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The Survival - Les quatre derniers chapitres


 

Chapitre 17


Cela faisait plus de deux semaines que je cherchais la base, suivant les coordonnées sur le GPS. Je ne pensais pas que cela me prendrait autant de temps. Will et les autres étaient sûrement en train de me chercher et je ne pouvais pas penser à ce qui se passerait lorsqu’ils m’auraient retrouvés. Non, j’avais un but et j’allais le poursuivre jusqu’au bout, même si cela signait mon arrêt de mort et me coutait mon amitié avec la bande. Au moins, j’avais Neige pour me réconforter et me tenir au chaud la nuit. Parce que cela faisait plusieurs jours qu’on mangeait des petites rations et qu’on ne s’était pas lavé. Je me sentais sale, épuisée mais toujours aussi déterminée. Il fallait que je trouve ce camp au plus vite, sinon je n’imaginais pas les conséquences qui allaient me retomber dessus.

Cela n’arriva qu’au troisième jour suivant. Les rations s’étaient épuisées. Neige devait chasser pour que nous puissions manger et tenir le coup. Mais il était tout aussi épuisé que moi. Je perdais peu à peu espoir jusqu’à ce que je découvris une bâtisse, faite de bétons, qui ressemblait beaucoup aux images vues sur l’ordinateur de Max. Nous étions enfin arrivés à destination.

Je décidai de nous éloigner de la base, afin de pouvoir la surveiller et de construire un plan d’attaque. Je comptais les rondes des soldats, regardais si leurs yeux étaient comme le mien, et notais tout ça dans ma tête. Une stratégie commença à prendre forme au bout de deux journée d’observation. Neige continuais à chasser de la nourriture à plusieurs kilomètres du camp afin qu’on ne nous remarque pas. Puis, le jour de l’assaut arriva et j’étais fin prête à appliquer mon plan, même si je devais reconnaitre que beaucoup de détails m’échappaient et rendaient bancal mon stratagème. Il y avait beaucoup d’inconnus, mais je comptais sur la discrétion et l’effet de surprise, si nécessaire.

Ce jour-là, je laissais Neige au camps, afin qu’il ne vienne pas avec moi, et partis avec rien d’autres qu’un couteau suisse pris à la maison de la forêt. J’avançais à pas de loup vers une soldate, la pris par surprise avec mon canif sous sa gorge et la mis KO en moins de cinq minutes. Je lui pris ses vêtements, l’attachai à un arbre avec ses propres menottes, la cachant aux yeux de ses camarades. Et bien entendu, je lui pris son badge. La phase un était enfin terminée. Place à la phase deux de mon plan.

Je pus mon fondre dans le décor assez facilement, grâce aux habits que j’avais empruntés, au badge et à mes yeux. Les soldats que je croisaient me saluaient comme si nous étions amis, alors que je ne les avais jamais vus de ma vie et eux non plus. Cela me parut trop facile, même si je ne connaissais pas bien la disposition des lieux. Je continuais quand même à me balader dans les grands couloirs blancs, essayant de me faire petite et discrète, afin qu’on ne me remarque pas. Après tout, j’étais une intruse dans la grande base du gouvernement.

Lorsque personne n’était dans le couloir, j’essayais des portes avec mon badge, mais j’avais un accès assez limité. La soldate que j’avais menotté ne devait pas avoir un haut grade. J’ai pu tout de même voir l’intérieur de quelques labos vides, sûrement là où ils fabriquaient le fameux sérum. Mais je n’avais pas le temps de m’attarder là-dessus. Je devais trouver ma soeur et la sortir de là, ainsi que Rachel, si jamais elle se trouvait bien ici.

Je continuais mes recherches encore et encore, tellement il y avait de couloirs et de salles. C’était interminable et je commençais à m’épuiser, ce qui n’était pas bon du tout. La peur s’empara de moi, la peur d’échouer à trouver ni ma soeur, ni Rachel, la peur de m’être mise en danger pour rien. C’est alors que j’entendis une voix, bien trop reconnaissable pour me laisser le doute. J’avançais vers celle-ci, comme bercée par ce son mélodieux qui me rappelait mon passé. La personne à qui cela appartenait se trouvait dans une grande pièce, mais elle avait l’air seule. Alors je m’approchais. Je devais m’assurer que si elle était là, c’était contre son gré. J’avais besoin de voir ses yeux.

