Chapitre Vingt et un.
Tandis que je faisais ma valise, Ellie entra dans ma chambre et s'assit sur mon lit.
- Alors, tu es nerveuse pour ce voyage en Italie ? me demanda-t-elle.
- Oui, beaucoup, lui répondis-je. J'en reviens pas que le docteur Parish m'ait offert ça. Tous vos cadeaux sont merveilleux. Merci.
- Ne nous remercie pas, tu le mérites.
- Je suis désolée que tu ne puisses pas venir avec nous, fis-je.
- Ne t'inquiète pas, et amuse toi bien, me dit-elle de sa douce voix. Je resterais avec Ben et Cody.
- Cody, hein ?
- Oui, on... on s'est quelque peu embrassé hier, avoua la jeune fille d'une petite voix.
- Quoi ? m'exclamai-je, surprise. Raconte-moi tout !
- Bah, tu te souviens quand on est parti précipitamment ?
- Hmm, hmm, fis-je.
- Euh..., au bout d'un moment, on s'est arrêté et il s'est approché de moi. Mon cœur a littéralement bondi dans ma poitrine à ce moment-là. Puis, il m'a piégé contre un mur et m'a embrassé, raconta la jeune fille aux cheveux de jais.
- Et ben ! lançai-je. Ça veut dire que vous êtes ensemble ?
- C'est bien ça le problème ! J'en sais absolument rien et j'y pense sans arrêt.
- Tu veux que j'en parle à Logan, peut-être qu'il le sait et qu'il en a parlé avec Cody ? proposai-je.
- Non, ça va aller. J'irai lui parler, enfin, un jour, fit Ellie timidement.
- Ouais, un jour lointain, rigolai-je.
- Et sinon, Logan et toi ? lança-t-elle soudain.
- Quoi, Logan et moi ?
- Oh, arrête ! Je vois bien que tu l'aimes bien ! s'exclama la jeune fille.
- Je ne vois pas de quoi tu parles, démentis-je en rougissant.
- Tu ne ressens rien pour lui ? demanda celle-ci.
- Si bien sûr, je l'apprécie énormément et...
- Et tu es attirée par lui ?
- Oui, avouai-je en chuchotant.
- Et bien, fonce ! Tu attends quoi ? répliqua-t-elle.
- À vrai dire, je ne suis jamais sorti avec quelqu'un, murmurai-je.
- Oh, je vois. Tu as des appréhensions mais, c'est tout à fait normal. Ne t'en fais pas, m'expliqua-t-elle. Tu dois tout de même laisser sa chance à Logan.
- Mais qu'est-ce qu'il te dit qu'il m'aime bien ?
- Mon intuition, ma chérie. Et il ne se trompe jamais.
J’espérais de tout cœur qu’elle ait raison car il se pourrait bien que ce que je ressente pour Logan soit beaucoup plus fort que je ne veux l’avouer.
*****
Chapitre Vingt-deux.
A 7h 45 pile, je rejoignis le docteur Parish afin de déposer mes valises enfin prêtes dans la voiture. Le trajet serait long, m’avait prévenu celui-ci. Surtout que nous y allions en automobile du début à la fin. Néanmoins, je me réjouissais du voyage. Mon cœur bondissait dans ma poitrine tellement l’excitation d’être à Rome m’emplissait de joie. Ça avait toujours été une ville que je voulais découvrir parce qu'elle regorgeait de merveilles et de mystères mais aussi car je l’avais découvert au travers des livres de Rick Riordan : Les Héros de l’Olympe. Je fus interrompue dans mes réflexions par l'arrivée précipitée de Logan.
- Désolé pour le retard, dit-il tout essouffler.
- Au fait, pourquoi tu es le seul qui se joint à notre voyage ? interrogeai-je Logan.
- Euh..., euh..., fit le jeune homme.
- Je lui ai demandé de venir, déclara soudain Steve. C'est toujours mieux de voyager avec un ami, non ?
- Oh, oui, bien sûr, répondis-je.
- Bien, allons-y, annonça le docteur lorsqu’il referma le coffre où toutes nos affaires reposaient.
Je m’installai dernière lui tandis que Logan se posa sur le siège passager. Steve mit le contact et nous partîmes enfin vers notre destination. J’abaissai ma fenêtre et fit voler ma main dans l’air pure qui soufflait au dehors. Je me sentais libre à cet instant. Aucun poids m’empoisonnait, ni ne me renfermait dans ma coquille. Je pouvais enfin respirée comme je ne l’avais plus fait depuis longtemps.
La route fut laborieuse cependant nous arrivâmes à notre hôtel avant la tombée de la nuit. Steve récupéra les clés de nos chambres avant de se diriger vers la salle du restaurant.
