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The Survival - Chapitre 12, 13 & 14

Chapitre 12



Ce jour-là arriva plus vite que ce que je pensais. Il arriva un mardi. L’un des mardis les plus noirs de toute mon existence. Car il a détruit ma vie.

Je me réveillais le matin dans les bras de Will, une habitude que nous avions commencé à prendre lorsque nous avions réalisé à quel point nous tenions l’un à l’autre. Ce fut une matinée des plus normales, la routine quoi. Un petit déjeuner copieux, des entrainements intensifs, des moments entre amis pour décompresser. Tout aller pour le mieux. Jusqu’à ce fameux moment.

Nous étions en train de faire une reconnaissance des lieux autour de notre camp, ce que nous faisions de temps en temps afin de savoir si les soldats se rapprochaient de nous. Nous savions bien qu’un jour, nous serions obligés de quitter cette maison bien tranquille pour affronter le monde réel. Mais ce qui nous avions vu ce jour-là, dépassait l’entendement.

Ça a commencé quand Will a entendu des voix au loin. Nous nous sommes tous rapprochés aussi silencieusement que possible, cachés derrière les arbres de la forêt. Et là, je crus que mes yeux me jouaient des tours. Ma soeur était là, entourée de soldats. Elle n’avait pas l’air prisonnière. Au contraire, elle leur parlait comme si la situation était tout à fait normale. Mais je savais, au fond de mon âme, que quelque chose clochait. Au moins, j’avais la confirmation qu’elle n’était pas morte. Mais cela ne me réconfortait en rien. Ce qu’ils lui faisaient subir était sûrement pire.

Tout à coup, je vis ses pupilles et je compris. Elle avait les mêmes que moi, colorée un éclat doré. Mais alors que j’avais survécu au processus par un miracle que je ne m’expliquais pas, ma soeur n’avait pas eu cette chance. Je le remarquais à sa façon de bouger, de parler. On aurait dit un robot, pas une personne normale. Et tout ça était de ma faute. Je ne pouvais pas la laisser comme ça, et ici avec tous ces soldats qui complotaient je ne sais quoi à notre insu, à l’insu du peuple tout entier. Il fallait les arrêter. Je ne pouvais pas rester les bras croisés à ne rien faire pendant que ma soeur n’était plus elle-même.

Je pris sûrement une décision irrationnelle sur le moment, mais mon cerveau n’était focalisé que sur une seule chose : sauver ma soeur. Après tout, elle s’était sacrifiée pour moi, et c’était mon devoir de la protéger de tout ça, de la guérir de ce truc, quel qu’il soit, qui avait changé la couleur de ses yeux et l’âme la plus pure que je connaissais.

Sortant du couvert de mon arbre, je m’approchais aussi discrètement que possible afin de me rapprocher d’elle. Cependant, je fus arrêter par une main, posée sur mon coude.

- Qu’est ce que tu fous ? m’interpella Will, en chuchotant.

Sauf qu’il m’avait prise par surprise et mon pied marcha sur une brindille. Le son résonna dans la forêt, réveillant les oiseaux et attirant l’attention sur nous. Les soldats se retournèrent vers notre cachette et à voir leurs expressions, nous étions foutus.

- Courez ! nous cria soudainement Will. Sauvez-vous !

Will me tenait toujours. Je croisais son regard et vue qu’il considérait que tout cela était de ma faute. Et même si je savais qu’il avait raison, sur le coup, la fumeur me pris. Je me dégageai de sa poigne avec toute la force que je possédais et couru vers ma soeur. Je ne fus déranger par personne, les soldats étant partis à la suite de mes amis.

- Kate, Kate, fis-je en lui prenant les mains. Dis-moi que tu es toujours là-dedans. Dis-moi que tu es toujours là avec moi.

- Lâchez-moi, je ne vous connais pas, me répondit-elle.

- Je suis ta soeur, Kate. Chloé, tu ne te souviens pas ? dis-je, des larmes commençant à perler aux coins des yeux.

- Lâchez-moi, tout de suite, commença t-elle à crier.

