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Fiction - Life Is Worth Living Partie 2


Chapitre Onze.


- La mythologie grecque et romaine, fit Madame Genger, notre professeur de français, rassemble les mythes des héros, dit demi-dieu, qui…

- Ce truc, je l’ai fait quand j’avais 11 ans, chuchota Logan assis à côté de moi et je ne pus réprimer un petit rire. Elle nous prend pour qui ? Des gamins ?

- Oh, ne sois pas si dur avec elle, j’adore la mythologie, répliquai-je en souriant.

- Oh, arrête, je sais que tu penses comme moi, tu ne veux pas te l’avouer, un point c’est tout ! s’exclama-t-il.

- On vous dérange, peut-être ! s’écria soudain Madame Genger en tournant son regard vers nous.

- Désolée Madame, dis-je en rougissant de honte.

Elle soupira puis reprit sa longue tirade sur la différence entre dieux grecs et dieux romains. Je tentai d’écouter mais je fus distraite par Logan, qui n’arrêtait pas de gesticuler. Je lui jetai un coup d’œil et remarquai qu’il semblait amusé par la situation. Ses yeux pétillaient de plaisir et il arborait un sourire en coin. Je lui mis un coup de coude dans les côtes et fis :

- Tu es incorrigible !

Puis nous éclatâmes de rire sans que nous puissions nous arrêter. Malheureusement, le professeur nous remarqua et un silence gênant s’installa tandis qu’elle s’arrêtait de parler. Madame Genger avait l’air furieuse et son visage courroucé faisait froid dans le dos. Elle nous dévisageait comme si nous étions deux voyous qui n’avaient rien à faire dans sa classe.

- Vous deux, lança-t-elle en nous désignant du doigt, dehors ! Et vous aurez des devoirs supplémentaires à me rendre !

Maussades, nous rassemblâmes nos affaires et nous hâtâmes de sortir sous les regards obnubilant de nos camarades. Puis, passant la porte de la classe, nous partîmes dans un fou rire sans fin. Enfin calmés, nous partîmes en courant, savourant notre liberté, dans une direction inconnue, nous fiant seulement à notre instinct. Après 10 minutes de course, nous nous arrêtâmes sur l’herbe du parc alentour et nous allongeâmes, le souffle coupé.

- Mais qu’est-ce qu’on a fait ! m’écriai-je soudain, prenant conscience de la réalité.

- Quoi ? Que se passe-t-il ? demanda Logan, inquiet.

- Ce n’est pas mon genre de me faire réprimander en cours, expliquai-je. Ok, j’ai déjà séché ; ok, parfois je suis partie en plein milieu parce que j’étais instable ; mais ça, me faire humilier devant les autres, par le professeur, en plus, ça jamais.

- Oh, détends toi ! Ce n’est pas la fin du monde non plus ! fit le jeune homme d’une voix douce. Je suis sûr que dans quelques années tu en rigoleras.

- Comment peux-tu le savoir ?

- Parce que je le sais, c’est tout ! me répondit-il.

Je n’étais pas le genre de filles qui aimait les problèmes. En fait, je les fuyais dès que je le pouvais pour m’enfermer dans ma bulle solitaire et me morfondre des heures à l’intérieur. Et c’est ce que je fis.

Personne ne comprenait ce que je ressentais : un mélange de désespoir, de tristesse et de mélancolie. Personne ne me comprenait. J’avais beau essayé de me convaincre, c’était la vérité. Personne n’était assez proche de moi pour me connaître réellement, pour la simple et seule raison que je l’interdisais. J’avais peur de ce qu’on pourrait découvrir sous ces carapaces, déjà frêles, que je m’étais battie pour me protéger du monde extérieur, pour me protéger de moi-même. J’avais peur que les gens voient en moi une pauvre petite bête qui fait pitié et qui a besoin d’être protéger. Je sais prendre soin de moi. Sans les autres. Pourtant, c’est bien moi qui ait pris une boîte de médicaments et qui ait avalé tous les comprimés. On ne m’a pas forcé, c’était mon choix. Choix débile, mais c’était le mien. Oh mon dieu, j’ai vraiment besoin d’aide.

Après avoir compris cette nécessité, je me levai d’un bond et me précipitai dans le centre à la recherche de la seule personne qui pouvait accomplir ce miracle. Et tandis que je m’élançais par la porte coulissante du hall d’entrée, des pas précipités retentirent dans mon dos.

- Amber, où tu vas comme ça ? entendis-je derrière moi.

- Ecoute Logan, fis-je en me retournant, je n’aurais jamais dû être exclue de classe, je le regrette. Et je sais que tu n’avais pas l’intention de provoquer ça, mais j’ai besoin d’assimiler certains trucs, pour mon bien, et je dois le faire seule.

- Ok, très bien, vas-y ! répliqua-t-il d’une voix pleine de reproche.

- Ne le prend pas mal, j’ai envie de guérir, pas toi ?

- Si, bien sûr, dit le jeune homme en se calmant.

- Et sache que c’est grâce à toi ! déclarai-je en détournant le regard car je rougissais.

- Grâce à moi de quoi ? demanda-t-il, incrédule.

- C’est grâce à toi, repris-je, que j’ai envie de guérir. Tu m’en donnes envie, tu me donnes envie de vivre ma vie, de rigoler comme toute à l’heure, sans me faire exclure de cours bien entendu, mais je n’ai pas ressenti ces émotions depuis longtemps et j’aimerais bien les redécouvrir.

- Ah, maintenant je comprends mieux, lança-t-il avec un sourire en coin. Tu veux que je t’accompagne ?

- Avec plaisir, acquiesçais-je.

Puis, nous partîmes en direction du bureau des infirmières, menant à la personne que je cherchais.



*****



Chapitre Douze.


Le docteur Parish me regardait d’un air éberlué. Pourtant je ne comprenais pas pourquoi. Je lui avais raconté mon problème, insistant sur les détails afin qu’il connaisse toute l’histoire. Néanmoins, quelque chose m’avais échappée s’il était dans cet état. Depuis que je l’avais bipé deux fois pour avoir son avis, tout ce que j’avais récolté était sa tête trop ahurie pour me répondre.