  • Maman, je l’interpellais.

  • Excusez-moi ? fit-elle en se retournant et en me dévisageant avec ses pupilles dorés. Qui êtes vous jeune fille ? Que faites vous ici ? Les soldats ne sont pas autorisés à entrer dans ce secteur.

  • Maman, c’est moi Chloé, tu te souviens ? je lui dis, au lieu de répondre à ses questions.

  • Je ne connais pas de Chloé et encore moins d’enfants qui serait venus de mon ventre. Garde ! cria-t-elle alors.

Et avant que j’ai pu faire quoi que ce soit, comme m’enfuir par exemple, je fus encerclée de toute part par des soldats. Comment avaient-ils faits pour être si nombreux en si peu de temps ? La réponse était claire, j’avais du être suivie à mon insu. Ils n’attendaient qu’une occasion pour me tomber dessus et je le leur ai donné sur un plateau d’argent. J’ai été bien trop naïve. Et mal préparée. Will avait raison. Mais je ne me laisserais pas abattre par eux. Non, je devais continuer à me battre, malgré mes erreurs et ma situation. Je me jetai donc sur le premier soldat, lui assenant un puissant crochet du droit. Puis, continuai avec son voisin, faisant jouer mes poings et mes pieds afin de me défendre. Mais je fus vite enserrer par une dizaine de garde. J’avais beau avoir le nez en sang, une côte mal en point par les coups des combattants, je me débattis comme je pouvais. Mais j’étais seule, et je ne vus que trop tard la crosse d’un fusil qui se rapprochait de ma tête. Je ne pus l’éviter et je sombrai dans l’obscurité.


 

Chapitre 18


  • Chloé ! Chloé, réveille-toi, je t’en prie.

J’entendis la voix m’appelait encore et encore mais mon esprit était embrumé. Je sentais que quelqu’un me secouait, avec des mains délicates et douces. Mais la douleur était trop présente, celle de ma tempe ainsi que celle de mon coeur. Parce que j’avais échoué, lamentablement. Et personne ne viendrait me chercher.

  • Chloé, Chloé, réveille-toi. Il est important que tu ouvres les yeux.

Ces paroles résonnaient dans ma tête et je finis par ouvrir les yeux. Je fus tout d’abord éblouie par la lumière, puis peu à peu je discernai des silhouettes autour de moi. Notamment une, qui se tenait tout près de moi, accroupie à mes côtés.

  • Rachel ! m’écriai-je une fois que je l’eu reconnu et je l’enserrai dans mes bras. Que fais-tu là ?

Nous étions dans une cage, des barreaux nous enserrant de toute part. Aucune échappatoire possible, de plus que nous étions surveillée par des scientifiques et des soldats. Ces derniers m’avaient balancés à même le sol et j’étais restée inconsciente pendant je ne sais combien de temps.

  • Oh je suis tellement contente que tu sois réveillée, me répondit Rachel. J’avais peur que tu fasses une hémorragie. Tu es salement amochée.

Elle s’arrêta un instant.

  • Ils m’ont attrapé le jour où on a vu les gardes. J’ai couru aussi vite que possible mais ils m’ont cernés. Et ils m’ont mise ici, pour m’interroger sur vous. Ils voulaient savoir comment on avait échappé aux sérums.

  • Oh mon dieu, fis-je, réalisant ce qu’elle avait dû traverser. S’il te plait, dis-moi qu’ils ne t’ont pas torturés.

  • Non, ils m’ont juste laisser ici, sans douche, ni nourriture pendant plusieurs jours. Je ne leur ai rien dit sur vous, mais…

  • Mais quoi ? la pressai-je, sentant le pire venir.

  • Chloé, dit-elle avec des larmes aux yeux, j’avais peur qu’il me donne le sérum, alors j’ai dû leur dire quelque chose.

  • Dire quoi ?

  • Je leur ai raconté mon histoire, mais ça n’a pas suffit. Il me menaçait toujours avec le sérum, alors j’ai parlé de toi et… et de tes yeux. Que tu avais résisté au sérum. Je suis désolée.