- Mais Kate, je suis ta soeur. On aime bien se chamailler parfois, mais c’est parce que on s’aime toutes les deux. Tu sais que je ferais n’importe quoi pour toi et toi pour moi, et là, j’ai besoin de toi, Kate. Parce que tu es une personne forte et que tu laisserais jamais rien m’arriver. Parce que tu tiens à moi. Alors reviens, je t’en supplie, m’écriai-je, les larmes coulant le long de mon visage. Reviens !

- Je suis désolée, mais je ne vous connais pas, fit-elle ébranlée. Je ne suis pas votre soeur, vous devez vous tromper.

- Non, comment peux-tu dire ça ? Ils t’ont donné un truc, et ça t’a changé. Ça a même changé la couleur de tes yeux. Souviens-toi de ça !

Je n’eu pas le temps d’ajouter autre chose. Certains soldats étaient revenus et allaient m’encercler de toutes parts. Je devais partir. Et bien que cela me déchirait le coeur, je ne pouvais pas sauver ma soeur si j’étais faite prisonnière. Jetant un dernier regard à la fille qui se tenait devant moi, je me fis la promesse de la retrouver et de la sauver. Puis, je partis aussi vite que mes jambes me portaient. J’entendis des pas derrière moi, sûrement les soldats qui m’avaient vus partir en trombe. Toutefois, au bout de quelques minutes, ou quelques heures, j’avais perdu la notion du temps, je n’entendis plus que mon souffle et mon rythme cardiaque qui battait la chamade. Je les avais semés. Je pris donc le chemin de la maison, en espérant retrouver les autres, sains et saufs.


 

Chapitre 13


Lorsque j’arrivais enfin dans la petite maison, je n’entendis aucun bruit. Sur mes gardes, je m’approchais à pas de loup, de peur qu’un soldat ait pénétré dans notre refuge. Arrivant au salon, je fus prise d’une bouffée de soulagement. Mes amis étaient là, assis sur le canapé, contusionnés par ci par là mais saufs. Excepté Rachel.

- Où est Rachel ? demandais-je de but en blanc.

- Elle s’est fait prendre, cria Will. Et tout ça, c’est de ta faute !

- Quoi ? Fis-je abasourdie. C’est une blague ? Que s’est-il passé ?

Je ne voulais pas écouter les accusations de Will, en partie parce qu’il avait raison. Et d’un autre coté, parce que cette nouvelle me fit un choc. Ce n’était pas possible. Les soldats n’avaient pas pu prendre Rachel en otage. Non, pas à cause de moi.

- On ne s’est pas trop comment s’est arrivé, me raconta Liam, qui tenait une Laura dévastée dans ses bras. On était en train de courir pour échapper aux soldats, mais elle a dû se séparer de nous à un moment donné. On n’a pas fait gaffe. J’ai entendu un cri. Et elle n’est jamais revenue. Tout comme toi, jusqu’à maintenant. On pensait aussi qu’ils t’avait prises.

- Comment on peut être sûre qu’elle n’est pas encore dans la forêt ? dis-je d’une voix faiblarde.

- Elle aurait déjà du être rentrée, elle connait la procédure et elle n’en fait pas à sa tête comme une personne ici présente, répliqua Will.

- Arrête Will ! fit Max. Tu ne peux pas blâmer Chloé. On était trop près. On connaissait les risques. On savait tous que cela allait arriver un jour ou l’autre. Et ils étaient trop nombreux, on avait aucune chance. Encore heureux que la plupart d’entre nous soient saufs.

- C’est elle qui nous a fait repéré, cria soudain le jeune homme blond. Tout ça pour rien !

- Pour rien ? C’était ma soeur qui se tenait entre les soldats, je ne pouvais pas rester les bras croisés.

- Ta soeur ? Comment ça ta soeur ? demanda Liam.

- Oui, c’était ma soeur qui était là, sous leur control, à cause de leur stupide sérum. Je ne pouvais pas la laisser là, répondis-je. Elle s’est sacrifiée pour moi, la dernière fois que je l’ai vu.