- Nous avons bien mérité un bon repas, qu’en dites-vous ? lança celui-ci.
- Absolument, déclara Logan. Je meurs de faim.
- Je ne dis pas non, ajoutai-je, sentant mon ventre gronder.
- Bien ! Allons manger italien ! s’exclama le docteur.
Un quart d’heure plus tard, je dégustai avec saveur mon plat : pasta con basilico e fromaggio. Depuis le temps où je rêvais de venir ici, je n’arrivais pas encore à réaliser que j’étais à Rome. La ville de toutes les merveilles, à mes yeux. Puis, nous allâmes chacun dans nos chambres qui étaient adjacentes. Lorsque j’entrai, je fus émerveillée par la vue que m’offrait la terrasse : le Colisée. Celui-ci était magnifique avec, derrière lui, le crépuscule qui lui donnait une allure étincelante. Je ne pouvais quitter ce magnifique tableau des yeux. J’avançai prudemment vers la fenêtre, l’ouvrit et allait au grand air.
- C’est magnifique, n’est-ce pas ! lança une voix masculine sur ma gauche.
- Logan ? fis-je en sursautant, prise de peur par sa subite intervention.
- Oui, qui d’autre ? dit-il en rigolant.
- Tu m’as fait peur, idiot ! le réprimandai-je.
- Désolé, mais je n’ai pas pu m’en empêchait. Tu aurais dû voir ta tête, tu étais comme hypnotisée.
- Je l’étais ! Le Colisée est juste splendide comme ça ! répliquai-je.
- C’est ce que j’ai dit, commenta le jeune homme avec un sourire narquois.
- Tais-toi et regarde au lieu de te moquer de moi !
Le silence se fit, seulement troublé par le bruit des passants et le pépiement des oiseaux. Je pris une petite respiration, sentant la douce caresse du vent sur mon visage et me détendis en m'appuyant sur la rambarde, devant moi, tout en contemplant d'un air émerveillé le paysage qui s'offrait à moi.
Lorsque la lune se mit à briller vivement dans le ciel et que la fraîcheur m'envahit, je décidai de rentrer. La chambre était immense, composée d’un grand lit avec des draps en soie et une salle de bain attenante, où se trouvait baignoire et douche, selon l'envie du client. Cet hôtel était parfait !
Je m'effondrais sur le matelas autant moelleux que confortable, m'enfonçant dans les fins coussins dont l'étoffe était aussi douce que du velours. Puis, la fatigue s'empara soudain de moi et je sombrais dans un sommeil profond.
*****
Chapitre Vingt-trois.
Le lendemain, nous partîmes très tôt dans les rues romaines, découvrant au fur et à mesure l’architecture de l'ancien temps. Les ruelles pavées étaient tout simplement magnifiques, entourées de fleurs vives et colorés. On se croirait au printemps. La douce chaleur hivernale nous envahit durant notre exploration de la ville.
Au bout de quelques heures, nous décidâmes de nous reposer un peu sur un banc situé à côté de la fontaine de Trevi.
- Venez, on va faire un vœu ! m'exclamai-je, enthousiaste.
- Oh, allez-y, tous les deux, fit Steve en nous désignant Logan et moi. Profitez-en pour faire un tour et achetez des souvenirs !
- Ok ! fit Logan en se levant et en commençant à partir.
- Vous êtes sûr de ne pas vouloir venir avec nous ? demandai-je, un tantinet inquiète.
- Oui, vous êtes jeunes, profitez ! Et puis, j'ai des coups de fils à passer, ajouta le docteur.
- Oh, ok ! Vous allez appeler Mme Morse ?
- Amber, tu es une fille sans gêne ! dit-il en rougissant.
- Peut-être, mais j'ai raison ! déclarai-je en souriant.
Me tournant vers Logan, je vis qu’il affichait un visage perplexe. Je lui fis signe de se taire, lui pris la main et l’emmenai loin d’ici. Sa peau était lisse contre la mienne et faisait naître des picotements dans tout mon corps. Une sensation agréable s’empara de moi tandis que nous arrivions à la fontaine. Logan sortit deux pièces et m’en donna une. Je fermai les yeux et priai de toutes mes forces pour que mon vœu se réalise. « J’aimerais tellement allait mieux. Guérir même si ça prendra du temps. Car je sais que ce sera long. Mais je suis prête. » Et je lançai ma pièce. Ce n’était pas tellement un vœu mais je souhaitais que ça se réalise du plus profond de mon cœur.
- Viens, on va se promener, proposa Logan en me tendant sa paume, m'invitant à la prendre comme s’il ressentait le besoin de sentir ma chair contre la sienne.
- Oui, acceptai-je en joignant mes doigts aux siens.