- Tout va bien docteur ? demandai-je, anxieuse.

- J’aimerais que tu m’expliques une chose, fit-il doucement.

Une question des plus bizarres mais je hochai la tête pour montrer mon assentiment.

- Est ce que, par hasard, tu serais amoureuse de Logan Reyes ?

- Quoi ? Non, balbutiai-je, surprise, je ne le connais pas assez bien pour avoir des sentiments pour lui.

- Ok, si tu le dis, lança le docteur Parish. Et s’il te plaît, appelle moi Steve.

Un silence gênant s’installa, vite rompu par le jeune docteur.

- Donc tu voulais de mes conseils, c’est bien ça ? demanda-t-il, après avoir pris le temps de réfléchir.

- Oui, si ça ne vous gêne pas, répondis-je timidement.

- Oh non, absolument pas, fit-il. En tout cas, je suis content que tu prennes conscience de ton problème, car ça aide à aller mieux. Bien sûr, il faudrait qu’on se voie plus souvent pour régler encore certains points mais je pense que tu es sur la bonne voie. Et je pense que sortir te fera du bien. Donc, que dirais-tu qu’on aille se promener le dimanche, disons pour l’instant une fois par mois ?

- Oh oui, j’aimerais beaucoup, dis-je d’une voix enthousiaste. Et où irions-nous ?

- Je pense un peu partout, expliqua Steve. Tu as déjà vu la ville donc je pense dans des endroits où tu n’es jamais allé, pour voir la beauté des paysages et découvrir de nouvelles choses. Pourras-tu me faire une liste des villes que tu as déjà visitées ?

- Absolument, je vous fais ça tout de suite !

- J’admire ton optimisme, souligna-t-il en riant. Mais prend ton temps, il faut que j’organise tout avant. Alors je te laisse, j’ai beaucoup de choses à préparer pour ce premier voyage. Je te tiendrais au courant.

Et sur ces mots, il partit de ma chambre où nous nous étions installés pour discuter tranquillement. A peine eut-il franchi la porte que je le rappelai.

- Docteur Parish ! m’écriai-je tandis qu’il se retournait. Pardon, Steve ! Merci pour tout ce que vous faites ! Merci beaucoup !

- Oh, ce n’est rien, me sourit-il.

Puis, pris par une envie irrésistible, je me jetai dans ses bras et m’abandonnai dans son étreinte réconfortante. Il m’entoura de ses puissants bras et me caressa tendrement le dos pour me réconforter. J’avais l’agréable impression qu’il remplaçait le rôle de père qui manquait dans ma vie et cela me réchauffa le cœur.



*****



Chapitre Treize.


- Elle nous a donné une dissert pour la semaine prochaine, souffla Ellie d’un air triste en parlant de Mme Genger.

- Sérieusement ? fis-je incrédule.

- Oui, sur les deux mythologies et par groupe en plus, expliqua-t-elle. C’est à cause de Logan et de toi !

- Mais… euh… pourquoi ? demandai-je.

- Tu t’es fait virer ! s’exclama-t-elle, légèrement en colère.

- Oui et ? dis-je en attendant la suite.

- Oh, je ne sais pas Amber ! répliqua le jeune fille. Logan, lui, est habitué mais je ne pensais pas que tu étais comme ça !

- Quoi ? C’était la première fois et je le regrette vraiment.

- En tout cas, reprit-elle sans tenir compte de mon commentaire, j’aurais voulu le faire avec toi mais non, il a fallu que je tombe avec Naomi et toi avec Logan !

- Logan, pourquoi lui ? lançai-je, surprise.

- C’est pour vous punir car vous n’étiez, tous les deux, pas en classe pendant son cours, m’éclaira Ellie.

J’avais le sentiment d’avoir laissé tomber mon amie et mon morale chuta dans la plus profonde couche d’obscurité qui entourait mon cœur. Il fallait que je répare la situation parce que je m’entendais bien avec la jeune fille aux cheveux de jais. Je ne m’étais jamais sentie aussi proche de quelqu’un et malgré nos différences, je savais qu’elle me comprenait ou au moins essayait, comme moi je tentais de la comprendre. Et j’appréciais énormément cet aspect d’elle.

- Je suis désolée, j’aurais beaucoup aimé faire ce devoir avec toi et je m’excuse aussi pour mon comportement déplacé en classe, fis-je, rompant le silence.

- Comment je peux t’en vouloir après ce que tu viens de me dire ? Bien sûr que je te pardonne, déclara-t-elle en m’étreignant doucement.

Je me laissais aller dans son étreinte douce et chaleureuse. Je sentais son parfum aux amandes qui émanait de ses resplendissants cheveux. Elle était légèrement plus grande que moi, ce qui renforçait sa maigreur.

- Au fait, dis-je en m’écartant de ses bras délicats, entre toi et Cody, il se passe un truc ou quoi ?

- Oh, murmura-t-elle gênée, tu l’as remarquée. En fait, lui et moi, on n’est pas en couple. Je veux dire, on l’a était un certain temps mais on s’est séparé pour qu’on aille mieux chacun de son côté.

- Mais tu l’aimes encore, c’est ça ? compris-je à son expression embarrassée.

- Oui, avoua la jeune fille. Mais il faut que tu comprennes une chose : parfois je me trouve grosse et parfois normale, ça dépend les jours. Avec lui, c’était différent. Je me sentais désirée, moi-même, et normale. Et je dois dire que ça me manque.

- Attend ! m’exclamai-je. Quand tu dis normale, tu veux dire que tu n’avais pas de problème à manger comme nous ?

- Pas vraiment comme vous, m’expliqua-t-elle. Mais oui, je recommençais à manger.

- Alors pourquoi vous vous êtes séparés ?

- Parce que l’amour ne fait pas tout, Amber, fit Ellie en s’asseyant sur un des canapés qui ornaient ma chambre.

- Il doit quand même y avoir une explication, insistai-je en prenant place à côté d’elle.

- Oui, souffla la jeune fille aux yeux marrons, à vrai dire, je l’ai quitté.

- Quoi ? Pourquoi ?

