tu sais, lança mon frère, tu es rayonnante aujourd’hui.

- Euh… merci, dis-je prise au dépourvu par ses paroles.

Je lui souris tendrement et il me rendit mon sourire avant de s’élever dans les airs en balançant ses jambes.

- Regarde, me cria Tony au-dessus de moi, papa et maman ont l’air très heureux !

- Papa ? hoquetai-je. Papa est là ?

- Bah oui ! me répondit-il. Où croyais-tu qu’il était ?

- Mais, papa est parti ! fis-je sans comprendre.

- Oui, mais il est revenu. Tu lui en veux toujours, c’est ça ? Maman lui a pardonné et moi aussi. Tu devrais faire pareil !

Puis, il sauta de son siège en bois et courut se réfugier à l’intérieur de la maison.

- Tony, attends ! Je ne voulais pas dire ça ! répliquai-je en le suivant.

Cependant je fus stoppée dans mon élan par une main qui m’entoura le bras afin de me retenir. Je fus soudain propulsée à côté de la silhouette que j’arrivais désormais à apercevoir.

- Amber, laisse-le, il va se calmer tout seul, dit une voix masculine.

Je levai lentement la tête et découvris le tendre visage de mon père. Il avait des yeux semblables au mien, d’un bleu plus clair toutefois. Ses cheveux, coupés courts, avaient une teinte sombres pourtant, cela accentuait son charme. Des rides apparurent dans les coins de ses lèvres lorsqu’il me sourit. Le soleil se reflétait sur sa peau, illuminant ses pommettes saillantes.

- Papa ? fis-je incrédule.

Puis, je me jetai dans ses bras pour sentir son contact irréel contre moi. Un tantinet surpris par ma réaction, il mit un millième de secondes avant de répondre à mon étreinte. Une agréable chaleur se répandit dans ma poitrine, remplissant mon cœur de bonheur. Il fit glisser ses paumes le long de mon dos dans un sentiment mêlant douceur et sécurité. Des larmes d’allégresse coulèrent sur mes joues qui rougirent sous le coup de l’émotion. Puis, le corps de mon père devint trouble et ses contours indistincts. Je le contemplai d’un air interloqué, ne saisissant pas la situation. Cependant, je le vis sourire et me murmurer d’une voix lointain : « Je t’aime chérie ». Soudain, le paysage se changea en un voile terne et froid, les ténèbres envahissant brusquement mon cœur.



*****



Chapitre Dix.


Je me réveillai en sursaut, un liquide froid se répandant dans mon dos. Haletant, je posai mes mains sur mon cœur pour ralentir ses battements mais le contraire se produisit. C’est alors que des bras m’entourèrent la taille dans une étreinte rassurante.

- Hey, Amber, c’est moi Logan ! Tout va bien, je suis là ! s’exclama une douce voix.

Il fit glisser sa paume sur mon échine, faisant jaillir des étincelles sur son passage. Je pris plusieurs inspirations et sentis mon rythme cardiaque s’apaiser petit à petit. Puis je me retournai vers le jeune homme et vis son visage crispé.

- Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? demandai-je inquiète.

Logan détourna le regard, gêné, et répondit d’une voix faible :

- Rien ! Tu marmonnais dans ton sommeil, c’est tout !

- Logan, s’il te plaît ? insistai-je.

- Tu… tu parlais à propos de… de ton père, que… qu’il était revenu.

- Oh, je vois, dis-je timidement. Mon père est parti quand j’étais petite et je n’ai plus eu de nouvelles de lui depuis, ajoutai-je devant sa mine interrogatrice.

- Oh Amber, je ne savais pas. Désolé !

- Mais pourquoi ? demandai-je, déconcertée par ses mots. Ce n’est pas de ta faute.

- Je le sais bien, je compatis c’est tout. Tu devrais laisser les gens qui t’apprécient s’inquiéter pour toi, t’aider et…

Il fut interrompu par Ben, Cody et Ellie qui entrèrent dans la chambre, rompant le lien qui s’était établi entre Logan et moi. Ils s’installèrent tous les trois à l’écart sur les canapés situés dans un coin de la pièce. Ellie semblait attrister, les joues bouffies, sûrement par des larmes asséchées.

- On est venu voir comment tu allais, déclara Ellie comme pour justifier sa présence.

- Je vais mieux, merci, répondis-je sincèrement.

Elle parut soulager et esquissa même un petit sourire qu’elle tentait vainement de cacher. Les perles sur ses joues rendaient son visage soudain paisible, incarnant dorénavant la quintessence de la beauté. D’un mouvement ample, elle écarta quelques mèches de cheveux d’un noir de jais étincelants et déclara :

- J’ai été un peu secouée par ton… euh… évanouissement. Je ne sais pas trop quel terme est le plus approprié.

- Ce n’est pas grave. Tu peux l’appeler comme tu veux, fis-je tendrement. Ne t’embête pas pour si peu.

Cody, voulant la réconforter, passa un bras autour de ses épaules tandis que la jeune fille cala sa tête sur la sienne. C’est alors que je m’aperçus de leur complicité. Ils devaient se connaître depuis longtemps, en tout cas Ellie ne m’en avait jamais parlé. Toutefois, je percevais une certaine attirance réciproque entre les deux amis. « Il faudra que j’aborde le sujet avec Ellie ! » songeai-je.



*****


Crédits Photos : Pinterest

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