Ce contact me fit énormément de bien et m'emplit d'une plénitude agréable. Nous nous promenâmes dans la ville comme de vrais touristes, prenant photos après photos et nous émerveillant de tout ce que nous voyions. Nous allâmes jusqu’à la Piazza Navona, une splendide place avec une immense fontaine dont l’eau était d’une majestueuse teinte turquoise, où nous dégustâmes d’excellentes glaces italiennes au parfum savoureux.
- Tu as un peu de glace ! me dit Logan en souriant d'un air narquois.
- Quoi ? Où ça ? demandai-je, embarrassée en rougissant.
- Tu sais, tu es belle quand tu rougis !
Je ne sus quoi répondre. Il m'avait prise au dépourvu et je restai bouche bée devant cette déclaration tellement je n'étais pas habituée à ce genre de compliment.
- Approche, je vais te l'enlever, proposa-t-il.
Je m'avançais donc, mettant le moins de distance entre nous. Mon souffle devint court et mon pouls rapide. Mon cœur s'affola, à croire que la présence de Logan me mettait dans tous mes états. C'est alors qu'il mit sa main sur ma joue et caressa ma pommette. Cela fit naître des papillons dans mon ventre. Puis, ses lèvres se posèrent sur les miennes dans une douceur exquise. Je fondis intérieurement et des papillons s'envolèrent de mon ventre pendant que l'euphorie me gagnait. Je répondis à son baiser et il le prolongea, rendant celui-ci fougueux et impétueux.
*****
Chapitre Vingt-quatre.
Les jours suivants étaient les plus beaux de ma vie. Après Rome, nous allâmes à Venise, à Milan et enfin à Vintimille, toutes des villes majestueuses qui regorgent de chefs-d'œuvre. Je vivais dans un rêve éveillée et j'avais peur de me perdre dans la réalité. Toutefois, je pouvais compter sur Logan qui me faisait tellement sourire et rire que je ne sentais plus ma mâchoire et que je ne me préoccupais plus de rien.
- Alors comment va ma copine ? me demanda-t-il, le dernier jour de notre séjour.
- Bien et toi ?
- Je ne me suis jamais senti mieux, me répondit-il. Et c'est grâce à toi !
Je me penchais vers lui et embrassais ses douces lèvres. Ce baiser ardent provoqua une ribambelle de frissons le long de mon dos.
- Prête pour ta dernière journée en Italie ?
- À vrai dire, je ne sais pas. J'ai envie de rentrer mais aussi de rester ici pour toujours, avouai-je.
- Je ne devrais sûrement pas te le dire, mais Steve et moi, on a une surprise pour toi !
- Quoi ? C'est quoi ? fis-je, curieuse.
- Ce ne sera plus une surprise si je te le dis ! me dit-il en rigolant.
Il m'embrassa à son tour et je me délectai de son baiser.
- Pourquoi ? demandai-je.
- Pourquoi quoi ?
- Pourquoi me faire encore une surprise ? expliquai-je. Ce voyage avec tous ces paysages magnifiques, nous deux, cela m'emplit déjà de joie. Je n'ai pas besoin de plus.
Je le pensais. Plus que je ne voulais l'admettre. Je me sentais combler d'allégresse. C'était la première fois depuis longtemps que je me sentais comme ça, que je me sentais bien.
- Tu veux vraiment que je te fasse une liste des pourquoi ? me questionna Logan.
- Oui.
- Tu les mérites toutes ces surprises. Tu es une personne incroyable avec qui la vie a été injuste. On ne devrait pas être abandonné par nos parents. Ils sont censés nous aimer inconditionnellement. Et tu as réussi à y faire face, par tes propres moyens malgré les difficultés. Mais la preuve est que tu es là, une survivante face à cette vie de merde que tu as eu. Et j'aimerais la rendre meilleure pour que tu n'es plus à souffrir comme avant.
Ses mots me touchèrent au plus profond de mon être. Des larmes se mirent à couler sur mon visage, pas des larmes de tristesse mais des larmes de bonheur. Un bonheur pur car je ressentais l'amour dans ses mots tendres et doux comme de la soie. Mon cœur se mit à bondir dans ma poitrine, résonnant aussi fort que mes sentiments. Car je venais de m'apercevoir d'une chose. J'étais en train de tomber amoureuse de Logan Reyes.
- Hey, fit celui-ci en me caressant le dos, tout va bien.
- Je sais, je suis juste heureuse, c'est tout. Et je ne sais pas comment réagir à ce que tu viens de dire. C'est tellement beau.
- Crois-moi, je ne dis pas ce genre de chose tous les jours. La plupart du temps, je ne dis que des conneries, à cause de la drogue.
- Alors pourquoi tu en prenais ? Je sais que tu m’as dit que c’était en partie à cause de ta famille, mais je ne comprends pas vraiment.