- Parce que je suis anorexique, Amber, rétorqua-t-elle. Je souffre d’un trouble qui ne part pas lorsque je tombe amoureuse ou quand je fais un truc qui me plait. Non, ma pathologie reste et restera tant que je ne serais pas guérit.

Je détournai le regard, trop embarrassée pour tenter de regarder Ellie dans les yeux. Je m’en voulais de l’avoir amenée à me confier cette révélation. Elle qui ne parlait jamais de son anorexie venait de m’avouer son plus lourd secret. Je ne savais pas quoi dire. Cependant, je me forçai à lui faire face malgré ma gêne. Elle n’avait pas l’air furieuse, ce qui était un bon point, un excellent même.

- Merci de m’avoir fait confiance pour me révéler ton problème, lui dis-je, sincère.

- Non, merci à toi de m’avoir fait parler, me répondit-elle. Mon docteur et mon psy essayent depuis des mois sans aucun résultat. Merci d’être mon amie.

- C’est réciproque ! fis-je en souriant.

- Oula ! On devient sentimentale, remarqua Ellie en rigolant.

Et je me joignis à elle, riant de bon cœur à ses côtés. Ce soir, nous profitions de la vie sans accorder la moindre importante à nos soucis de tous les jours, nous laissant emporter vers la voie du bonheur. Bonheur qui nous semblait lointain lorsque la réalité prenait le pas sur nos vies.



*****



Chapitre Quatorze.


Le jeudi, lors du cours intitulé « travaux », mes camarades et moi dûmes peintre le hall d’entrée du centre. Cela devait être un travail artistique néanmoins n’ayant aucun talent, je m’en remettais à Ellie qui possédait un vrai don. Elle m’indiqua comment m’y prendre et suivant ses conseils, je fis un dessin assez joli qui représentait un souffle de vent soulevant des pétales de fleurs de toutes les couleurs. A côté de celui de la jeune fille aux cheveux noirs de jais, ma peinture n’avait rien d’originale. Elle avait concocté un mélange de teintes et de nuances afin de dessiner une ribambelle de papillons voletant près d’un ruisseau d’un bleu pur. C’était tout simplement magnifique.

Ebahie par le travail de la jeune fille, je ne sentis pas tout de suite le souffle dans mon cou. Je me retournai pour constater que Ben, Cody et Logan se trouvaient derrière nous.

- Salut les gars ! lança Ellie.

- Salut les filles, fit Ben. Waouh ! Vous vous êtes surpassées pour ce travail, c’est sublime ce croquis.

- Oh, je n’y suis pour rien, commentai-je. C’est le travail d’Ellie, pas le mien.

- Ce n’est pas vrai, rétorqua celle-ci. J’ai fait le plus gros mais voici son dessin.

Et elle leur montra un bout du mur où j’avais désespérément suivi les indications de la jeune fille aux pupilles marrons. Je rougis face aux regards admiratifs de mes amis qui contemplaient le dessin. Mal à l’aise, je détournai les yeux pour les poser sur mes chaussures, soudain prise de passion pour elles.

- Mais c’est magnifique Amber, s’écria Logan. Tu devrais être fière de toi alors souris un peu !

Et tout à coup, je reçus une pâte gluante qui glissa le long de mon visage. Lorsque je levai la tête, je remarquai le sourire taquin du jeune homme blond et à sa main droite, un pinceau rempli de peinture rouge.

- Tu n’as pas osé ? fis-je.

- Oh que si, me répondit-il, souriant de plus belle.

La guerre était déclarée. Des nuances de couleurs volaient en tous sens pour atterrir là où elles trouvaient refuges. Ce qui voulait dire sur nos habits, nos visages et nos cheveux. A peu près partout. La peinture recouvrait chaque bout de peaux et de tissus qui se trouvaient sur nous, mélangeant les coloris comme si nous jouions au paint-ball.

Des éclats de rire fusaient tandis que nous essayions d’échapper à cette aquarelle tenace. Puis, je sentis qu’on me soulevait de terre et qu’on me portait sur une épaule.

- Lâche-moi Logan ! ordonnai-je en me débattant.

- Ok, comme tu voudras, dit-il d’une voix sournoise.

Il m’attrapa par la taille et me fit basculer au-dessus d’un pot de peinture, retenant ma chute grâce à sa prise sur mes hanches.

- Alors, tu veux toujours que je te lâche ? me demanda-t-il, un sourire illuminant son visage.

- Non, avouai-je au bout d’un moment.

Tout à coup, je glissai de ses mains remplies de gouaches et faillis tomber dans le seau. Toutefois, Logan me retint de justesse et réajusta ses paumes sur mon corps, provoquant des étincelles le long de ma peau. Je remarquai alors que sa tête se tenait à un centimètre de la mienne. Son regard ne cessait de passer de mes yeux à ma bouche pour, quelques instants plus tard, se fixer sur celle-ci. Mon cœur s’enflamma et je priai intérieurement pour qu’il ne l’entende pas tellement il battait fort. Puis, il me redressa et me mit sur pied, sans enlever ses mains, comme s’il voulait que je sois en sécurité dans ses bras. Et étonnamment, je me sentais en sureté avec lui.

- Désolé pour ton jean, fit-il d’un air accablé.

Je me retournai et constatai les dégâts avec horreur. Mon beau jean délavé avait pris une toute nouvelle teinte. Une énorme tâche noire ornait désormais les poches arrière de mon pantalon.

- Je suis sincèrement désolé, je t’en rachèterais un, promis, déclara-t-il affligé.

- Non, ne t’inquiète pas, ce n’est pas si grave.

- Pas si grave ?! Logan, tu lui as refait son derrière ! lança Ben, retenant à grande peine un fou rire.

- Oh, tais-toi Ben ! Viens, on va essayer de le laver, proposa Ellie.

J’acquiesçais et nous la suivîmes le long du couloir en tentant de ne pas tâcher le sol avec nos affaires. Lorsque nous atteignîmes l’aile des chambres, les garçons partirent de leur côté pendant qu’Ellie et moi nous dirigeâmes vers ma salle de bain. Avant de le quitter, je chuchotai à Logan :

- Je ne t’en veux pas, alors souris un peu !

Et en effet, il m’offrit son plus beau sourire.