  • Je… je comprends Rachel, ne t’en fais pas.

Rachel avait enduré beaucoup de traumatismes à rester ici seule pendant plus de trois semaines. Je comprenais qu’elle avait dû survivre ici comme elle le pouvait, avec les ressources limitées dont elle disposait. Je ne pouvais pas lui en vouloir. J’aurais fait la même chose à sa place.

  • Après ça, ils m’ont laissé tranquille. A mon avis, ils voulaient à tout prix savoir comment ça avait foiré sur toi, comment ils pouvaient expliqué que tu étais la seule, reprit-elle.

  • On n’est pas sûr que je suis la seule, remarquai-je.

  • Oui, mais pour l’instant, tu es la seule connue, et ils étaient très choqués en apprenant la nouvelle.

  • Même moi, je ne sais pas pourquoi et j’aurais bien…

  • Ah, notre invitée est réveillée, enfin, fit une voix masculine derrière nous.

Je me retournai dans la cage et fis face à un homme, propre sur lui, qui sentait l’autorité. A mon avis, celui qui se tenait devant nous n’était qu’autre que le chef de l’opération.

  • Chloé, c’est cela ?

Je ne répondis pas. Je n’allais pas lui donner cette satisfaction.

  • Oh, je vois. Tu te crois rebelle. Comme c’est idiot de ta part. Tu ne feras jamais le poids contre nous. Jamais. Kate, Julie, venez s’il vous plait.

Mon coeur battit de plus en plus vite lorsqu’il prononça ces mots. Il accéléra encore plus lorsque je les vis approcher. Ma soeur et ma mère.

  • J’ai cru comprendre qu’elles faisaient parties de la famille, dit-il en les désignant. Donc tu as interêt à parler si tu ne veux pas qu’elles meurent. On s’est compris, Chloé ?

  • Oui, fis-je, la colère pointant dans ma voix.

  • Bien. Commençons. Raconte ton histoire. Dis-nous comment tu as résisté au sérum.

Je regardais ma mère et ma soeur, debout l’une à côté de l’autre, sans même se reconnaitre. Cela brisa mon âme. Mais je parlais quand même. Je leur racontais ce qui était arrivé dans mon village. Comment ma soeur et moi avions fui, mais que j’avais reçu un flash dans les yeux. Que cela m’avait désorienté quelques minutes, avant de sentir la présence de ma soeur, en danger, près de moi. Et nous avions continué notre fuite. Jusqu’à ce que nous soyons séparées.

  • Oui, puis tu as rencontré les jeunes gens avec qui tu es restée, continua-t-il en désignant du doigt Rachel. Intéressant, tout cela. Mais j’ai une mauvaise nouvelle pour toi, ma chère Chloé. Vu que tu résiste au sérum, nous n’avons pas le choix. Tu seras exécutée demain matin.

  • Non, je ne crois pas, lança soudain une voix de l’autre côté de la salle.

J’essayais de voir ce qu’il se passait, mais les soldats me bouchaient la vue. Les scientifiques, quant à eux, s’étaient tassés sur eux-même, certains étaient sous leur bureau, cherchant un moyen de les protéger du nouvel arrivant.

  • Tout ça, c’est fini papa. Tu vas mettre un terme à cette opération, sur le champ, cria la voix avec fureur.

  • Oh Will, comme tu es naïf. Cela me dépasse, cela nous dépasse tous. Et tu crois que je le ferais pour toi.

Will était là. Il était venu nous sauver. Mais attendez, c’était son père, le bonhomme inhumain et cruel qui se tenait devant nous ? Ce n’était pas possible.

  • Libère-les, s’écria Will.

  • Ou quoi, fiston ? Tu vas me tuer ? rigola son père.

  • Je serais très tenté, oui.

  • Je ne crois pas, non. T’es un lâche, t’a pas le cran. Tu n’es pas comme moi, lui cracha-t-il à la figure.

  • Non, père, je ne suis pas comme toi. Je ne soumets pas la population à un sérum qui leur fait oublier qui ils sont et leur fait devenir des robots sans cervelle. Je suis meilleur !

Et sur ce, il fit feu sur son propre père.