- Comme tu le sais, les relations que j'ai avec ma famille sont assez ambiguës. Pour résumer, on s'entend très mal et quand je dis très mal, genre on s’engueulait tous les jours. Alors pour ne plus penser à la réalité, pour m'évader, oublier et ne rien ressentir, je prenais de la drogue. Ça dépendait aussi de mon humeur mais la plupart du temps, je prenais les plus fortes qui soit. Elles durent plus longtemps et c'était ce dont j'avais besoin.
- Mais tu as continué quand tu es arrivé au centre.
- Oui. À force d'en prendre, c'est devenu une habitude et j'en suis devenu accro. Et crois moi, c'est dur de résister. C'est comme si mon corps en avait besoin, j'en ressens le besoin tous le temps. Mais j'essaie de penser à autre chose.
- À quoi ? demandai-je, curieuse.
- À... toi, à vrai dire, avoua-t-il d'une petite voix.
- À moi ? Et ça marche ?
- Oui, tu arrives à me faire penser à des choses plus gai, à me faire voir le monde d'un autre point de vue, un moins négatif qu'avant. Et je préfère largement ça à la drogue ou ma vie familiale.
- Je suis contente d’être là pour toi, lui dis-je avec un mince sourire.
*****
Chapitre Vingt-cinq.
Je ne pouvais pas être plus comblée. Je rayonnais de bonheur, mes lèvres s’étiraient en un sourire immense et vrai. Pour une fois, je n’avais pas ces voix qui me rabaissaient, elles avaient cessés pendant quelques heures, m’offrant un moment de répit. Et j’en étais soulagée. Comme si un poids s’était enlevé de mes épaules.
Steve et Logan m’avait emmené dans un centre aquatique afin d’accomplir l’un de mes rêves un peu farfelu : nager avec les dauphins. Et ce fut incroyable et magique. Un moment que je chérirais toute ma vie. La peau des dauphins était douce et lisse au touché tandis qu’ils m'entraînaient à toute vitesse loin du rivage. Ce fut une sensation intense. Époustouflante.
Au bout de deux heures en compagnie de ces magnifiques êtres, nous rentrâmes à l’hôtel. Sur le trajet, je ne pus m’empêcher de demander :
- Comment as-tu su que j'ai toujours voulu faire ça ? fis-je en me tournant vers Logan.
- Ton frère m’en a parlé le jour où il est venu pour ton anniversaire, répondît-il.
- Vraiment ?
- Oui, il tient beaucoup à toi et il a dû sentir que moi aussi. C’est un brave petit gars.
- Oh oui, murmurai-je plus pour moi-même que pour les autres.
De retour à l’hôtel, je fis une petite sieste et m’endormis sur le coup tellement j’étais fatiguée. Je m’amusais beaucoup plus que je n’aurais pu l’imaginer mais tout ça me rendait amorphe et j’avais besoin d’un peu de sommeil.
- Amber, il faut se réveiller. Steve nous attend pour partir, dit une voix lointaine tandis que je me sentais secouée.
- Hum, hum, fis-je, toujours endormie.
- Amber, cria la voix plus fort. Réveille-toi !
À ces mots, je me retournai brusquement et frappai quelque chose. Lorsque je sortis enfin de ma torpeur, je vis Logan se tenir la joue, là où je l'avais percuté par inadvertance. Puis, il se mit à rigoler en voyant ma tête.
- Quoi ? Ce n'est pas drôle, lançai-je en le poussant doucement. Je suis désolée, j'ai pas fait exprès.
- Oh si, c'est drôle, ricana-t-il gentiment. Et je suis sûre que ça t'amuse aussi.
- Ok, peut-être un peu, avouai-je avec un sourire timide.
Quand nous nous remîmes de nos émotions, il m’embrassa rapidement, prit ma valise et me guida vers Steve qui nous attendait impatiemment. Puis, une fois prêt, nous partîmes, loin de l’Italie, loin d’un endroit éblouissant où j’avais vécu des instants merveilleux.
*****
Chapitre Vingt-six.
Nous arrivâmes vers deux heures de l’après-midi, épuisés et affamés. Nous fûmes accueillis par le directeur du centre, M. Friedman, ainsi que par Mme Morse et nos amis. À peine fus-je sortie de la voiture qu’Ellie me sauta dans les bras et me serra fort. Malgré sa maigreur, elle avait une force incroyable.
- Tu m'as tellement manqué, Amber ! Et tu as loupé plein de trucs, fit-elle, enthousiaste à l'idée de tout me raconter.
- Tu m'as manqué aussi, lui dis-je en lui rendant son étreinte. Il faut que je te raconte des choses moi aussi.
- Y a intérêt, je veux tout savoir.