*****



Chapitre Quinze.


Le lendemain, à 10h, je me rendis à l’infirmerie pour mes analyses quotidiennes. Lorsque j’entrai dans la salle, je remarquai que l’infirmière, Madame Shepard, m’attendait, son habituel calepin en main.

- Bonjour Amber, tu es prête ? me demanda-t-elle.

- Bonjour, dis-je. Après tout, je n’ai pas vraiment le choix, non ?

Elle ne répondit pas, familière à mon sarcasme. Au lieu de cela, elle se retourna prendre son matériel et me désigna le fauteuil incliné au milieu de la salle. Je m’y installai le plus confortablement possible et la regardai me faire une prise de sang. Lorsque je sentis l’aiguille s’enfoncer dans ma chair gorgée d’antiseptique, je réprimai un frisson. Même habituée à ce rituel, je n’ai jamais apprécié cette sensation. Puis, elle fit son travail d’infirmière, ce qui veut dire vérifier ma température, les battements de mon cœur, ma pression artérielle… Ensuite, elle mesura ma taille : 1,70m, et mon poids. Quand la balance afficha 59kg, je fus surprise de constater que j’avais perdu 3kg. Toutefois, Madame Shepard le remarqua aussi.

- Tu as perdu un peu de poids, Amber. Tu manges à ta faim ici ?

- Oui, enfin il y a des jours où la nourriture n’est pas très bonne, lui répondis-je.

- Je vois. Mais tu penses à autre chose non ? me demanda-t-elle comme si elle lisait dans mes pensées.

- A vrai dire je fais plus de sport qu’avant, ça peut être une raison ?

- Oh oui, tout à fait, fit-elle. Que faisais-tu comme activité avant ?

- De la natation, environ deux heures par semaine, déclarai-je.

- Ah donc tu participais aux compétitions ? dit-elle, curieuse.

- Non, ma mère ne voulait pas, elle n’avait pas le temps à cause de son travail d’avocate, expliquai-je.

- C’est dommage ! s’exclama-t-elle. Bon, j’ai fini et tout va pour le mieux. Mange un peu plus pour garder ton équilibre alimentaire. Je vais en parler au Docteur Parish concernant la nourriture que tu n’aimes pas afin qu’il voit ça avec toi. Sinon, je vais signer ton autorisation pour la sortie de ce week-end. C’est ta première, si je ne me trompe pas ?

Je hochai la tête de haut en bas avec un petit sourire, impatiente de sortir du centre après trois semaines et de prendre le grand air.

- Tu verras, ces sorties sont exceptionnelles, me lança-t-elle pendant qu’elle se lavait les mains.

- Je suis pressée d’y être, avouai-je. Est-ce que vous venez avec nous ?

- Oh pas cette fois, mais les accompagnateurs sont Steve et Kate, je veux dire le Docteur Parish et le Docteur Morse.

- Et savez-vous où nous allons ? demandai-je, intéressée.

- Ça, c’est une surprise, fit-elle d’une voix mystérieuse.

Je sortis de l’infirmerie un peu inquiète, appréhendant la fameuse surprise. Ce n’était pas le fait que je n’aimais pas les surprises, au contraire, cependant les personnes que j’appréciais m’avaient souvent déçues. Et pour moi, la déception était signe de désespoir car je perdais tout semblant de foi en ceux qui me désappointaient.



*****



Chapitre Seize.


Lorsque nous arrivâmes à la grande piscine, je fus éblouie par les attractions qu’elle présentait. Des toboggans par dizaine et tous différent les uns des autres, plusieurs bassins avec une eau bleu resplendissante et des jeux aquatiques. Toutefois, un problème persistait.

- Euh, je n’ai pas de maillot, chuchotai-je à mes amis.

Puis, ils se mirent à rire et je les regardai d’un air d’incompréhension. Ils firent signe au Docteur Parish qui vint éclairer ma lumière.

- Ne t’inquiète pas, Ellie s’en est chargée. En fait, la surprise était pour toi !

- Pour moi ? fis-je, éberluée.

- Oui, vu que c’est ta première sortie, m’expliqua-t-il. Et j’en ai eu l’idée lorsque pendant une de nos séances, tu m’as parlé de ta passion pour la natation.

- Oh merci mille fois, dis-je en le serrant dans mes bras. Vraiment, personne n’a jamais fait ça pour moi.

- Ne me remercie pas, au contraire Logan m’a mis sur la voie.

- Ah bon ? Alors merci Logan, remerciai-je le jeune homme avec un petit sourire.

Quand Ellie et moi eûmes finies de nous changer, nous rejoignîmes les garçons qui nous attendaient dans le bassin principal. L’eau était agréablement chaude et ne sentait pas trop le chlore.

- C’est beau ici, hein ? demanda Cody.

- C’est merveilleux, répondis-je avec enthousiasme.

- Bon alors commençons à profiter de cette journée ! s’exclama Ben.

Puis, il partit en direction d’un immense toboggan, suivi d’Ellie et de Cody.

- Tu viens ? fit Logan.

- Non, je vais plutôt rester là, mais toi vas-y, lui dis-je.

- Ok. Tout va bien ?

- Oui, parfaitement, confirmai-je.

Il s’éloigna et je fus seule dans mon élément. Je commençai à nager, retrouvant les mouvements habituels de la natation qui me firent le plus grand bien. Tout à coup, je percutai quelqu’un et me rendis compte que c’était le docteur Parish. Il était accompagné de Madame Morse que je saluai avant qu’il ne m’emporte au loin.

- Alors cet endroit te plait ?

- Oui beaucoup, répondis-je. Mais pourquoi m’avez-vous emmener à l’écart ?

- Oh, pour rien, mentit-il.

- Non, Madame Morse vous plait ! m’exclamai-je.

- Amber, quand même ! Je sais très bien qui j’apprécie ou non !

- Vous n’avez pas démentis, ripostai-je.

- Nous en reparlerons plus tard, fit-il en partant la rejoindre.

- J’y compte bien, criai-je par-dessus le vacarme environnant.



*****



Chapitre Dix-sept.