 

Chapitre 19


Les coups de feu partirent en tout sens. Avec Rachel, nous nous rivâmes sur le sol afin de pouvoir échapper aux tirs. La salle s’emplit de cris et de peur. Le combat final avait commencé et c’était le chaos total. Mes oreilles bourdonnaient tellement que Rachel dû me tirer lorsque Max ouvrit la porte de notre cellule, un pistolet à la main. Venait-il de tirer dans la serrure pour nous libérer ? C’était fort possible. Max était un génie après tout, si quelqu’un pouvait forcer une porte, c’était bien lui. Une fois sorties, il nous tendit à chacune un revolver, ceux dont nous nous servions lors de nos entrainements quotidiens. Nous nous regardions dans les yeux, et sans parler, nous hochâmes la tête. Il était temps que nous nous battions, nous aussi. Et je me jetai dans la mêlée.

Tout en combattant un soldat, je vis Will au loin. Il était comme une tornade, abattant les ennemis les uns après leurs autres, soit avec son arme, soit avec des techniques de combats avancés. Je n’étais pas aussi rapide que lui, ni n’avait la même rage qui l’habitait. Je réussis tout de même à me débarrasser de mon assaillant et de me tourner vers un nouveau. Petit à petit, je pus me créer un passage pour regagner le couloir, où Laura et Liam s’attaquaient à un groupe important de combattants. J’allais me joindre à eux mais je fus renversée et tombai maladroitement par terre, laissant échapper l’arme que je tenais dans la main. La personne qui s’en était prise à moi alla ramasser l’arme. Je me relevai d’un coup, l’adrénaline pulsant dans mon corps. Néanmoins, en voyant à qui j’avais affaire, je reculai de stupeur.

Ma mère se tenait devant moi, ma soeur à ses côtés. Tandis que cette dernière avait une expression terrifiée sur le visage, ma mère arborait une détermination farouche. Elle brandissait mon arme, pointé sur moi, avec ferveur.

  • Maman, je t’en prie, ne fais pas ça, la suppliai-je. Pose ton arme, s’il te plait.

  • Je ne sais pas qui tu es, et je m’en fiche. Tu viens ici et tu chamboules tout. Donc tu dois mourir, dit-elle avec conviction.

  • Tu vas tuer ta propre fille ? Au fond de toi, tu le sais, fis-je en me rapprochant d’elle et de ma soeur. Je suis ta fille, Chloé, et je t’aime maman. De tout mon coeur.

Je crus dur comme fer en mes paroles, espérant que cela pouvait la toucher. Voire les toucher. Nous étions une famille, même si elles ne me reconnaissaient pas, et je ne les abandonnerais jamais. Seulement, je ressentis une douleur insupportable au moment où je réalisais que mes mots n’avaient rien changé. Je m’écroulais pour la seconde fois au sol, choquée par ce qui venait de se produire.

  • Noooon ! cria une personne au loin.

Ma respiration devint laborieuse. Mes yeux ne voyaient plus clairement. Je sentais du sang coulait le long de ma peau, chaud et pulsant. On me prit par les épaules, me souleva et je discernais des bras s’enrouler autour de mon corps.

  • Chloé, reste avec moi, je t’en prie. Regarde-moi, Chloé, fit la voix qui avait hurlé, maintenant en sanglot. Ouvre tes beaux yeux et regarde-moi. Tu ne peux pas me laisser, Chloé, j’ai besoin de toi. Parce que… parce que je t’aime. S’il te plait, ne me laisse pas.

Ce fut les derniers mots que j’entendis avant de sombrer dans les ténèbres.

 

Chapitre 20


Je recouvris peu à peu mes sens, commençant par ouvrir les yeux et fis face à une lumière éblouissante. Je voulus mettre mes mains devant mon visage pour faire barrière, mais une douleur lancinante me prit, et je poussai un grognement.

  • Doucement, entendis-je à ma droite.

Je tournais la tête, et vis Will assis sur une chaise, tout près de moi. Je regardais aux alentours, afin de savoir où je me trouvais. Je n’étais pas à la maison dans la forêt, ça c’était certain. La pièce où je me tenais était d’une blancheur anormale. J’étais allongé sur un lit, relié à des machines aux bruits incessants. Et je ne vous parle pas de l’odeur.