- Tout savoir ? Ne lui en dit pas trop quand même, lança Logan en se tournant vers moi.
- Quoi ? Non ! Je veux TOUT savoir ! rétorqua la jeune fille aux cheveux de jais.
- Il faut laisser une part de mystère, répliqua-t-il.
- On verra bien, trancha-t-elle.
C'est alors que nous vîmes une chose invraisemblable. Sans que nous nous en rendions compte, Kate s'approcha de Steve et après un court moment d'embarras, ils s'embrassèrent ardemment.
Puis, avec Ellie, je me dirigeais vers ma chambre où un plateau rempli de nourriture m’attendait. Je m’installai confortablement sur mon canapé tandis qu’Ellie prit place dans un fauteuil face à moi.
- Tu en veux ? dis-je doucement en désignant le plateau de victuailles.
- Oh, je n'ai pas faim, dit-elle en triturant ses mains.
Une tension gênante s'installa dans la pièce. Je me raclai la gorge et changeai de sujet :
- Alors, que s'est-il passé durant mon absence ?
Son enthousiasme revint tout à coup et ses yeux se mirent à briller d'excitation, me rendant perplexe sur ce qu'elle allait me dire.
- Bah, en fait, Cody et moi, on... on est de... nouveau ensemble, avoua-t-elle en rougissant.
- Je m'en étais doutée, en fait. Mais raconte les détails, comment ça s'est passé ?
- Bah vu que Logan et toi n'étaient plus là, on a passé beaucoup de temps ensemble, avec Ben aussi, mais je crois que ça l'a saoulé de nous voir là, ensemble, sans rien faire, alors qu'il savait qu'il se passait quelque chose entre nous. Ça devait sûrement se voir sur nos visages et dans nos yeux. Bref, du coup, on s'est souvent retrouvé que tous les deux. Et les choses en amenant d'autres, on a fini par s'embrasser et par parler de nous deux, de ce que ça signifiait. Et le meilleur dans tout ça, c'est qu'il m'a avouait qu'il n'avait jamais cessé de m'aimer. Comment tu ne veux pas succomber à ça ?
- Euh…, fis-je sans savoir quoi dire.
- Bref, et toi ? Quoi de croustillant à raconter de ton voyage ?
- Le voyage en lui-même était incroyable, lui dis-je en me remémorant les meilleurs moments. Et à vrai dire, le plus fabuleux de tout est que Logan et moi, on s’est rapproché, beaucoup en fait et…
- Et vous sortez ensemble ? m’interrompit-elle.
- Oui, acquiesçai-je en rougissant. Comment le sais-tu ?
- C’est assez évident, Amber. Logan a changé depuis que tu es venue ici, il a arrêté la drogue alors que c’était son seul moyen de s’évader et d’oublier ses problèmes. Et toi, en un clin d’œil tu lui fais oublier ses mauvaises manières. C’est grâce à toi qu’il a changé car il veut te prouver qu’il tient à toi. Et je l’ai vu depuis le jour où il a posé les yeux sur toi. D’ailleurs, tu devrais voir comment il te regarde…
- Comment ? ne pus-je m'empêcher de dire.
- Avec des étincelles dans les yeux. Ne me dis pas que tu ne remarques pas son sourire à chaque fois que tu es près de lui ?
- Bah non, ce n’est pas vraiment une chose à laquelle je fais attention, pour tout te dire, lui expliquai-je.
- Oui, ça peut se comprendre. Mais, le plus important est que tu le rends heureux et il doit être à son comble maintenant que vous êtes en couple.
- Je l’espère. Il me rend heureuse aussi, et même si ça me fait bizarre car je n’ai pas ressenti ça depuis longtemps et je l’en remercie, avouai-je.
- Alors tu devrais te retourner, me déclara Ellie soudainement.
Je fis ce qu’elle me dit et découvris Logan se tenant près de la porte entrouverte de ma chambre. Je me levai et me dirigeai vers lui tandis qu’il me dévisageait comme s’il avait du mal à croire à mes paroles.
- Je le penses, tu sais, lui dis-je en plongeant mon regard dans le sien.
- Je sais. Je t’aime.
À ces mots, mon cœur bondit de joie et explosa en un millier de particules de bonheur pur. Puis, je me jetai dans ses bras, le prenant au dépourvu, et l’embrassai comme jamais, transmettant tout mon amour dans cette étreinte.
- Je t’aime aussi, chuchotai-je au creux de son oreille.
*****
Chapitre Vingt-sept.
- Aller Amber, tu peux le faire, m'encouragea Cody.
Toutefois, je ne me sentais pas le courage de le faire. J'appréciais beaucoup leur initiative mais le skate, ce n'était pas fait pour moi. Ellie, elle, était restée sur le banc, un peu plus loin, ne se sentant pas bien pour le moment, tandis que les garçons se tenaient de l'autre côté du Skate Park.