Après avoir testé toutes les attractions possibles et imaginables, Ellie et moi nous détendîmes dans l’immense jacuzzi situé dans une pièce silencieuse. L’endroit était non seulement calme mais emplie d’une extrême beauté. Les parois étaient faites de roches ainsi que le sol comme si la salle était une grotte. Des volutes de fumée s’échappaient du bassin pour former des nuages apaisants contre mon visage. J’avais envie de rester ici pour toujours. Me prélasser dans l’eau chaude était exquis, à tel point que je ne pensais à rien. Et croyez-moi, cela fait énormément de bien.

Je savourais cet instant les yeux fermés pour me détendre encore plus lorsque j’entendis des voix familières se rapprocher de nous. Je compris que Logan, Cody et Ben étaient venus se joindre à nous, ayant fini leurs activités.

- Euh, elle dort ? lança Ben à Ellie.

- Non, je me détends et je savoure, répondis-je en ouvrant les paupières.

- AHHHH ! Tu m’as fichu la frousse Amber ! cria Ben en sursautant.

- Pardon, fis-je tandis que nous éclatâmes de rire devant son cri de petite fille.

Lorsque, après plusieurs “Chut !“ des personnes installées au environ, nous finîmes par nous calmer, et les garçons s’installèrent confortablement près d’Ellie et moi.

- Alors cette journée ? demanda Cody.

- Elle est super, une des meilleures que j’ai passé, avoua Ellie.

- On devrait revenir plus souvent dans ce cas, plaisanta le jeune homme aux yeux d’amande.

- Tu as eu une super idée Logan ! déclarai-je.

- Merci, fit-il en rougissant légèrement.

La conversation continua, s’étirant pendant de longues minutes. Cette journée était parfaite. Je me sentais de plus en plus à l’aise avec mes nouveaux amis dont j’apprenais à faire la connaissance chaque jour. Je découvrais des détails de leur vie semée d’embuche à cause de leurs problèmes, notamment ceux pour lesquels ils se sont retrouvés au centre. Cela nous rapprocha car nous nous comprenions, et j’en avais terriblement besoin. Ma mère ne m’avait jamais comprise ou n’avait jamais chercher à le faire, me laissant seule face à mes soucis qui ont fini par prendre le contrôle. Je fus interrompue dans mes pensées par le docteur Parish, accompagné de Mme Morse.

- Désolé de vous dérager les jeunes, mais nous devons y aller ! lança-t-il.

- Bon, qui vient avec moi ? demanda Mme Morse.

- On n’a qu’à faire comme à l’aller, proposa Ben.

- Parfait ! s’exclama-t-elle. Allons-y !

Après m’être changée et séchée un minimum les cheveux, je retrouvais Logan et le docteur Parish à l’accueil qui m’attendaient patiemment. Tandis que je les suivais à la voiture, je leur demandai :

- Mme Morse est déjà partie ?

- Oui, me répondit le docteur Parish. Tu sais, tu retrouveras Ellie en arrivant.

- C’est vrai, elles sont inséparables ! ajouta Logan en rigolant avec celui-ci.

Je pris place à l’arrière pendant que Logan s’asseyait à l’avant avec Parish. Ce dernier mit le contact et sortit du parking, faisant défiler le paysage. Je me perdis dans la contemplation de celui-ci lorsque le médecin me posa une question.

- Alors, que vas-tu faire pour ton anniversaire Amber ?

- Euh… je ne sais pas, répondis-je, surprise par ce qu’il me demandait.

- Oh, c’est bientôt ton anniversaire ? Je ne savais pas, fit Logan. Pourquoi tu n’as rien dit ?

- Ce n’est pas un jour si important pour moi, murmurai-je.

- Mais tu vas avoir 17 ans, tu dois fêter ça ! me réprimanda-t-il.

- Oh non, je ne suis pas du genre fêtarde et puis, je n’aime pas mon anniversaire.

- Ah bon ? Pourquoi ? dit le jeune homme blond en se retournant pour me regarder.

- Parce que tout le monde en fait tout un plat pour rien, admis-je.

- Mais c’est ça qui les rend tellement inoubliable ! s’exclama Logan.

- Tu ne comprends pas ! lançai-je.

- Alors explique nous !

Je ne savais pas si je voulais me confier à Logan, lui avouer la raison pour laquelle je déteste les anniversaires, surtout le mien en particulier. Cependant, je décidai de lui faire confiance et avant de revenir sur ma décision, je pris une inspiration et expliquai :

- Chaque année ma mère m’organise une fête. Elle invite des amis, les voisins, enfin plein de monde. Des personnes que je ne veux pas personnellement voir. Je n’ai rien contre eux et je ne cherche pas d’excuse. J’ai un problème de confiance en moi et je le sais très bien. Mais ma mère ne m’a jamais écoutée ! Comment voulez-vous que je m’amuse à mon anniversaire si je ne me sens pas à l’aise avec les gens qui m’entourent ? Pour la plupart, je ne les connaissais même pas. C’était plus une fête pour ma mère que pour moi. En tout cas, elle était plus heureuse que moi.

- Elle fait ça depuis que tu es née ? demanda Logan.

- Oh non, lorsque mon père…, bah lorsqu’il était toujours avec nous, on le fêtait normalement en famille, mais depuis qu’il est… qu’il est partit, elle a commencé à organiser ces grosses fêtes pour sauver l’apparence, pour montrer aux gens qu’on pouvait vivre sans lui. Mais depuis qu’il n’est plus là, elle se voile la face. On n’a jamais vraiment su quoi faire après son départ, déclarai-je.

- Waouh ! Ça n’a pas dû être facile ! compatit le jeune homme en plongeant son regard d’ambre dans le mien.

- Non, fis-je d’une petite voix.

Et il ne pouvait pas imaginer à quel point !



*****



Chapitre Dix-huit.