Cela laissa un blanc dans la conversation. Je voyais bien à leurs yeux qu’ils comprenaient ma réaction mais cela ne changeait pas les faits. Rachel avait surement été capturé par les soldats qu’on avait vus dans la forêt et bien sûr, nous étions compromis. Ils savaient qu’on était là, quelque part pas loin d’eux. Et ils viendraient tôt ou tard pour nous. C’était inévitable.


 

Chapitre 14


Epuisée et dévastée, je me dirigeais vers ma chambre, Will sur mes talons. Je ne voulais pas vraiment lui parler, sachant l’humeur maussade dans laquelle il était. Mais c’était inévitable. Donc, je me retournais vers lui, à moitié prête à l’affronter.

- Tu as agi de manière irrationnelle et tu nous as mis en danger, tu t’en rends compte ? me demanda t-il.

- Oui, je sais et crois-moi, j’en subis toutes les conséquences. J’ai laissé ma soeur derrière, encore une fois, et je me fais du soucis pour Rachel. Je m’imagine les pires scénarios la concernant, fis-je les larmes aux yeux.

- Je ne crois pas que tu te rends compte des conséquences que tu as engendré. Tu n’en as aucune idée. Le gouvernement va venir pour nous, pour nous tous, et on n’est pas prêt à les affronter. Tu nous as foutu dans une merde sans nom, s’énerva Will.

- C’était ma soeur. Elle est la seule famille qu’il me reste, je devais au moins tenter de la sauver.

- Et nous ? On est quoi pour toi ? dit le jeune homme en haussant le ton et en se rapprochant de moi.

- Ce n’est pas la même chose. (Je pris un temps pour me ressaisir et me calmer, en vain). Tu m’entraines depuis plus de deux mois pour pouvoir les affronter et au lieu de saisir notre chance, on s’est enfui pour qu’ils puissent nous retrouver plus facilement après. On devrait se battre. Tu me l’avais promis ! criai-je à mon tour.

- Tu n’es pas prête à les affronter, crois-moi.

- J’ai beaucoup progressé, tu le sais. Et puis quoi ? Tu veux attendre ici pour toujours ? Qu’on vive cacher pour toujours ? Ce n’est pas vivre, ça, c’est survivre et j’en ai marre ! Ce n’est pas une vie.

- On restera là autant de temps qu’on le peut et on bougera ensuite, car personne n’est prêt à les affronter, assena Will, en me prenant fort le bras. On est pas assez nombreux contre eux, pas assez préparés, pas assez forts. Ils ont des outils, des sérums plus puissants que celui qu’ils ont utilisés sur ta soeur.

- Et comment tu sais tout ça, hein ? Pourquoi tu ne nous le dis que maintenant ? C’est peut-être pour ça qu’on est pas prêt. Parce que tu ne nous dis rien.

- Tu avais promis de ne pas m’interroger sur mes secrets, que cela t’allait !

- Mais là ça change tout, si ça concerne notre survie, tu dois nous les dire, Will, le suppliai-je.

- Non, je ne peux pas. Je ne peux juste pas, ne me demande pas de te les dire, s’il te plait.

Voyant sa tête, terrifiée et coupable, je me rétractais. Je ne savais pas comment il avait appris tout cela, mais je voyais bien que son ou ses secrets lui coutaient. Et cela me faisait peur. Si il ne voulait pas nous les révéler, c’était pour une bonne raison. Une raison qui me poussait à m’interroger sur son rôle dans tout cela. Et si il savait tout cela parce qu’il avait aider le gouvernement à créer leurs sérums ? Il connaissait beaucoup trop de chose pour ne pas être impliqué. Et même si il avait eu le bon sens de s’enfuir et d’aider les survivants, je ne pouvais plus lui faire confiance tant qu’il garderait tout pour lui.

Cette pensée me déchira le coeur. En plus d’avoir perdu ma soeur et Rachel, je venais de le perdre lui. Il était temps que j’agisse. Je ne pouvais pas perdre quelqu’un d’autre. Mon âme n’allait pas le supporter. Il ne me restait donc plus qu’une chose à faire : mener mon projet à bien sans l’aide de personne. Mais il allait me falloir un plan solide.



Crédit Photos : Pinterest

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