- Mais, je n'y arrive pas, leur criai-je en retour.
- Mais si, fit Ben. Allez ! On t'attend !
J'avais une trouille bleue. N'en n'ayant jamais fait, ils m'avaient fait mettre des protections sur tous les membres mais cela ne m'avait pas empêcher de tomber la presque totalité de cette leçon.
- J'en peux plus, je ne sens plus mes membres, répliquai-je.
- Okay, on va arrêter pour aujourd'hui, déclara Logan.
- Quoi ? rétorqua Ben. C'est pas parce qu'elle abandonne, qu'on doit la suivre.
- Bah moi, j'arrête. Toi. Tu fais ce que tu veux, répondit le jeune homme aux cheveux blonds.
Puis, il me fit descendre de la rampe et m'emmena à l'intérieur afin de soigner mes égratignures.
- Ça va ? me demanda-t-il.
- Oui, ça pique un peu mais tout va bien, répondis-je.
- Ben n'aurait jamais dû te parler comme ça, déclara le jeune homme blond.
- Ne lui en veut pas, il adore faire du skate. Et puis, ce n'est pas très grave, c'était de ma faute.
- Pas du tout, s'emporta-t-il. Et il n'avait pas à...
- Logan, l'interrompis-je, calme toi.
Puis, pour qu'il se détende, je l'embrassais fougueusement. Il répondit à mon baiser un peu tardivement, surpris par mon initiative. Il resserra ses bras autour de ma taille et je fus envahie par un sentiment de sécurité. Et de sérénité.
Quand il mit fin à notre étreinte, je ressentis un vide dans mon cœur. Il dut s’en apercevoir car il pris ma main dans la sienne et caressa ma paume pour m’apaiser. Puis, il m’entraina dans les dédales du centre jusqu’au bureau du docteur Parish.
- Bonjour les tourtereaux ! fit celui-ci en nous voyant entrer.
- On pourrait dire la même chose pour vous, répliqua Logan avec un sourire espiègle.
- Hors de question ! Bref, je vois que vous êtes allés faire du skate.
Nous hochâmes la tête en même temps pendant que l’adulte nous désigna le canapé où nous nous installâmes une minute après.
- Comment c’était ? reprit-il en me regardant.
- Euh, disons que ce n’est pas trop mon truc, avouai-je.
- C’est normal de tomber les premières fois. Je ne te dis pas le nombre de fois où ce rigolo ou ses amis, sont venus ici pour panser leurs blessures, déclara Steve en tournant la tête vers Logan.
- On adore se faire mal, c’est pour ça, dit l’intéressé avec sarcasme tandis que Steve soupirait.
*****
Chapitre Vingt-huit.
- Je dois dire que j’ai beaucoup apprécié votre point de vue, dit Madame Genger à Ellie et sa partenaire en leur tendant leur exposé.
Puis, elle continua à parcourir la salle, cherchant des yeux les personnes notées sur ses feuilles. Cela lui prit au moins une dizaine de minutes, jusqu’à ce qu’elle arrive devant Logan et moi.
- Un travail bâclé, voilà tout, nous déclara-t-elle en fronçant les sourcils. Mais ce ne me surprend pas.
Puis, elle jeta notre papier sur la table, nous offrant une note de 9/20.
- Pardon ? répliquai-je. J'ai passé beaucoup de temps sur ce devoir...
- Pas assez, à mon avis, rétorqua-t-elle de sa voix aiguë.
J'allais riposter lorsque Logan me prit le bras et me chuchota à l'oreille.
- Calme toi ! Elle n'en vaut pas la peine. On n'a qu'à la supporter le temps qu'on est là et lorsqu'on sortira, tu pourras faire ce que tu veux.
Cela ne me réconforta pas beaucoup mais je me forçai à me calmer. La main de Logan dans la mienne m'aidait bien plus que je ne voulais l'admettre surtout quand il plongea ses beaux yeux d'ambre dans les miens.
- Merci, lui murmurai-je.
- Y a pas d'quoi, me dit-il avec un immense sourire.
Puis, il tourna sa tête vers la prof et fit semblant de l'écouter. Je le voyais bien parce qu'il n'arrêtait pas de caresser ma main et de me jeter des petits regards toutes les deux minutes. Et à vrai dire, j'adorais ça. Cette attention qu'il me témoignait et dont je n'étais pas conscience qu'elle m’était vitale. Après tout, si j'avais atterrit ici, c'était bien de ceci que ça retournait. Un père qui m'avait abandonnée, une mère qui ne s'occupait plus de moi, mes amis qui m'avait tourné le dos, même si j'étais en partie responsable... Bref, tout cela montrait une chose : je souffrais d'un manque d'attention. C'était dingue comme une simple chose peut avoir une ampleur considérable qu'on ne peut contrôler.