Ecoutant la musique à fond dans mes oreilles, je me mis à fredonner ma chanson préférée :

“… J´irai chercher ton cœur si tu l´emportes ailleurs

Même si dans tes danses d´autres dansent tes heures

J´irai chercher ton âme dans les froids dans les flammes

Je te jetterai des sorts pour que tu m´aimes encore

Je trouverai des langages pour chanter tes louanges

Je ferai nos bagages pour d´infinies vendanges

Les formules magiques des marabouts d´Afrique

J´les dirai sans remords pour que tu m´aimes encore …“

Je dandinais de la tête, suivant le tempo de la musique. Puis, mon corps se mit à bouger et je fermai les yeux, m’imprégnant de la mélodie. Lorsque la fin du morceau arriva, j’entendis des applaudissements dans mon dos et je me retournai brusquement.

- Ne me dis pas que tu es là depuis le début ? demandai-je à Logan tandis que j’enlevais mes écouteurs.

- Si, ricana-t-il.

- Ce n’est pas drôle, rétorquai-je.

- Mais tu chantes très bien, tu ne devrais pas avoir honte ! Alors Céline Dion, c’est ta chanteuse préférée ou quoi ?

- Euh oui, pourquoi ? répondis-je.

- Pour rien, je voulais juste savoir. Ça change ! Les gens de notre génération n’aiment pas trop ce type de musique, dit-il.

- Bah-moi si, fis-je sur la défensive.

- Justement, je trouve ça bien ! s’exclama Logan en me souriant.

- Euh… merci, bégayai-je, confuse.

- Ça fait de toi quelqu’un d’unique et hors du commun, ajouta-t-il.

- Merci, répétai-je embarrassée par tous ces compliments. Que fais-tu ici ?

- Je suis venue te chercher pour une petite surprise, annonça-t-il.

- Si c’est pour mon anniversaire, oublie !

- Allez, s’il te plaît, suis-moi, je suis sûre que tu vas aimer ! me supplia le jeune homme blond.

- D’accord, mais si je n’aime pas, tu me le redevras ! fis-je, un tantinet contrariée.

- Promis !

Tout à coup, il prit ma main et m’emmena dans un dédale de couloirs. Sa paume était incroyablement chaude et douce, et ce contact fit vibrer mon cœur. Je ne comprenais pas ma réaction néanmoins je me sentais bien.

- Où m’emmènes-tu ? demandai-je après un moment.

- Chut ! Tu ne sais pas ce qu’est une surprise ? On arrive bientôt, dit-il.

Et en effet, après un tournant, il ouvrit une porte et je découvris le mystère de cette histoire. Je me trouvais dans l’immense cuisine du centre où un homme d’âge mûr nous attendait près de sa table de travail.

- Amber, je te présente le chef cuisiner du centre, Mr Paolini. Il fait les meilleures raviolis du monde, me chuchota-t-il à l’oreille.

- Enchantée, fis-je.

- Moi de même, mademoiselle, me répondit-il.

- Mr Paolini et moi nous connaissons depuis longtemps, expliqua Logan. Et je lui ai demandé un petit service pour pimenter ton anniversaire.

- Vous devez être spéciale si Mr Logan fait ça pour vous, lança le cuisinier.

- Euh… je suppose, marmonnai-je en rougissant.

- Bon, mettons-nous au travail ! déclara-t-il.

Il nous tendit des tabliers et nous mîmes la main à la pâte.

- Qu’allons-nous faire ? demandai-je curieuse.

- Un énorme fondant au chocolat, me répondit Mr Paolini.

- Oh, c’est mon gâteau préféré. Comment tu le savais ? fis-je en me tournant vers Logan.

- Steve me la dit, enfin je lui ai plutôt demandé, avoua-t-il.

- Ben dit donc, tu t’entends avec tout le monde ici, remarquai-je.

- Oh Mr Logan est ami avec tout le monde, c’est un charmant jeune homme, quand il évite de faire des bêtises bien sûr, m’expliqua Mr Paolini.

- En effet, acquiesçai-je. Que quand il ne fait pas de bêtises.

Puis, pour se venger, Logan me bombarda de farine, me recouvrant de particules blanches. Au lieu de lui en envoyer moi aussi, je me mis à éclater de rire, sentant que je l’avais bien mérité. Il se joignit à moi, emplissant l’air de notre bonne humeur. Puis, il me tendit un chiffon et j’entrepris de nettoyer mon visage. Quand j’eus fini, nous reprîmes notre travail en suivant les conseils de Mr Paolini.

Nous commençâmes par découper des morceaux de chocolats afin de les faire fondre au bain marie. Puis, suivant l’exemple de Mr Paolini, Logan sépara les jaunes des blancs d’œuf et je montai le tout en neige avec les outils mis à notre disposition. Lorsque le chocolat eut complètement fondu, nous ajoutâmes les jaunes d’œufs ainsi que le sucre, la farine et les blancs d’œuf.

- Nous devrions ajouter du caramel, proposa Logan.

- Euh… je n’aime pas le caramel, fis-je d’une petite voix.

- Ah bon ? C’était une très mauvaise idée alors, dit-il.

- Non, non, c’est moi qui suis difficile ! m’exclamai-je.

A la fin de la préparation, nous la versâmes dans le moule et enfournâmes le tout dans le four, préalablement préparer par Mr Paolini. Après une demi-heure, le temps de faire cuire le gâteau et de le laisser refroidir, nous pûmes enfin le gouter. Il était exquis et subtilement fondant. Les aromes se mélangeaient pour m’offrir un feu d’artifices de saveurs. Il était tout simplement délicieux.

- Alors ? me demanda Logan.

- Oh mon dieu, c’est trop bon ! m’exclamai-je. On devrait emmener Ellie ici, ça l’aidera peut-être.

- Oui, pourquoi pas ! acquiesça-t-il.

- Et merci beaucoup, Mr Paolini ! ajoutai-je.

- De rien Mademoiselle Ambre, ce fut un plaisir ! me répondit-il. Tenez, prenez le !

- Merci et au revoir, dis-je reconnaissante quand il me tendit le fondant dans du papier aluminium.

Puis, se saisissant de ma main valide, Logan et moi partîmes des cuisines, un grand sourire sur nos lèvres.



*****



Chapitre Dix-Neuf.


Quand j’entrai dans ma chambre, toujours accompagnée de Logan, je fus surprise de constater que ma mère m’attendait. Embarrassée, je lâchai subitement la main du jeune homme aux yeux d’ambre pour faire face à ma mère.