J’essayais de me redresser, mais tout se que je parvins à faire, fut de faire resurgir le déchirement à ma poitrine.

  • Attends, fit Will, avant de m’aider et me mettre en position assise.

  • Merci, lui dis-je. Depuis combien de temps je suis à l’hôpital ?

  • A peu près une semaine. Tu en avais besoin. Tu as reçu une balle juste à côté du coeur. Tu as eu de la chance. Heureusement que le tireur n’était pas un expert.

  • Tu veux dire ma mère ? répliquai-je, me remémorant mes derniers souvenirs.

  • Euh… oui. Crois-moi, elle regrette énormément.

  • De quoi tu parles ? lui demandai-je, ne comprenant pas un mot de son charabia.

  • Ta mère et ta soeur, elles vont bien. Elles sont même… Comment dire ça ? Euh… guéries.

Voyant ma tête, Will continua son explication.

  • Est ce que tu te souviens de combien elles étaient proches de toi lorsque tu t’es fait tiré dessus ?

  • Lorsque ma mère m’a tiré dessus ? Oui, très bien, le corrigeai-je avec une pointe d’amertume.

  • Et bien, elles ont été éclaboussées par ton sang, beaucoup de sangs, et elles ont dû en ingurgité car après elles sont revenues à elle. On a fait des tests pour savoir si ça marchait vraiment, et ça marche Chloé, me raconta le jeune homme.

  • Attend ! lui dis-je, essayant de démêler tout ça. Tu veux dire que mon sang permet de réduire les effets du sérum ?

  • Pas que réduire, détruire même. On a pu soigner presque tout le monde ici avec ton sang. C’est incroyable, tu ne trouves pas ?

  • Si, si, mais je ne comprends pas. Pourquoi mon sang ? Qu’est ce que j’ai de si spécial ? demandai-je.

  • Les scientifiques disent que tu es immunisée contre le sérum. Tu as des anticorps dans ton sang qui se sont battus contre lui et qui a fait que tu lui a résisté. Et c’est grâce à ses anticorps que tu as pu guérir ta famille ainsi que la plupart des infectés.

  • Oh, d’accord, fis-je d’une petite voix, comprenant l’ampleur que cela pouvait avoir.

  • Je crois que malheureusement tu seras la seule à rester avec ses yeux là. Heureusement pour toi, j’adore cette couleur.

Je restai muette pendant un moment, prenant conscience de quelque chose.

  • Je t’ai entendue, tu sais. Quand tu m’as dit que tu m’aimais, lui avouai-je enfin.

  • Oh, ça, fit le jeune homme en rougissant.

  • Et, ajoutai-je, je voulais te dire que moi aussi, je t’aime. Je sais que je suis une vrai garce d’être partie sans un mot, et j’en suis vraiment désolée. J’ai pris la mauvaise décision. Et, je ne…

Je fus interrompue par un baiser fougueux. Will m’embrassa comme si sa vie en dépendait, comme si cela faisait une éternité qu’il ne m’avait pas vu. Et je lui rendis son étreinte aussi passionnément que le pouvait mon corps endolori. J’y mis tout mon amour pour lui, et je ressentis qu’il en était de même pour lui.

  • J’ai cru que je t’avais perdu quand je t’ai vu avec tout ce sang, admit-il. Je ne l’aurais pas supporté. (Il marqua un temps de pause). Et moi aussi, je me suis comporté comme un idiot avec toi, je n’aurais pas dû.

  • On n’a qu’à repartir de zéro, qu’en penses-tu ? On a tous les deux fait des erreurs, alors effaçons tout et recommençons. Surtout si tout ça, c’est fini, lui proposai-je.

  • Avec plaisir, sourit le jeune homme.

  • Au fait, comment tu as fait pour nous retrouver, Rachel et moi ? le questionnai-je.

  • Ce n’était pas dur de deviner où tu allais. On a aussi remarqué que t’avais piqué des rations pour toi et Neige. Et avant que tu ne demandes, il va bien. On l’a retrouvé après le combat, pas très loin, dans la forêt. Pour revenir au sujet, on a organisé un plan d’attaque. Max avait les esquisses de la base, et avec les connaissances que je tenais de mon père, on n’a pu facilement infiltré le bâtiment et vous trouver. Max a du répliquer un ancien badge de visiteur que j’avais gardé. On a pris plusieurs fusils et voilà.