- Hey, tout va bien ? me fit Logan, d'un air inquiet.
- Oui, j'étais juste en train de penser.
- A mes beaux abdos ?
- Mais oui, c'est ça, fis-je en rigolant doucement tandis qu'il me suivait sur ce chemin.
- Non mais sérieusement ? demanda-t-il.
- À mes problèmes, à ma famille, enfin bref à plein de trucs, avouai-je.
- Tu penses trop. Tu devrais songer à mes abdos à la place, ça te causerait moins de soucis.
- Pfff, soufflai-je en lui donnant un coup dans le ventre pour le taquiner.
- Aie ! plaisanta-t-il et nous éclatâmes de rire en silence.
- Arrête, lançai-je, ou ça va finir comme la dernière fois.
- Non, jamais ! C'est tellement mieux que les cours.
- C'est vrai que t'aime tellement ça !
- Mais je t'aime encore plus !
À ces mots, mon cœur bondit dans ma poitrine. J'eus envie de l'embrasser mais jetant un coup d'œil à Mme Genger, je me ravisai. À la place, je serai un peu plus la main de Logan contre la mienne, lui faisant comprendre que je ressentais la même chose que lui.
- Au fait, me dit le jeune homme, met ta plus belle robe ce soir !
- Pourquoi ? fis-je, curieuse.
- Tu verras ! Et soit prête à 19h !
*****
Chapitre Vingt-neuf.
À 19h précise, Logan toqua à ma porte. Je pris une seconde pour regarder mon reflet dans le miroir et admirer ma robe bordeaux, un cadeau de Mme Morse lors de mon anniversaire.
- Salut, fis-je d'une voix douce en ouvrant la porte.
Seulement, il ne me répondit pas. Il était ébahi par ma tenue et me regardait avec des étincelles dans le regard. Je rougis, me sentant mal à l'aise. Jamais personne ne m’avait regardée ainsi. Et je n'en l'aimais encore plus.
- Je t'aime, lui déclarai-je en me penchant pour l'embrasser.
- C'est pour quel honneur ? me demanda-t-il lorsque je mis fin à notre baiser.
- Pour cette étincelle d'amour dans ton regard. Ça rend tes yeux encore plus magnifiques, admis-je.
- Viens là ! me dit-il en posant ses lèvres sur les miennes.
Une quinzaine de minute plus tard, nous arrivâmes à un petit restaurant, simple mais à la fois resplendissant. Une dame nous accueillit chaleureusement et nous dirigea vers une table où trônait une chandelle et une magnifique nappe en dentelle. Puis, nous nous installâmes confortablement pendant qu'elle nous donnait la carte du menu.
- C'est magnifique, dis-je quand j'eus enfin retrouvée ma voix devant tant de splendeur.
- Tu aimes ? me demanda-t-il en me prenant ma paume dans la sienne.
À son contact, un million de frisson se propagea le long de mon corps, me réchauffant de l'intérieur.
- Oui, j'adore. Je n'en reviens pas que tu fasses tout ça pour moi.
- Pourtant c'est assez simple. Je t'aime et je veux te le montrer, c'est tout.
- Ça me touche beaucoup, Logan. Personne n'a jamais accompli une chose aussi incroyable pour moi, admis-je.
- Je ne vois pas pourquoi. Tu es une fille superbe et absolument géniale. Tu es sympa avec tout le monde et c'est une qualité que j'adore chez toi.
Je rougis devant ces mots pleins de sincérité. Puis, je lui racontais comment c’était avant de venir au centre. Je lui expliquai ma vie au lycée, là où personne ne voulait me parler, ni même m'approcher à cause de leur stupide étiquette à la noix qui faisait de moi une pauvre fille minable aux yeux de mes anciens camarades. Je lui relatai mon ressentiment envers l'abandon de mon père et la relation complexe que j'avais avec ma mère. Je lui dit que la personne à qui je tenais le plus, avant de les rencontrer Ellie et lui, était mon petit frère Tony, que c'était l'être que je chérissais le plus au monde, que c'était le meilleur petit frère de toute la planète. Et que je l'avais déçu par mon comportement. Parce qu’il avait été blessé par mon geste même s’il essayait de le cacher. Je lui racontais absolument tout, me laissant fragile et vulnérable devant cet être que j'aimais et c'était pour moi le seul moyen de lui faire comprendre que je l'aimais au-delà des mots. Quand j’eus fini, j’inspirai profondément et relâchai toute la tension qui s’était accumulée en moi. Je me sentais libérée en un sens.