- Où est Tony ? demandai-je, sans la saluer.

- Il est allé au toilette avec ton médecin, me répondit-elle. Il ne devrait pas tarder. Bonjour, je suis Claire Branson, fit-elle en tendant la main à Logan.

- Logan Reyes, se présenta-t-il en lui serrant la main. Enchanté !

- Alors, comment vas-tu ? me questionna-t-elle.

- Ça va, marmonnai-je. Tout se passe bien à la maison ?

- Oh oui, tu nous manques beaucoup, renchérit ma mère.

- Alors pourquoi tu m’as abandonnée ici ? criai-je.

- Je ne t’ai pas abandonnée, je voulais que tu ailles mieux et que tu guérisse, une chose que tu peux accomplir ici, m’expliqua-t-elle.

- Ouais, encore un choix que je n’ai pas fait et que tu as décidé pour moi ! répliquai-je amèrement. Tout ça pour sauver les apparences et faire croire aux autres qu’on est une parfaite petite famille qui n’a pas été détruite par le départ de papa !

- Ne dis pas ça, Amber ! gronda-t-elle.

- Pourquoi ? Tu sais que j’ai raison ! m’écriai-je en partant de la pièce.

Je ne pouvais pas rester ici, je suffoquais à cause de cette confrontation. Je ne supportais pas qu’elle laisse son masque devant moi. Je suis sa famille, elle n’est pas obligée de se cacher de moi. Tony et moi avions autant souffert qu’elle de ce départ mais elle ne peut le concevoir. Et je n’arrivais pas à comprendre pourquoi.

- Amber, Amber attend ! cria une voix au loin.

Me retournant, j’aperçus Logan courir vers moi. Je m’arrêtai afin qu’il puisse me rejoindre. Lorsqu’il fut près de moi, je fis une chose qui me surprit totalement et qui le prit au dépourvu : je me jetai dans ses bras et éclatai en sanglots.

- Je suis désolée que tu aies dû assister à ça ! Je m’en veux terriblement ! fis-je, les larmes roulant sur mes joues.

- Non, ce n’est pas grave ! Tu sais, avec ma famille aussi ce n’est pas beau tous les jours, alors je te comprends ! me réconforta-t-il tout en me caressant le dos.

- Vraiment ? dis-je, interloquée.

- Oui, je te le jure.

- Merci, merci d’être là pour moi, déclarai-je en arrêtant de pleurer.

- Ne t’inquiète pas, ce n’est rien, me répondit-il gentiment.

- Non, c’est bien plus que ça ! Avant, je n’avais personne pour m’aider, mes amis se délaissaient de moi. C’est en partie ma faute, je me refermais sur moi-même et ne sortais que rarement de ma petite bulle. Alors ils sont partis et depuis, je ressens un manque, un vide de ne plus avoir de soutien. Car ce n’est pas ma mère qui va m’en donner, ça c’est sûr. Elle aussi ne faisait jamais attention à moi, trop occupée à sauver les apparences.

- Mais elle t’a emmenée ici, non ? demanda Logan, surpris.

- Oui, quand j’ai commencé à devenir un problème pour elle et pour sa vision de famille parfaite. C’est à ce moment qu’elle a voulu m’aider, mais je ne veux pas de son aide, pas comme ça en tout cas, lui expliquai-je, toujours dans ses bras.

- Oh mon dieu, ça a dû être terrible ! s’exclama-t-il.

- En fait, pas vraiment ! Je m’en fichais un peu, lui répondis-je.

- Qu’est ce qui a changé alors ? me questionna le jeune homme blond.

- Je ne sais pas, avouai-je. Peut-être le fait d’être loin de ma mère et de son influence ou le fait d’être ici et de vous avoir rencontrés toi, Ellie et les garçons. Je me sens à ma place dans ce centre.

- Et nous sommes ravis que tu sois parmi nous, m’annonça-t-il fièrement en resserrant son étreinte. Et puisque tu t’es confié à moi, c’est à mon tour !

- Comment ça ?

- Je vais te raconter mes problèmes, enfin si tu n’y vois pas d’inconvénients, bien sûr, ajouta-t-il en me faisant m’asseoir.

- Non, non, j’en serais ravie, fis-je.

- A vrai dire, je ne m’entends pas très bien avec ma famille, moi aussi. Mes parents pensent qu’en tant que fils unique, ils doivent me chouchouter et vu qu’ils ont plein d’argent, ce ne leur pose aucun problème, seulement je ne vois pas ça du même regard. Je ne veux pas de leur argent, je veux gagner le mien par mes propres moyens et ne pas dépendre d’eux. Alors c’est sûr, ça engage de sacrées engueulades ! En plus, je ne vivais pratiquement plus avec eux. Je dormais presque toujours chez des copains, faisais des soirées non-stop et on fumait tout le temps. C’est comme ça que je suis devenu accro. Quand je rentrais chez moi, j’étais défoncé car je ne voulais pas les voir mais à un moment, ils en ont eu marre et m’ont mis ici.

- Mais d’un côté, c’est bien, non ? demandai-je lorsqu’il eut fini sa tirade.

- Oui, ça m’a permis de me reprendre même si j’ai encore des difficultés et puis, je t’ai rencontrée, … toi et les autres, se reprit-il. Et je te promets que je ne touche plus aux drogues, plus maintenant.

- Qu’est ce qui t’a fait changer d’avis ? fis-je, curieuse.

- Toi, admit-il en rougissant.

- Moi ? m’écriai-je ahurie.

- Oui toi ! confirma-t-il. L’autre jour quand tu nous as surpris, tu étais tellement en colère que je ne sais pas, ça m’a refroidi et à chaque fois que je reprenais de la drogue, je voyais ton visage me hurlait dessus.

- Euh… c’est un compliment ? demandai-je incertaine.

- A vrai dire, ça n’y ressemble pas, mais c’en est un !

- Merci, dans ce cas, déclarai-je.