  • Et ton père ? fis-je d’une petite voix.

  • Il est mort. Il faut que tu comprennes que c’était une ordure de première. Il ne m’a jamais aimé. Je pense qu’il me rend responsable de la mort de ma mère. Elle est morte en me donnant naissance. Et il l’aimait de tout son coeur. Ça l’a rendu aigri. Il s’est mis à 100% dans son travail, à monter les grades et est devenu chef d’un escadron militaire. Il voulait que je sois militaire aussi. Un bon petit soldat qui suit les ordres. C’est comme ça que j’ai appris l’existence du sérum et de ses effets. Dès lors que j’ai compris ce que ça faisait, je me suis enfui.

  • Oh mon dieu, Will. Je suis désolé.

Je le pris dans mes bras, l’horreur de ce qu’il avait vécu se répercutant dans mon coeur. Il n’aurait jamais dû vivre tout ça. La vie était parfois injuste et touchait les meilleurs d’entre nous.

Nous restâmes à nous parler pendant un long moment. Il me donna des nouvelles de Rachel ainsi que de Laura, Liam et Max. Ils étaient retournés à la maison dans la forêt avec Neige, attendant que tout le monde soit guéri avant de tenter de retrouver leur famille.

La mienne vint me voir, un jour plus tard, afin de prendre de mes nouvelles. Je pus serrer ma soeur dans mes bras et lui raconter toute mon histoire. Ma mère était là aussi, mais se tenait à l’écart. Je voyais le regret dans ses yeux.

  • Je suis vraiment désolée ma puce. Je ne sais pas ce qui m’a pris, fit ma mère, les larmes dévalant ses yeux.

  • Maman, tu n’étais pas toi-même. Comment je pourrais t’en vouloir ? Et puis, tout ça, c’est derrière nous. On doit aller de l’avant maintenant.

  • Je t’aime, Chloé, répondit ma mère.

  • Moi aussi, maman.

Nous passâmes un bon moment, à parler de tout et de rien, redevenant une famille comme avant que cette guerre commence. Malheureusement, le moment passa vite. Trop vite. Et elles partirent pour retourner dans notre village de Léther, afin de reprendre une vie un tant soit peu normale. Ma mère avait besoin de temps pour se refaire confiance, et ma soeur était la seule personne qui pouvait l’aider. Je ne me faisais pas de soucis. Je savais que j’allais les revoir très bientôt, à Léther ou dans la maison de la forêt.

Je pus sortir de l’hôpital le surlendemain. Will m’attendait dans sa voiture, et nous partîmes, direction les bois. C’était notre maison désormais, avec Rachel, Laura, Liam et Max. Ils réussirent à retrouver leur famille, cela prit du temps mais ils y étaient tous parvenus. Le monde commençait à retrouver ses bases, et à revivre comme avant. Je donnais de mon sang à peu près toutes les semaines afin de guérir un maximum de personnes infectées.

La vie reprit peu à peu ses habitudes. Et pour nous, elles étaient composés de moments de pures bonheurs. Je pouvais compter sur mes amis pour remplir mon coeur de joie, ainsi que ma famille qui me rendait souvent visite. Ma mère commençait enfin à se pardonner son geste, comprenant que le sérum ne la désignait pas.

Le monde avait beaucoup changé, tout comme nous. Et pour le meilleur. J’étais enfin heureuse, après tout ce temps. Et je le devais à Will. Il m’avait fait grandir, m’avait rendu plus forte, et j’étais fière d’être si éperdument amoureuse de lui. Pour fêter ça, je rejoignis mes amis autour d’un immense feu de camps, à faire griller des marshmallows dans les bras du jeune homme blond. Ce jour-là, je me fis une promesse, celle de vivre le plus pleinement possible, afin d’oublier cette période où nous étions devenus rien d’autres que des personnes mettant leur vie en suspens pour faire face à une guerre, où nous n’étions rien d’autres que des survivants.


THE END.



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