- Je suis désolé, lança soudain le jeune homme. Je sais que tu ne veux pas de pitié ni de compassion mais c'est tellement injuste et je ne veux pas que tu portes ce poids toute seule. Et en partageant tout ça avec moi, je te remercie d'avoir eu assez confiance en moi pour le faire, j'ai l'impression que tu relâches un peu de ce poids. Pourtant, ça serait tellement plus facile si tu n'avais pas vécu tout cela. Mais on ne peut pas changer le passé et c'est dommage dans un sens. Tu mérites une vie meilleure, tellement meilleure que celle que tu as eu. Et ça me rend hors de moi d'être aussi impuissant. J'aimerais te protéger de ton passé mais je ne peux pas.
- Tu es là, et crois moi, c'est suffisant, lui dis-je avec toute la sincérité qui résidait dans ma voix.
C’est alors qu’il se leva de table, abandonnant le repas qu’on nous avait servi quelques minutes plus tôt. Il insista pour que je fasse de même et tout à coup, se jeta sur mes lèvres pour un baiser passionné.
- Je t'aime tellement, me murmura-t-il en posant sa tête dans le creux de mon cou.
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Chapitre Trente.
"Aujourd'hui est une belle journée" me dis-je lorsque j'ouvris les rideaux de ma chambre. C'était enfin le week-end et après une rude journée de travail la veille, j'avais besoin de me détendre. Je décidais donc d'aller retrouver Logan, afin de passer un peu de temps avec lui, peut-être pour parler encore comme lorsque je lui avait tout déballé deux jours plus tôt. Après m'être préparée, je sortis donc dans le couloir et pris plusieurs tournants jusqu'à me retrouver devant sa chambre, un sourire aux lèvres à la perspective de le voir. Tandis que j'approchais, j'entendis des voix qui criait dans sa chambre. Inquiète, je faillis rentrer mais une chose me stoppa net.
- Arrête Logan ! hurla Ben. J'en ai marre de ta connerie avec Amber.
- Ce n'est pas une connerie, rétorqua celui-ci. Tu ne peux pas continuer comme ça Ben, n'oublie pas ton foie.
- Oh, t'es pas mon père, alors lâche moi. Et puis, tu n'aurais jamais arrêté si elle n'était pas là. Alors pourquoi je dois le faire moi aussi, hein ? Et puis, moi je l'aime pas, ta Amber.
- Ce n'est pas ma Amber. Et je te signale qu'on a fait un pacte, répliqua Logan et je sentis mon cœur se briser un peu.
- Rien à foutre de ton pacte !
- Ben, intervint Cody, n'en fait pas tout un plat.
- Oh, c'est vrai, j'oubliais. Toi aussi tu es aveuglé par l'amour ! Et puis, je n'ai jamais voulu faire ce pacte.
- Alors pourquoi l'avoir fait ? demanda le jeune homme brun aux yeux d'amande.
- Je... je sais pas, admit-il d'une petite voix.
- Tu ne devrais plus en prendre, conseilla Cody. La drogue n'apporte rien, que des problèmes.
- Oh, lâchez moi ! On a fait ce pacte à cause d'Amber, c'est elle la source de nos problèmes.
- Arrête de dire n'importe quoi, s'emporta Logan.
- Tu ne peux pas le voir, tu es fous d'elle, asséna Ben.
Le silence s’installa soudain mais la tension persistait et je la sentais de là où je me tenais. J'entendais des bruits de pas dans la pièce mais je n'osais m'approcher davantage. J'avais peur que la dispute reprenne encore plus violemment qu'elle n'avait commencé. Je ne savais pas quoi penser de cette discussion houleuse cependant mon cœur battait fort contre mon thorax. Ce n’était pas lorsqu’il battait pour Logan ou pour mes amis et mon frère. Non, il battait durement, provoquant un manque de souffle. Je peinai à respirer et étouffait dans ce minuscule couloir qui rétrécissait à vue d'œil. Puis, je me mis à courir vers la sortie, cherchant l’air frais et pur pour enlever cette angoisse.
Une fois dehors, je soufflai abondamment, cherchant à remplir mes poumons. On aurait dit que j’avais couru un marathon. J’étais à bout de souffle mais je le reprenais peu à peu, libérant mon anxiété et laissant mes problèmes dans le courant du vent.
Puis, je m’assis sur un banc et profitai de la solitude qui m’entourait pour réfléchir à ce que je venais d’entendre. J’admirais la façon dont Logan m’avait défendue néanmoins je ne voulais être un problème pour personne. Je ne pouvais plus supporter d’être un obstacle pour mes amis, d’être la raison de leur malaise, alors si la seule solution était que je reste à l’écart, je le ferais. Même si cela signifiait que j’aurais le cœur brisé…
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Crédit Photos : Pinterest
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