Puis, nous continuâmes à parler des heures et des heures, nous confiant chacun à son tour. J’appris des choses incroyables sur lui : il adore conduire des voitures de sport comme celles dans Fast & Furious ; il court chaque matin pour se mettre en forme et évacuer son stress, une chose que je devrais faire moi aussi ; et surtout, il possède des talents de cuisinier, c’est pour cela qu’il connaît Mr Paolini. Notre discussion n’en finissait jamais toutefois nous fûmes obligés d’arrêter quand nous constatâmes que le soleil était sur le point de se coucher. Ce fut un anniversaire hors du commun, mais je m’étais, dans l’ensemble, assez bien amusée.



*****



Chapitre Vingt.


Profitant de la présence de mon frère pendant que ma mère parlait au docteur Parish, je décidais de regarder notre téléfilm préféré : Descendants. Tony a toujours eu un coup de cœur pour cette histoire : des méchants qui apprennent à devenir gentil. En plus, il connaît les chansons sur le bout des doigts. A la fin du film, il me demanda mon portable afin qu’il puisse jouer à un jeu. Je le lui donnai et le regardai jouer avec entrain. Tout à coup, j’entendis toquer à la porte et découvris mes amis rassemblés dans le couloir.

- Entrez ! Je vous présente mon petit frère, Tony, dis-je.

- Oh comme il est mignon, remarqua Ellie, et il te ressemble.

- Vous regardiez un film ? demanda Cody.

- Oui, Descendants, admis-je.

- C’est un truc pour les gamins ça ! rétorqua Ben.

- Moi aussi, j’aime bien ce film, lança Logan pour me soutenir.

Un silence pesant s’installa dans la chambre, seulement interrompu par les bruits du jeu vidéo de mon frère.

- Alors, que faites-vous ici ? fis-je.

- Nous sommes venus pour tes cadeaux, bien sûr ! s’exclama Ellie. D’ailleurs, ce n’était pas sympa de ne pas nous avoir prévenu.

- Désolée, je ne voulais pas attirer l’attention sur moi, expliquai-je.

- Ce n’est pas grave, me répondit-elle. Maintenant, ouvre-les !

Soudain impatiente, je m’emparai du cadeau que me tendait Ellie. Je pris soigneusement le temps d’ouvrir le cadeau sans le déchirer pour découvrir son contenu. Je pris dans mes mains un appareil photo, mais pas n’importe lequel, un qui va sous l’eau, pour prendre des magnifiques photos du monde sous-marin avec ses algues élégantes et ses poissons multicolores.

Puis, je remarquai soudain un fin tissu dissimuler au fond de la boîte. C'était un maillot de bain Arena une pièce, entièrement fait de noir avec des motifs bleus et roses sur les côtés pour souligner la taille. Il était absolument sublime.

- Waouh, Ellie ! Tes cadeaux sont merveilleux. Merci beaucoup, fis-je en la remerciant d'un câlin.

- De rien, ma belle ! me répondit-elle.

- À nous ! crièrent à l'unisson Cody et Ben en me tendant un gros paquet.

- Merci, souris-je.

Quand je l'ouvris, je vis avec surprise un skate Penny lilas dont les roulettes étaient teintées de bleu clair. J'adorais les skateurs avec leurs figures incroyables et leur style unique, malheureusement je n'en avais jamais fait. Voyant mon désarroi, les deux garçons me rassurèrent :

- Ne t'inquiète pas Amber, fit Cody. On va t'apprendre à en faire.

- En fait, c'est la tradition de notre groupe de savoir faire du skate, expliqua Ben. Même Ellie en a un !

- Oui, répliqua cette dernière. Grâce à vous, je sais en faire, mais je ne vous accompagne presque jamais au skate parc, je ne suis pas très douée.

- Pourquoi est-ce une tradition ? demandai-je, un tantinet curieuse.

- C'est ce qui nous a rapproché, annonça Logan. Les premiers jours où on s'est connu tous les quatre, on a découvert qu'on aimait bien ça et j'en fais depuis tout petit. Pareil pour Ben. On a juste du apprendre à Cody et Ellie.

- Et maintenant, on s'entraîne toutes les semaines pratiquement, ajouta Cody. Et Ellie sait très bien en faire, il ne faut pas l’écouter.

- Non, ce n’est pas vrai, répliqua celle-ci.

- Comme si elle se voyait, me chuchota le garçon aux cheveux bruns.

- Je t’ai entendue Cody, je suis juste à côté de toi ! fit la jeune fille en frappant celui-ci à l’épaule.

- Aïe ! se plaignit-il. Tu ne paies rien pour attendre.

C’est alors qu’Ellie se mit à courir tandis que Cody la poursuivait en riant. Nous éclatâmes de rire à notre tour lorsqu’ils sortirent de la pièce, nous laissant Ben, Logan et moi.

- Ils sont encore plus amoureux qu’avant, remarqua Logan.

- Dommage qu’ils ne se l’avouent pas, ajouta Ben.

- Ellie m’en avait parlé brièvement mais il s’est passé quoi entre eux exactement ? les questionnai-je.

- Lorsqu’on est devenu tous amis, Cody et Ellie se sont vraiment rapprochés, ils s’entendaient à merveille à vrai dire et le courant passait bien entre eux. Du coup, ils sont sortis ensemble pendant plusieurs mois. Ils étaient vraiment amoureux…

- Cody était vraiment heureux, tu aurais dû le voir, il souriait H24, interrompit Ben.

- J’imagine.

- Donc, reprit Logan, ils ont passé des mois fabuleux ensemble mais un jour, Ellie a fait une rechute et pour son bien, Cody a préféré rompre.

- Pour qu’elle se concentre sur sa santé, tu vois, compléta le garçon aux yeux de jade. Mais il tient toujours énormément à elle, tu as juste à observer comment il la regarde.

- Mais je croyais que c’était elle qui avait rompu ?

- Elle dit ça car elle se voile la face, elle préfère dire qu’elle a rompu, c’est plus facile à gérer pour elle, expliqua-t-il.

En entendant ces mots, cela me rendit triste. Ellie avait le droit d'être heureuse mais sa maladie l'empêchait de s'épanouir avec celui qu'elle aimait. J'aurais tellement aimé faire quelque chose pour eux. Je me sentais tellement impuissante parfois, un sentiment que j'aimerais rayer de ma vie.



*****


Crédits Photo : Pinterest

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